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Les 4 ingrédients d'un géant en marche

Ce samedi 27 juin à Mumbai, un jet privé attend une douzaine de journalistes du monde arabe, dont le Maroc, pour une heure de vol à destination de la ville de Gujarat, sur la côte ouest, où se trouve la plus grande raffinerie du monde sur le site de Jamnagar.

Les 4 ingrédients d'un géant en marche
Ce complexe fait partie des innombrables fiertés du groupe privé Reliance Industries ltd appartenant à l'homme le plus riche du monde, Mukesh Ambani, dont la fortune est estimée à plus de 65 milliards de dollars.

Depuis quelques années, il est la coqueluche de la presse indienne qui suit pas à pas ses conquêtes et son incontestable goût pour la grandeur. Le big size n'est plus l'apanage des Etats-Unis comme l'a si bien dit Fareed Zakaria dans son dernier livre «The post-american world». Ce journaliste réputé du Newsweek magazine s'est fait un point d'honneur d'énumérer les secteurs où d'autres pays ont détrôné l'USA. Pour l'Inde, il en a cité la raffinerie Reliance et Bollywood qui a supplanté Hollywood dans l'industrie du cinéma que ce soit au niveau du nombre des films réalisés ou encore de celui des tickets vendus.

Lancée en novembre 1996, sous le regard dubitatif du monde entier, la raffinerie de Jamnagar sera entièrement construite en trois ans seulement et à la moitié du coût avec en sus la mobilisation de 150.000 personnes. Un record, puisqu'une raffinerie de moindre envergure nécessite une dizaine d'années pour être opérationnelle. Arrivés sur place, les responsables de ce géant asiatique nous expliqueront qu'une deuxième raffinerie sera mise en service dans peu de temps. Elle sera entièrement tournée vers l'export et bénéficiera d'un système intégré de gestion de ses différentes composantes. Le responsable du complexe, J.K Kapil, a souligné que malgré la crise financière mondiale, le fleuron du groupe maintiendra son ambition de rester sur la première marche du podium avec 1,5% de la capacité mondiale et 24% de la production en Inde. Il nous a confié que le chiffre d'affaires de la raffinerie en 2008 était de 29,7 milliards de dollars avec un bénéfice net de 3,1 milliards de dollars, grâce à un coût de production de 30% moindre en comparaison avec d'autres raffineries similaires. Ce n'est pas pour rien que le site de Jamnagar ait été classé raffinerie de l'année en 2004. Aujourd'hui, cette zone qui, avant 1996, était désertique et inhabitée est devenue une vraie ville grâce à l'effet d'entraînement de la raffinerie. Cette dernière constitue une sorte de micro-société où 5000 familles d'ingénieurs, techniciens et travailleurs vivent en communauté, dotés de toutes les facilités en terme d'habitat, d'études et de loisirs. Une immense plantation de mangue et d'autres fruits exotiques représente une activité à part entière exportant vers des pays de l'UE.

Le Maroc, stratégique pour Tata
L'entreprenariat est un mode de pensée et d'existence de l'Homme indien. Les plus grandes success stories dans ce continent de l'Asie du sud sont menées par des hommes et des femmes qui ont cru dur comme fer en leurs capacités intrinsèques et à un système démocratique propice à l'émulation. Tata, firme multinationale indienne, est à l'origine une aciérie fondée par Jamsetji Tata alors que l'Inde était encore une colonie britannique.

Grâce à des prises de participation dans le secteur aérien, automobile, informatique, touristique et jusqu'au consulting, Tata group est aujourd'hui un autre géant mondial. Tenez-vous bien, avec ses 75 milliards de dollars de chiffre d'affaires, Tata participe à raison de 5,3% dans le PIB indien. Astronomique comme chiffre.

A New Delhi ou à Mumbai, l'emprunte de Tata est partout visible surtout dans la promotion du social à laquelle elle consacre plus de 200 millions de dollars par an. Le groupe fournit 67% des véhicules qui circulent en Inde. Il est classé quatrième mondial dans la construction des bus. Sans en donner une date précise, il mettra dans peu de temps sur le marché 100.000 Tata Nano, la petite voiture qui sera commercialisée à 2.000 dollars.

Vendredi, 26 juin, nous avions un rendez-vous avec Pankaj. M. Baliga, président adjoint de TCS (Tata consultancy services), une filiale spécialisée dans les technologies de l'information. En parlant, des 42 pays où TCS est présente, le responsable s'est particulièrement enthousiasmé en évoquant le poids que représente le Maroc en tant que partenaire stratégique. «Nous considérons le Maroc comme un grand centre dans la région. Il jouera le rôle de plate-forme dédiée à l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l'ensemble des pays dans le monde qui parlent français». A annoncé au Matin M. Baliga. La société est aujourd'hui forte de 800 collaborateurs dans la région et compte maintenir son positionnement de leader, forte de 6 milliards de CA et un bénéfice net de 1,04 milliards de dollars.

Outsourcing, un métier d'avenir
A quarante kilomètres de Delhi, la ville de Gurgaon est pratiquement neuve et principalement dédiée aux nouvelles technologies de l'information et de la communication et à l'outsourcing. Le décor coupe court avec la capitale en donnant une sorte de modèle du développement urbanistique vers lequel tend le pays. Ici, c'est l'incarnation de l'intérêt accordé à la matière grise. Des milliers d'ingénieurs y travaillent et y habitent côtoyant des noms mondialement connus dans les domaines de l'économie et des technologies. Une société comme Genpact, spécialisée dans les solutions personnalisées dans l'outsourcing, représente la fierté de l'Inde nouvelle. Présente un peu partout dans le monde, elle compte une centaine de gros clients comme le General Electrics. La société est, également présente au Maroc avec 200 employés. Harpeet Duggal, président adjoint de Genpact, est confiant dans l'avenir du BPO (Business process outsourcing), ce qui veut dire «externalisation de processus d'affaires». En effet, le marché du BPO connaîtra une croissance stable de 11,9% pour atteindre un volume de 181 milliards de dollars en 2012. Le secteur du BPO adapté aux TIC devra atteindre un CA de 71,7 milliards de dollars. En Inde, le secteur emploie directement quelques 2,23 millions de personnes et 8 millions de manière indirecte. Comme Genpact, plusieurs autres sociétés indiennes, profitant de la globalisation des services, se positionnent sur un marché qui exige beaucoup de savoir-faire et surtout une grande capacité d'écoute et de compréhension des besoins.

Des armées d'ingénieurs
Il y a à peine quelques années, l'Inde est entrée dans une nouvelle phase basée sur l'amélioration de ses infrastructures mariée d'une économie plus agressive à l'international. Le pays en reconstruction, si l'on peut dire, a besoin de toutes ses énergies et principalement de profils humains capables de relever le défi et prendre le train à grande vitesse du développement. En tout cas, ce ne sont pas les structures qui manquent. Le pays en entier est une vraie ruche d'ingénieurs. L'Indian institute of technology (IIT) dont le premier centre a été inauguré en 1950, suivi de celui de Delhi en 1963 est une icône nationale. En deux ans seulement, le nombre des IITs est passé de 7 à 15, tellement le besoin s'est fortement sentir pour des profils hautement qualifiés. Selon un responsable de l'IIT Delhi, l'Inde forme annuellement pas moins de 100.000 ingénieurs. Cette année, le nombre des étudiants dans l'ensemble des IIT est de 45.000. A l'institut de Delhi, le budget alloué à la recherche est de 15,9 millions de dollars alors qu'un étudiant ne paie qu'un symbolique montant de 120 dollars durant toute une année d'étude. Sans commune mesure avec ce qu'il faut payer dans un pays comme les Etats-Unis. L'intérêt donné aux IIT prend son origine dans l'engagement gouvernemental à maintenir la qualité des formations au niveau des standards internationaux. C'est le ministre indien du Développement des ressources humaines qui est président du conseil d'administration de l'IIT et c'est le Sénat qui est responsable de la politique académique et des programmes.
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Meilleure croissance que la Chine

En grande manchette sur la une du Mail Today (New Delhi) du mardi 23 juin dernier, l'on pouvait lire : «l'Inde connaîtra une meilleure croissance qu'en Chine en 2010». Le quotidien reprend un rapport de 2009 de la Banque mondiale qui prévoit une performance du PNB de 8% en faveur de l'Inde contre 7,5 pour la Chine. Le bras de fer économique entre les deux pays aux systèmes politiques diamétralement opposés constitue un cas d'école et l'objet d'innombrables études et réflexions. Face aux bourrasques de la dégringolade financière mondiale, le pays du Mahatma Ghandi affiche une santé insolente, favorisée par une politique économique agressive tirée par la consommation interne et les grands projets d'infrastructures. En 2008, nous explique Vishnu Prakash, secrétaire adjoint et porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l'Inde a réalisé une croissance de 6%. «Avec 300 millions d'Indiens qui constituent la classe moyenne et un taux d'épargne de 35% régulièrement réinjecté dans l'économie réelle, la croissance est garantie», soutient le responsable. En effet, l'Inde est en pleine mutation. Les traits du changement ont commencé à se dessiner depuis seulement une dizaine d'années lorsque la politique gouvernementale s'est tournée à pleine vapeur vers les infrastructures de base qu'il fallait absolument améliorer vu l'état de dégradation avancé dans lequel elles se trouvaient. Aujourd'hui, un budget de 100 milliards de dollars y est exclusivement destiné.
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