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Accueil next Manque d'offres structurées et sérieuses

Les trois constats qui interpellent

La direction du Trésor rassure. Il existe autant de marges budgétaires, à la disposition du gouvernement, qui permettent de soutenir les secteurs exposés à la crise.

Les trois constats qui interpellent
Néanmoins, la vigilance s'impose quant aux dérapages qui risquent de fausser les hypothèses de la Loi de finances en cours. Trois axes budgétaires interpellent à ce titre.

L'équilibre du budget
Pour la deuxième année consécutive, les recettes dépassent les dépenses. Le gouvernement a pu économiser 0,4 % du budget programmé par l'ancienne Loi de finances, soit l'équivalent de 2,7 milliards de DH. Cet excédent budgétaire est certes modeste, mais suscite la curiosité des opposants du choix fondamental de la macro-économie marocaine, celui de la maîtrise des équilibres. En absolu, un excédent budgétaire est un signe de bonne gestion du train de vie de l'Etat. Faut-il pour autant s'en féliciter ? Ne fallait-il pas réallouer les montants économisés vers des secteurs ou des populations qui en expriment le besoin ? Que ce soit dans la santé, l'éducation, l'énergie ou encore l'habitat, le taux de pénétration du service public est loin d'atteindre le niveau maximal 100%. Se pose la question de savoir qui empêche le gouvernement de consommer au moins le déficit autorisé par le Parlement. Réagissant à chaud sur ce sujet, Zouheir Chorfi met le doigt sur deux problèmes rarement évoqués et qui interpellent les décideurs de la politique économique. « Voulez-vous qu'on construit davantage d'aéroports alors qu'on en a déjà 15. A mon avis, on doit se pencher sur la problématique du manque de cohérence dans la stratégie nationale de l'investissement public», souligne-t-il. Le deuxième problème est lié à la capacité d'absorption des dépenses engagées par certains départements ministériels, particulièrement l'enseignement et la santé. « Au niveau de la santé, le taux d'exécution de la dépense budgétaire n'a jamais dépassé 60% », ajoute Chorfi. A quoi bon sert alors le creusement du déficit?

La balance va mal
« Nous sommes une économie en croissance », c'est un argument de taille, logique, par ailleurs, avancée souvent par les officiels à chaque fois qu'on leur demande d'expliquer les origines de l'aggravation du taux de couverture de notre balance commerciale. C'est normal pour une économie qui cherche à déconnecter son PIB vis-à-vis de l'aléa climatique, il n'existe pas plus que deux choix possible : l'industrie et les services. L'import massif, ces dernières années, des biens d'équipement (15 milliards de plus en 2008) conforte cette logique d'industrialisation. Mais lorsqu'un indicateur aussi important, les avoirs extérieurs nets (exprimés en devises), en l'occurrence, se montre presque fidèle au trend de la baisse jusqu'à ne pouvoir servir qu'au financement de l'équivalent de six mois d'importations, contre plus de dix mois il y a quelques années, l'on est en droit de savoir jusqu'où ira cette baisse. Le directeur du Trésor rassure à ce titre : « Il ne faut pas noircir le tableau. Le ratio va s'améliorer en 2009 sous l'effet de la baisse de la facture des importations ». Par contre, selon lui, « le problème de la soutenabilité de la balance des paiements est posée d'une manière sérieuse. Et pour cause, après six ans d'excédent, le solde courant de cette balance devient négatif. Le déficit se chiffre à presque 5% du PIB en 2008. Ensemble, les transferts des MRE et les recettes touristiques n'arrivent plus à financer le déficit de la balance commerciale. La réflexion est désormais ouverte.

La dette s'allège !
Lorsque le Maroc se désendette, celui qui en bénéficie le plus, ce sont les générations futures. Les chiffres de 2008 marquent une rupture par rapport à un cycle dominé par une fameuse critique : souvent, on se pose la question de savoir à quoi sert de baisser l'endettement extérieur si, en contrepartie, on accentue l'endettement intérieur. C'est le scénario contraire qui s'est produit en 2008. Une légère augmentation de la dette extérieure côtoie une forte baisse de la dette intérieure. L'un des acquis de la gestion budgétaire en 2008, c'est de pouvoir réduire significativement le poids de la dette, d'une manière générale, peu importe sa provenance. Rapporté au PIB, l'encours de la dette publique (257 milliards de DH), est passé de 62 à 48% entre 2005 et 2008. Une performance salutaire d'autant plus qu'elle s'est faite sans tomber dans le piège de l'effet d'éviction, lequel concerne uniquement l'endettement intérieur. La part de la dette d'origine bancaire est limitée à 27% contre 43% en 1998. L'essentiel du portefeuille de l'Etat est animé auprès des OPCVM. « Le Trésor ne gêne pas les acteurs économiques », se félicite Z. Chorfi. C'est cette même logique qui guide le comportement récent du Trésor sur le marché des adjudications. Durant les deux dernières années, le Trésor s'est distingué par son absence sur le marché des maturités longues, dont le coût de financement impacte, à la hausse comme à la baisse, les taux variables des crédits bancaires, principalement dans le segment de l'immobilier. « Le Trésor s'endette pour financer le déficit et non pas pour soutenir le marché. Nous ne voulons pas être taxés d'être à l'origine d'une hausse des taux d'intérêt », explique Chorfi en réponse à une question d'un intermédiaire en valeurs du Trésor.
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Peut-on raisonner dans l'incertitude ?

La saison agricole en cours sera-t-elle bonne ou excellente ? Le jour où l'on saura la réponse, on saura laquelle des deux estimations, celle du HCP ou celle du ministère des Finances, est proche de la réalité. Les équipes de A. Lahlimi prévoient à 22% le taux de croissance du PIB agricole en 2009. Le gouvernement, lui, pense que le même indicateur va croître de seulement 6%. Un décalage énorme qui témoigne d'une véritable différence d'appréciation. Cela dit, il ne faut pas traiter ce sujet sous l'angle d'une quelconque confrontation. « Il n'y a pas lieu de polluer le débat par des choses inutiles », avertit le directeur du Trésor.

De son côté, la croissance du PIB non agricole paraît jusqu'à ce jour incertaine face à un contexte de crise internationale marqué par une mise à jour permanente des projections mondiales. « Le Maroc ne sera certainement pas épargné, particulièrement dans les secteurs exposés à la demande externe. Mais jusqu'à ce jour, nous ne disposons pas de données objectives sur l'impact de la crise », affirme Z. Chorfi. Selon lui, les premières données seront dévoilées au lendemain du 31 mars prochain, date limite de versement des premiers acomptes d'impôt sur les sociétés. L'actualisation des objectifs budgétaires de l'exercice 2009 devient désormais indispensable.
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