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Les investissements intra-Quad demeurent marginaux

Les pays du Quad, dont les économies ne sont pas complémentaires, maintiennent de nombreuses barrières non tarifaires qui font obstacle au commerce.

Les investissements intra-Quad demeurent marginaux
En dépit des efforts déployés, le volume des transactions entre les quatre pays signataires de l'accord (Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie) n'est, toujours, pas à la hauteur des aspirations.

Signé en février 2004 et entré en vigueur en mars 2007, l'Accord d'Agadir, qui vise l'accélération du processus d'intégration Sud-Sud à travers l'élimination de l'essentiel des barrières tarifaires et non tarifaires sur le commerce, avance lentement. En dépit des efforts déployés, le volume des transactions entre les quatre pays signataires de l'accord (Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie) n'est toujours pas à la hauteur des aspirations. Le taux d'échange au sein de la zone Quad est, en effet, l'un des plus faibles au monde et les investissements intra-Quad demeurent marginaux.

Les quatre pays sont souvent en concurrence directe pour attirer les investissements venus d'Europe et du Golfe. Certes, l'accord est encore jeune, il n'en demeure pas moins que les bonnes conditions sont à réunir pour surmonter les obstacles et harmoniser les normes pour l'aboutissement du projet d'un marché commun arabe dans la perspective des échéances 2012 relatives à la création d'une ZLE euro-méditerranéenne. Aujourd'hui, les pays du Quad, dont les économies ne sont pas complémentaires, maintiennent de nombreuses barrières non tarifaires qui font obstacle au commerce. Les restrictions à l'importation, à l'accès au marché des services, certains droits de douane élevés, l'absence de transparence des mesures sanitaires et phytosanitaires, la bureaucratie, les incohérences des règlements et la faible application des droits de propriété intellectuelle alourdissent le coût des échanges.

Une situation que l'Unité technique de l'Accord d'Agadir, en tant que secrétariat général de cet accord, tente d'améliorer en multipliant les occasions et les opportunités de rencontres et de dialogues aussi bien entre les pays du Quad, qu'entre ceux-ci et l'Union européenne. En témoignent les efforts déployés par cet organe dans le textile-habillement. Un plan d'actions a été, d'ailleurs, lancé pour la compétitivité et la promotion de ce secteur. Des initiatives avaient déjà été prises, avec le soutien de la Commission européenne et des quatre pays signataires de l'accord, comme la mise en place d'une banque de données fournisseurs-distributeurs ou la création d'une association professionnelle « Agadir » pour permettre une coordination de position commune.

«Au niveau du plan d'action, nous ne pouvons qu'être optimistes parce que depuis la fin de l'étude que nous avons menée pour ce secteur, nous avons déjà participé à plusieurs salons au niveau des pays qui ont signe l'Accord d'Agadir. C'est un exercice important qu'on est en train de réussir et de faire entrer dans les traditions de ces quatre pays », a souligné Ferid Tounssi, président de l'Unité technique de l'Accord d'Agadir (voir Eco Plus n°4). Pour 2010, l'agenda est bien rempli. «Nous allons continuer notre plan, il y a lieu de noter à ce titre les idées de création d'un institut de mode des pays d'Agadir et le lancement du tissu intelligent. En plus de cette possibilité d'aller plus vers le sourcing. Tout cela va dans le bon sens afin d'augmenter le volume des exportations des pays signataires de l'Accord d'Agadir et d'attirer les investissements européens », a t-il poursuivi.

Outre le textile-habillement, d'autres secteurs sont dans la visée de l'Unité technique qui après avoir démarré avec trois principaux axes dont les études, la formation-training et la promotion, elle s'attaque à une quatrième dimension liée au volet technique ayant trait à la propriété intellectuelle, les services et les barrières non douanières. L'arbitrage, quant à lui, est attendu pour bientôt. A côté des services, le transport et l'automobile figurent sur la liste des secteurs à développer . Pour le transport, une étude est déjà menée sur un réseau transport dans le cadre de la zone Agadir avec l'Union européenne. Il est question d'essayer de déceler à la fois les faiblesses et les points forts afin d'améliorer la situation actuelle. Cette étude va permettre, en effet, de décliner des propositions en matière d'amélioration des infrastructures à faire financer par l'Union européenne en tant qu'investisseur. Pour l'automobile aussi, une étude est en cours de réalisation comme celle déjà élaborée pour le textile. Le Maroc regorge de potentialités en la matière surtout avec le projet Renault à Tanger.

L'objectif étant de permettre l'exploitation des opportunités et peut-être permettre des interdépendances pour que ce projet ait une pérennité pouvant s'inscrire dans une logique régionale. Déjà, la Logan marocaine a pu décrocher son ticket pour l'Egypte. Seulement, un point important est à souligner, la relance du processus d'Agadir n'est pas uniquement le fait de la seule Unité technique qui a pour principal rôle de suggérer et fournir une assistance au départ.

Il appartient au secteur privé des quatre pays de se prendre en charge pour favoriser la construction d'une zone de libre-échange. Chacun doit assumer les responsabilités qui lui incombent.
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Questions à Hervé de Charrette, Président de la Chambre de commerce franco-arabe et ancien ministre français des Affaires étrangères.

«Les opérations multilatérales en Méditerranée sont le secret de l'avenir»

ÉCO PLUS : Le processus d'Agadir avance t-il bien à votre avis ?

Hervé de Charrette : L'Accord d'Agadir, qui réunit quatre pays du Sud de la Méditerranée, a été signé il y a quelques années. Il a pour objet de créer entre ceux-ci une zone de libre-échange où les marchandises peuvent s'échanger facilement et où les investissements sont également susceptibles de se développer de façon partenariale. En fait, les résultats sont très positifs du moment où les quatre pays ont la capacité de faire mieux entendre leurs voix dans le cadre du dialogue avec l'Union européenne. C'est le cas notamment de ce qui se fait dans le textile-habillement. Les opérateurs de ce secteur ont parvenu lors du forum organisé par l'Unité technique de l'''accord quadra'' en partenariat avec l'Union européenne, et ce en marge du Salon international Interselection, d'exprimer leurs attentes. Pour dire qu'il y a de la valeur ajoutée notamment dans le cadre des négociations entre les Européens et les pays signataires de l'Accord d'Agadir.

A votre avis, qu'est-ce qui pourrait garantir l'aboutissement des objectifs de l'Accord d'Agadir ?

L'économie et la politique vont de pair. Il faut avoir de bonnes relations économiques pour asseoir de bonnes relations politiques et vice versa ces dernières facilitent le développement des échanges commerciaux. Heureusement, les rapports entre les quatre pays signataires de l'Accord d'Agadir sont déjà bons. Ils ont des profils similaires. Je tiens à signaler qu'il n'y a rien de plus utile que de partager savoir-faire et expériences. Les pays de l'''accord quadra'' ont beaucoup à gagner en réalisant des investissements en commun. Il y a un grand intérêt à ce que les activités qui se développent ne soient pas uniquement le fait des Européens qui investissent en Égypte, en Tunisie ou au Maroc. Mais l'impact est plus important lorsque ce sont par exemple des Tunisiens et des Marocains qui lancent des projets en commun, y compris avec les Européens. C'est très important. Les opérations multilatérales en Méditerranée sont le secret de l'avenir.
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