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«Le Maroc est actuellement sur la carte de l'industrie aéronautique mondiale»

Interview • Hamid Benbrahim El-Andaloussi, président du Groupement des industriels marocains aéronautique et spatial (GIMAS)
Même s'il est récemment créé, le GIMAS a réussi à s'imposer en peu de temps comme une force de proposition sur la scène économique marocaine.

«Le Maroc est actuellement sur la carte de l'industrie aéronautique mondiale»
Il n'a de cesse de multiplier les initiatives et les actions pour ériger, en réalité, le secteur aéronautique comme métier mondial du Maroc. La dernière en date était la signature d'une convention de partenariat avec l'Union française des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), portant création d'un Institut des métiers de l'aéronautique (IMA) à Casablanca. Cette dynamique est due, en effet, à ses instances dirigeantes, dont le président qui nous livre dans cet entretien ses réflexions sur l'évolution récente et future de l'industrie aéronautique mondiale et marocaine.

Nous constatons que de plus en plus de compagnies aériennes reportent ou annulent leurs commandes. La crise financière a-t-elle gagné le secteur aéronautique ?

L'industrie aéronautique mondiale est un des rares secteurs qui dispose toujours de carnets de commande pleins. Pour les 20 années à venir, la croissance serait d'environ 4 à 5% et jusqu'au 2012, le secteur connaîtra un développement soutenu. C'est dire qu'à long et moyen terme, on ne peut rien craindre. Toutefois, dans l'immédiat, les entreprises du secteur souffrent de problèmes de trésorerie, ce qui a poussé, entre autres, certaines compagnies aériennes (surtout celles du Moyen-Orient et de la Chine) à reporter ou annuler leurs commandes auprès des deux avionneurs, Boeing ou Airbus. Et ce, d'autant plus que des programmes de développement de nouveaux appareils ont pris du retard. Mais en tout cas, cela ne met pas en cause le développement du secteur.

Quid du secteur aéronautique marocain ?

Jusqu'à présent, nous ne constatons ni fuite ni de ralentissement de l'activité. Mais il est probable que cette dernière ne sera pas soutenue, en 2009. De toute façon, le Maroc continue à jouir d'un attrait auprès des opérateurs internationaux. En outre, l'Offre aéronautique Maroc telle qu'elle a été réapprofondie de concert entre l'Etat et le secteur privé n'est pas du tout remise en cause.

Peut-on dire alors que la crise représente une opportunité pour consolider la destination Maroc ?

Incontestablement, cette crise offre de nouvelles opportunités pour les pays mieux préparés comme le Maroc. Elle poussera bon nombre d'opérateurs internationaux du secteur à accélérer la délocalisation de leurs activités. Cela étant, il ne faut pas perdre de vue que contrairement à des secteurs comme l'automobile qui est à sa deuxième ou troisième phase d'externalisation, l'industrie aéronautique mondiale est au début de cycle. L'externalisation vient de commencer, suite à la restructuration du secteur de l'aéronautique. Que des opportunités à exploiter !

Est-ce qu'on est mieux placé pour exploiter toutes ces opportunités ?

Le Maroc est actuellement sur la carte de l'industrie aéronautique mondiale. Il est très compétitif et recommandé comme une zone d'implantation de premier choix de par ses avantages comparatifs, la qualité des services offerts et la diversité d'activités exercées. Chose qui a été consolidé par l'adhésion de certains pays de l'Est à l'Union européenne. Le coût de leurs mains-d'œuvre est devenu plus élevé qu'au Maroc. En outre, comparativement à un pays comme le Mexique, malgré sa proximité avec les Etats-Unis où siègent de grands donneurs d'ordre du secteur, le Maroc est bien positionné.

Comment se positionne le Maroc dans la longue chaîne des valeurs du secteur aéronautique ?

Le Maroc n'est pas uniquement une base pour produire des pièces et équipements à faible valeur ajoutée. Il offre actuellement une palette qui couvre la production, les services, l'entretien, l'ingénierie, le développement… On n'est plus dans le bas de gamme, c'est aux métiers d'excellence et à forte valeur ajoutée qu'on s'intéresse. Avec les retombées positives de cette crise, nous devons aller au-delà du secteur de l'aéronautique (au sens strict du terme). Cette industrie devrait, en effet, s'enrichir par d'autres activités telles que la sécurité, l'électronique embarquée, le spatial…

En attendant, que représente le secteur aéronautique actuellement ?

En 2008, le secteur emploie 7000 salariés et nous prévoyons atteindre 20.000 à l'horizon 2020. Les entreprises employeurs sont au nombre de 65 opérant dans plusieurs métiers, allant des études jusqu'à la maintenance des avions, en passant par le composite, le traitement des surfaces, l'assemblage, etc. Deux tiers de ces entreprises sont installés dans l'aéropôle Mohammed V de Casablanca. Le reste est implanté surtout dans la zone de Tanger.

Il semble que l'aéropôle qu'abrite l'aéroport Mohammed V de Casablanca accapare la part du lion. Ne faut-il pas penser à créer un autre ?

A mon sens, il faut densifier, au lieu de créer de nouvelles zones. En effet, il faut que le maximum de métiers relevant de l'aéronautique soit représenté dans une seule zone pour renforcer l'intégration en amont et en aval de la chaîne de valeur. Chose qui permet, entre autres, de mutualiser les moyens et, partant, d'améliorer la compétitivité des entreprises et du Maroc.
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