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«Comment maîtriser la technique de titrisation pour la faire redémarrer ?»

Entretien. Avec Hicham Karzazi, DG de Maghreb Titrisation.

«Comment maîtriser la technique de titrisation pour la faire redémarrer ?»
Une rencontre sur la titrisation a été initiée jeudi à Casablanca par le CDG, Maghreb Titrisation et le CIH. Axée sur le thème «Enjeux et perspectives», cette réunion aura permis de donner de plus amples éclairages sur ce mécanisme qualifié de « fondamental » à la croissance économique. Permettant de conforter la capacité de financement des opérateurs économiques, de diluer les risques financiers dans le marché en les dispersant sur une base plus large d'investisseurs, cet instrument a le mérite de mieux valoriser les actifs. Désormais, la titrisation est d'une grande valeur ajoutée quand elle répond à des objectifs économiques à l'avantage du cédant et de l'investisseur. Pour Hicham Karzazi, DG de Maghreb Titrisation, la titrisation reste un mécanisme extrêmement efficace en matière de financement et stimulation de l'économie. Et toute économie qui a l'ambition d'attraction de l'investissement, de création d'entreprises, de création de l'emploi, de dynamisation de la consommation et de la croissance ne peut et ne doit pas faire l'économie d'un tel mécanisme, car le coût d'opportunité serait simplement gigantesque.

LE MATIN ÉCO : Qu'elle était l'opportunité de tenir une conférence sur la titrisation qui, il y a quelques semaines, était mise à l'index et accusée de tous les maux et notamment d'avoir précipité la crise financière mondiale?

HICHAM KARZAZI :
Cette conférence vient à point nommé non seulement parce qu'elle coïncide avec la sortie du nouveau texte, celui de la promulgation de la loi 33-06 relative à la titrisation des créances mais aussi parce qu'aujourd'hui plus que jamais, la titrisation constitue un véritable sujet d'actualité qui suscite beaucoup d'intérêts. La titrisation a, certes, traversé une période de remise en question qui, peut-être, était nécessaire car elle a au moins permis après 40 ans de bons et loyaux services de poser certaines questions et apporter certaines réponses. Et ce qu'on constate à présent, c'est que la titrisation est en train de reprendre du poil de la bête doucement mais sûrement et encore une fois, on compte sur elle pour jouer les premiers rôles en matière de relance économique. En tout cas, c'est ce qui ressort de certaines déclarations comme celle du Président français qui a récemment dit «qu'il fallait absolument la faire repartir» et c'est ce qui ressort également de certains programmes économiques et non des moindres, comme celui de l'Administration Obama (NY Times) qui vient de miser 1.000 milliards de dollars au mois de mars pour encourager et relancer la titrisation. A une époque où le marché du crédit est essoufflé alors que les besoins de financement de la consommation, l'accès à la propriété, les PME-PMI, les infrastructures, etc. n'ont jamais été aussi importants, des mécanismes de marché comme la titrisation se révèlent être des plus intéressants .

Comment expliquez-vous ce changement de perception ?

C'est, en effet, un remarquable retournement de situation car il y a juste quelques mois, la quête de ou des origines de la crise économique mondiale a eu pour conséquence de jeter précipitamment le doute sur les bienfaits de la titrisation en occultant ce qui s'est avéré, par la suite, constituer les vraies raisons : le surendettement des ménages, la bulle immobilière, les critères laxistes d'octroi de crédit, des modèles de rating inadaptés à la réalité… La titrisation fait désormais partie de la solution et non du problème et des experts financiers de grande pointure l'ont souligné. Elle peut constituer un facteur majeur et essentiel au bon fonctionnement des marchés de crédit. Et comme on le sait tous, un marché de crédit qui fonctionne bien et qui permet d'optimiser l'allocation des ressources, est une condition nécessaire et indispensable pour qu'une économie se porte bien.
Par rapport à cela, la titrisation apporte plusieurs avantages aux opérateurs économiques dans de nombreux secteurs; elle leur permet d'augmenter substantiellement leurs capacités de financement, de mieux gérer les risques financiers liés à leurs activités et de lever des ressources à long terme à des conditions relativement moins coûteuses que les instruments classiques qu'on connaît.
Pour les établissements de crédit, par exemple, qui disposent de ressources de moins en mois abondantes qui les exposent au risque de transformation et de quantités de fonds propres très limitées et très coûteuses, la titrisation leur permet d'augmenter substantiellement leurs capacités d'octroi de crédit dans l'absolu et par client sans avoir à augmenter le niveau de fonds propres et tout en améliorant la gestion des ''gaps de duration entre actif et passif''.
Pour l'entreprise publique ou privée, la titrisation lui permet d'avoir des ressources supplémentaires à des conditions plus intéressantes.
Car en ayant recours à la titrisation, cette entreprise se finance non pas contre son bilan qui contient plusieurs risques financiers sur plusieurs actifs ainsi que d'autres risques difficilement quantifiables (risques opérationnel, de management, de faillite) qui alourdissent la prime de risque. Alors que quand cette entreprise se finance par le biais de la titrisation, elle le fait contre un actif ayant une meilleure qualité que son total bilan. La propriété de cet actif est transférée pendant la durée du financement à une entité indépendante qui le protège contre les risques opérationnels, de management et de faillite de l'entreprise ainsi que contre ses créanciers actuels et futurs. Par conséquent, les investisseurs qui souscrivent aux titres émis par cet entité sont moins exposés que s'ils avaient souscrit aux titres de l'entreprise et cela a pour effet de réduire la prime de risque et donc le coût de financement liés à la titrisation.

Réduire donc la prime de risque et le coût de financement. Au-delà de ces raisons, quelles sont les autres raisons qui ont poussé à la modification du cadre juridique?

En résumé, la titrisation reste un mécanisme extrêmement efficace en matière de financement et de stimulation de l'économie. Et toute économie qui a l'ambition d'attraction de l'investissement, de création d'entreprises, de l'emploi, de dynamisation de la consommation et de la croissance ne peut et ne doit pas faire l'économie d'un tel mécanisme, car le coût d'opportunité serait simplement gigantesque.
C'est pour cette raison qu'il a été opportun de modifier le cadre juridique relatif à la titrisation au Maroc, pour l'adapter aux réalités économiques du pays et le mettre au diapason des besoins du marché financier et dans une moindre mesure rattraper le retard sur nos voisins tunisiens qui, paradoxalement, font appel à nos compétences pour la structuration et la gestion de leurs opérations de titrisation. Ceci dit, le but de cette conférence a été de présenter le bilan de la titrisation au Maroc ainsi que les perspectives aux niveaux national et international et surtout de faire la lumière sur les principales dispositions de la nouvelle loi, notamment les applications qu'on peut on faire, les nouvelles règles de fonctionnement des FPCT, le nouveau rôle du CDVM etc. D'autres sujets connexes ont également été abordés...
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