Ayant anticipé ces développements, les professionnels marocains ont constitué des stocks de sécurité afin d'assurer la disponibilité en engrais dès le redémarrage de l'épandage.
Après la pluie, deux bonnes nouvelles pour les agriculteurs au Maroc. Les prix des engrais ont baissé de moitié et l'approvisionnement sera assuré et garanti sans aucun problème durant le reste de la campagne en cours. «Si on a pris du retard, c'est parce que les terrains sont impraticables», tient à préciser Driss Kandil, président de l'Association professionnelle des négociants importateurs et des fabricants d'engrais au Maroc (ANIFE). Selon lui, après la pause forcée du mois de janvier, les ventes vont s'accélérer dès la semaine prochaine. Le marché des fertilisants doit naturellement reprendre son souffle, surtout avec la nouvelle grille tarifaire révisée significativement à la baisse, au point d'imposer à certains importateurs de vendre à perte leurs stocks au lieu de perdre leurs clients. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la baisse des prix n'est pas liée au jeu de l'offre et de la demande à l'échelle nationale; elle reflète plutôt une situation déterminée sur les marchés internationaux (les principaux producteurs se concentrent en Europe de l'Est: Russie, Ukraine, Roumanie et Pologne). Le marché de l'importation est certes libre mais gare à ceux qui anticipent mal l'évolution des courbes des prix. Ce sont ceux là mêmes qui paient aujourd'hui les conséquences de la crise internationale.
«Si les conditions climatiques sont favorables, l'environnement économique a été instable», souligne-t-on du côté de l'ANIFE. Il se trouve qu'à partir du mois de novembre, les stocks des opérateurs étaient à leurs niveaux les plus élevés. Ils n'avaient pas le choix. La campagne agricole venait juste de commencer et il a fallu que la profession soit prête à livrer les premières commandes. Entre-temps, la crise internationale a accentué l'effondrement des cours qui, lors de la constitution des stocks, se situaient presque à leur pic historique. Des hausses et des baisses aussi brutales en si peu de temps, du jamais vu ! L'abondante pluie tombée cet hiver est venue compléter le décor de cet exercice difficile auquel se livrent les professionnels. Les fortes précipitations ont rendu difficile l'accès aux cultures provoquant ainsi un ralentissement de la chaîne de distribution. Une baisse de rythme qui n'a pas empêché le marché d'écouler 485 mille tonnes dont 209 mille t d'engrais dits de couvertures (azotés et potassés contrairement aux engrais de fond fabriqués et commercialisés par l'OCP). «Dès le redémarrage de l'épandage, nous allons assister à une accélération des ventes des engrais azotés suite à l'intensification des opérations d'entretien des cultures en place. Nous espérons atteindre 900 mille tonnes cette année», prévoit le président de l'ANIFE.
Il est à rappeler à ce titre que la consommation d'engrais stagne depuis plusieurs années autour de 850 mille tonnes, alors que les besoins réels sont estimés à 2,5 millions de tonnes selon les projections de la FAO. Seules 51,4% des exploitations agricoles recourent à la fertilisation. Pourtant, la science a bien montré que le chemin qui mène vers une croissance soutenable du rendement agricole passe par l'adoption des techniques d'une fertilisation raisonnée. En effet, dans les pays en voie de développement à économie de marché, la consommation des engrais entraîne une augmentation de plus de 55% des rendements céréaliers. Si la consommation au Maroc est de 45 unités fertilisantes par hectare, ce chiffre ne représente pas plus de 45% de la consommation en Espagne, 25% en Italie et 14% en France.
C'est dire que le potentiel de développement des engrais est encore énorme. Pourquoi ne dépasse-t-on pas la barre du premier million de tonnes? Les professionnels semblent avoir déjà détecté l'une des principales raisons de ce retard, celle liée à la qualité de la ressource humaine habilitée à accompagner les agriculteurs dans leurs choix. «Le recrutement des agronomes se fait de plus en plus pressant, même auprès des revendeurs», signale D. Kandil. D'autant plus que les ambitions du Plan Maroc vert placent la barre encore plus haut en appelant à repenser la fertilisation, notamment en remplaçant ses méthodes classiques par les nouvelles techniques de fertigation. Un chantier énorme est ouvert. Il y va de l'autosuffisance alimentaire du pays.
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Il était temps de doter la profession d'un cadre institutionnel capable de rehausser le niveau et la qualité des relations vis-à-vis des animateurs de la scène agricole au Maroc. Car depuis l'ère des groupements d'achat des engrais, laquelle remonte aux années 70, le désordre était le mot d'ordre. Une liberté de marché couverte d'anarchie. L'ANIFE marque ainsi une rupture avec les pratiques du passé. «J'ai vécu tous les systèmes. Je peux vous dire que nous sommes aujourd'hui suffisamment matures pour rétablir la confiance», rassure D. Kandil.
Après la pluie, deux bonnes nouvelles pour les agriculteurs au Maroc. Les prix des engrais ont baissé de moitié et l'approvisionnement sera assuré et garanti sans aucun problème durant le reste de la campagne en cours. «Si on a pris du retard, c'est parce que les terrains sont impraticables», tient à préciser Driss Kandil, président de l'Association professionnelle des négociants importateurs et des fabricants d'engrais au Maroc (ANIFE). Selon lui, après la pause forcée du mois de janvier, les ventes vont s'accélérer dès la semaine prochaine. Le marché des fertilisants doit naturellement reprendre son souffle, surtout avec la nouvelle grille tarifaire révisée significativement à la baisse, au point d'imposer à certains importateurs de vendre à perte leurs stocks au lieu de perdre leurs clients. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la baisse des prix n'est pas liée au jeu de l'offre et de la demande à l'échelle nationale; elle reflète plutôt une situation déterminée sur les marchés internationaux (les principaux producteurs se concentrent en Europe de l'Est: Russie, Ukraine, Roumanie et Pologne). Le marché de l'importation est certes libre mais gare à ceux qui anticipent mal l'évolution des courbes des prix. Ce sont ceux là mêmes qui paient aujourd'hui les conséquences de la crise internationale.
«Si les conditions climatiques sont favorables, l'environnement économique a été instable», souligne-t-on du côté de l'ANIFE. Il se trouve qu'à partir du mois de novembre, les stocks des opérateurs étaient à leurs niveaux les plus élevés. Ils n'avaient pas le choix. La campagne agricole venait juste de commencer et il a fallu que la profession soit prête à livrer les premières commandes. Entre-temps, la crise internationale a accentué l'effondrement des cours qui, lors de la constitution des stocks, se situaient presque à leur pic historique. Des hausses et des baisses aussi brutales en si peu de temps, du jamais vu ! L'abondante pluie tombée cet hiver est venue compléter le décor de cet exercice difficile auquel se livrent les professionnels. Les fortes précipitations ont rendu difficile l'accès aux cultures provoquant ainsi un ralentissement de la chaîne de distribution. Une baisse de rythme qui n'a pas empêché le marché d'écouler 485 mille tonnes dont 209 mille t d'engrais dits de couvertures (azotés et potassés contrairement aux engrais de fond fabriqués et commercialisés par l'OCP). «Dès le redémarrage de l'épandage, nous allons assister à une accélération des ventes des engrais azotés suite à l'intensification des opérations d'entretien des cultures en place. Nous espérons atteindre 900 mille tonnes cette année», prévoit le président de l'ANIFE.
Il est à rappeler à ce titre que la consommation d'engrais stagne depuis plusieurs années autour de 850 mille tonnes, alors que les besoins réels sont estimés à 2,5 millions de tonnes selon les projections de la FAO. Seules 51,4% des exploitations agricoles recourent à la fertilisation. Pourtant, la science a bien montré que le chemin qui mène vers une croissance soutenable du rendement agricole passe par l'adoption des techniques d'une fertilisation raisonnée. En effet, dans les pays en voie de développement à économie de marché, la consommation des engrais entraîne une augmentation de plus de 55% des rendements céréaliers. Si la consommation au Maroc est de 45 unités fertilisantes par hectare, ce chiffre ne représente pas plus de 45% de la consommation en Espagne, 25% en Italie et 14% en France.
C'est dire que le potentiel de développement des engrais est encore énorme. Pourquoi ne dépasse-t-on pas la barre du premier million de tonnes? Les professionnels semblent avoir déjà détecté l'une des principales raisons de ce retard, celle liée à la qualité de la ressource humaine habilitée à accompagner les agriculteurs dans leurs choix. «Le recrutement des agronomes se fait de plus en plus pressant, même auprès des revendeurs», signale D. Kandil. D'autant plus que les ambitions du Plan Maroc vert placent la barre encore plus haut en appelant à repenser la fertilisation, notamment en remplaçant ses méthodes classiques par les nouvelles techniques de fertigation. Un chantier énorme est ouvert. Il y va de l'autosuffisance alimentaire du pays.
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Enfin une association…
A combien estime-t-on le chiffre d'affaires du secteur des engrais et des fertilisants au Maroc ? Les professionnels n'osent pas avancer des chiffres, même à titre approximatif. Le cadre associatif de l'ANIFE, nouvellement ressuscité, aura le mérite de mesurer à juste titre le poids de ce secteur hautement stratégique pour l'agriculture du pays. L'ANIFE regroupe aujourd'hui une dizaine d'entreprise (Agri Trade Maroc, Charaf Corporation, Fertima, Oueld Asbita, Promagri, SCPC, Sapel, Timac Agro et Toutagri). Ses membres revendiquent 90% des parts de marché et rien n'empêche le reste de rejoindre l'association. Il suffit de répondre aux conditions relatives à l'éligibilité, notamment celle d'avoir exercé le métier de négociateur-importateur et/ou fabricant d'engrais pendant au moins deux ans. L'ANIFE s'est fixé deux objectifs précis. D'une part, l'amélioration de la productivité agricole via une fertilisation raisonnée, dans le cadre du Plan vert. D'autre part, le fait de devoir assurer l'approvisionnement en engrais sur l'ensemble du territoire, en concertation avec le ministère de l'Agriculture et l'Office chérifien des phosphates.Il était temps de doter la profession d'un cadre institutionnel capable de rehausser le niveau et la qualité des relations vis-à-vis des animateurs de la scène agricole au Maroc. Car depuis l'ère des groupements d'achat des engrais, laquelle remonte aux années 70, le désordre était le mot d'ordre. Une liberté de marché couverte d'anarchie. L'ANIFE marque ainsi une rupture avec les pratiques du passé. «J'ai vécu tous les systèmes. Je peux vous dire que nous sommes aujourd'hui suffisamment matures pour rétablir la confiance», rassure D. Kandil.