A quoi est-t-il dû ? Du côté de l'offre, il y a une surcapacité de production, une concurrence irrationnelle et des prix de revient deux fois plus élevés…Du côté de la demande, la confiance n'est pas de mise. Les associations de consommateurs mettent en question l'ajout d'hormones nuisibles à la santé et la mal-utilisation d'antibiotiques pour le traitement des maladies. Zoom sur un secteur d'une importance à la fois économique et sociale.
Les intérêts nutritionnels et culinaires des viandes de volailles ne sont plus à démontrer. Même le coût de la protéine issue de cette catégorie des viandes est le moins cher. Pourtant, sur le terrain, la consommation moyenne des Marocains est loin de se conformer aux normes. « L'analyse de la ration moyenne au Maroc montre que les apports de protéines d'origines animales se chiffrent actuellement à 18 g/hab/jour contre 25 g/hab/jour au minimum recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS); soit un déficit de 7 g/hab/jour », lit-on dans le document officiel de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA). Une question d'ordre générale se pose : ce déficit est-t-il dû à un problème d'offre ou de demande ?
Côté offre, « les infrastructures de production des volailles ne tournent pas à leur capacité maximale», précise d'emblée Omar Najid, directeur général adjoint de Cicalim, dont le PDG est président de la FISA. En effet, la capacité de production du secteur est estimée à environ 7,5 millions de poussins, alors que les opérateurs ne produisent qu'entre 4 à 5 millions. Et encore c'est difficile de l'écouler sur le marché local. Et l'exportation ? Outre une partie minime orientée essentiellement vers la Côte d'Ivoire et le Sénégal, pour le reste, c'est pas possible. D'abord, « comparés à d'autres pays, les prix de revient moyens des produits avicoles sont pratiquement le double de ceux enregistrés dans les pays exportateurs tels que le Brésil et les USA, mais similaires à ceux des pays qui, comme le Maroc, importent l'essentiel des intrants (aliments, reproducteurs…) », lit-on dans un rapport publié, en septembre 2007, par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, intitulé : Structure et importance des secteurs avicoles commercial et traditionnel au Maroc. En effet, ces prix « diffèrent selon la technicité de l'éleveur et d'une région à une autre. La part de l'aliment dans le coût des produits avicoles représente entre 65 et 75% ». Et Même l'entrée en vigueur de certains accords de libre-échange (surtout avec les Etats-Unis) n'a pas eu l'impact escompté sur les cours des matières premières, notamment ceux du maïs et du soja, deux produits essentiels pour la production avicole. En effet, les prix au lieu de baisser se sont multipliés par deux ou trois suite à l'augmentation des prix des matières premières sur le marché international, ce qui a largement compensé la baisse des droits de douane.
Prix 2 fois plus élevé
A titre d'exemple, le prix du kg vif du poulet de chair appliqué au consommateur final varie actuellement entre 12 et 13 DH. C'est toujours trop cher, si on se fie à une étude préparée en 2006 par les services de la BMCE Bank qui a estimé que le prix empruntera une tendance baissière pour atteindre 9 DH en 2010 ? Omar Najid est catégorique : les éleveurs qu'ils soient structurés ou non vendent à perte. Et les grands perdants sont les éleveurs de poulet de chair. Pourquoi ? Les opérateurs des différents créneaux se livrent à une concurrence irrationnelle. Chacun tire de son côté et au final tout le monde est perdant. Même la fédération et les cinq associations du secteur n'arrivent pas à se mettre d'accord sur des mécanismes pour réguler l'offre et la demande. La situation s'est aggravée ces derniers mois.
Deuxième raison, la filière de production des viandes de volailles est atomisé. En effet, cette filière est constituée de 44 couvoirs agréés de type chair produisant 330 millions de poussins, 3 couvoirs agréés de dinde produisant 5,5 à 6 millions de dindonneaux, 4 326 élevages du poulet de chair agréés, 282 élevages de dinde agréés et 23 abattoirs avicoles agréés. Trop, c'est trop pour un marché comme le Maroc. Aux Etats-Unis, plus grand producteur des viandes de volailles de par le monde, «plus de 80 % du marché est dominé par trois grands groupes. Et c'est le même cas en France». En effet, cette concentration de l'offre est due à un mouvement d'intégration horizontale et verticale des entreprises avicoles. Selon certaines estimations, 87% des entreprises avicoles aux USA et 2/3 en France sont intégrées verticalement. Ce qui ne manque pas de peser à la baisse sur les prix des viandes de volailles. Au Maroc ? « C'est encore l'anarchie qui fait la loi », laissent entendre plus d'un professionnel.
Se penchant sur les systèmes de production et l'organisation de la filière avicole, l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a relevé que « l'intégration verticale totale, du couvoir à l'abattoir, n'est qu'à ses débuts au Maroc (2 unités actuellement) du fait de l'avènement récent (début 2000) des abattoirs industriels et de la prédominance du marché du vif ». Par contre, selon la même étude, si on considère dans ce système les unités de production qui présentent des prémisses d'intégration, c'est-à-dire qui possèdent deux maillons et plus, on en compte plus d'une trentaine d'unités de tailles très variables, allant pour ce qui est de la production de poussin chair de 30000 à plus de 800000 poussins/semaine. Certaines unités possèdent les maillons d'accouvage (couvoirs et élevages de reproducteurs), d'alimentation (fabrication d'aliments) et de production (élevages chair), mais les cas les plus communs sont des unités qui commercialisent à la fois leur production de poussins et d'aliments composés. Parmi ces dernières, les unités de grande taille ont presque toutes des ambitions d'intégration verticale et n'attendent que des changements réglementaires nécessaires à la reconversion du marché du vif en circuits de distribution des produits frais d'abattage.
Et c'est ce système de production qu'il faut privilégier. En regardant l'expérience étrangère et les enseignements des études économiques, les économistes n'ont qu'une seule réponse : il est plus pertinent de se lancer dans une démarche orientée vers l'intégration verticale. Ce qui devrait déboucher in fine sur « l'émergence de grands groupes, de nature à exploiter les synergies entre activités et bénéficier de l'effet taille pour produire un produit de qualité et un prix abordable et surtout compétitif ».
Ce choix est plus que jamais nécessaire, étant donné l'importance économique et sociale de cette activité. En effet, avec un taux d'accroissement moyen durant les trois dernières décennies d'environ 8% des productions de viandes de volailles et 6% des productions d'œufs de consommation, le secteur avicole constitue l'une des activités agricoles les plus dynamiques au Maroc. La production en 2007 s'est élevée à 370000 tonnes de viandes de volailles, représentant 52% de la consommation totale toutes viandes confondues. et 3 milliards d'œufs de consommation. Cela étant, les investissements cumulés consentis dans cette filière sont évalués à 6,3 milliards DH et le chiffre d'affaires est estimé à 16 milliards DH. Cette filière offre en permanence 85.000 emplois directs et près de 193.000 emplois indirects dans les circuits de commercialisation et de distribution.
Compte tenu de ses capacités de développement rapide et des possibilités de diversification de ses productions, « le secteur avicole demeure le recours le plus compétitif pour la satisfaction des besoins protéiques de la population qui ne cessent d'accroître avec la poussée démographique et l'amélioration du pouvoir d'achat », estime-t-on auprès du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime.
Élevages peu compétitives
Mais en attendant, d'autres systèmes continuent à jouer un grand rôle, révèle l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Il s'agit d'abord du système d'élevage intensif de poulets. En effet, la production intensive de viandes de volailles est passée de 8.500 tonnes en 1970 à 310.000 tonnes en 2006. De même, la production des œufs s'est inscrite également à la hausse, passant de 1 million en 1970 à plus de 2 milliards en 2006. C'est un système très dynamique puisqu'il participe pour environ 86,5% dans l'approvisionnement du pays en viandes blanches et 71,5% en œufs de consommation.
Pratiquement, toutes les unités d'élevage commercial du poulet appartiennent à cette catégorie. En fait, «nonobstant les différences de taille d'élevage (minimum de 2000 poulets à plusieurs centaines de milliers), du niveau d'investissement dans les bâtiments et équipements et du niveau de technicité et des performances, le poulet de chair est toujours en intensif, avec achat de l'ensemble des facteurs de production (poussins, aliments composés (miettes ou granulé) et vaccins) et vente de la totalité du produit (poulet vif) au marché à un poids donné (2 kg) et un âge donné (environ 45 jours)». Les élevages de pondeuses d'œufs de consommation présentent moins de variabilité en termes de taille et structure de production. Il s'agit pour l'essentiel d'élevage en cages de taille moyenne à élevée. L'accroissement rapide de la production vers la fin des années 90 et la crise de surproduction qui s'en est suivie entre 2001 et 2005, ont donné lieu à une sélection des élevages compétitifs : élevage en cage, de taille moyenne à élevée et d'un suivi technique rapproché. Ceci a conduit, entre autres, à la disparition des petits élevages et des élevages au sol.
Ensuite, les élevages semi-intensifs ou amateurs sont très rares au Maroc, sauf quelques élevages irréguliers dans le temps dans les périphéries des grandes agglomérations où les gens élèvent des poulets croisés pour les vendre en ville. Enfin, le système d'élevage traditionnel ou familial. Il demeure encore important puisqu'il continue d'alimenter le marché local en viandes blanches (13,5%) et en œufs de consommation (28,5%). Ce type d'élevage de basse cour, pratiqué à travers toutes les zones rurales, n'est jamais vacciné et reste très exposé aux différentes maladies telles les maladies respiratoires et parasitaires. Ses produits, considérés comme fermiers et « naturels » sont vendus à des prix nettement plus élevés.
Produits de qualité ?
Contrairement à l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, les associations de consommateurs se montrent peu confiantes vis-à-vis des trois premiers systèmes de production. Elles mettent en question tout particulièrement l'ajout d'hormones, qui pourraient être nuisibles à la santé, et les modalités de traitement des maladies. En effet, « comment ça se fait qu'en l'espace de 45 jours on arrive à avoir un poulet qui normalement devrait nécessiter environ 6 mois ? », s'interroge Mohammed Ouhssine, professeur chercheur et président d'une association de consommateur à Kénitra. La réponse des professionnels est claire : tous les aliments utilisés sont homologués par les services du ministère de tutelle. Toutefois, sur le deuxième point, ils rejoignent l'avis des associations de consommateurs : « Il n'est pas écarté que des éleveurs malhonnêtes sur-utilisent ou mal-utilisent les antibiotiques pour le traitement de certaines maladies ». Une pratique, si elle se confirme par des études en bonne et due forme, est de nature à réduire à néant les campagnes de sensibilisation de la FISA, qui vise, dans le cadre du contrat-programme 2007-2012, à réaliser plus d'un objectif. En effet, en l'an 2012, la demande sur les produits avicoles atteindrait, 500.000 tonnes de viande de volailles et 5,0 milliards d'oeufs de consommation contre respectivement 370.000 tonnes et 2,8 milliards d'unités en 2006. La consommation enregistrerait une amélioration progressive entre 2006 et 2012 passant de 12,0 à 15,0 kg de viande de volailles/hab/an et de 91 à 150 oeufs/hab/an. Et la contribution des protéines animales provenant des produits avicoles dans la ration alimentaire moyenne passerait de 6,8 grammes en 2006 à 8,1 grammes en l'an 2012. Rendez-vous dans quatre ans pour évaluer les effets de ce contrat-programme !
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L'Association des fabricants d'aliments composés (AFAC)
• Date de création : 1976
• Nombre d'adhérents : 20
• Capacité totale : 70%
L'Association nationale des accouveurs marocains (ANAM)
• Date de création : 1995
• Nombre d'adhérents : 28
• Capacité totale : 80%
L'Association nationale des producteurs d'œufs de consommation (ANPO)
• Date de création : 1995
• Nombre d'adhérents : 100
• Capacité totale : 80%
L'Association Nationale des Abattoirs Industriels Avicoles (ANAVI)
• Date de création : 2001
• Nombre d'adhérents : 16
• Capacité totale : 90%
L'Association nationale des producteurs de viandes de volailles (APV)
• Date de création : 2004
• Nombre d'adhérents : 600
• Capacité totale :
-50 % pour la viande de poulet de chair
-90 % pour la viande de dinde.
Dans l'objectif d'harmoniser leurs efforts et activités, et constituer un interlocuteur crédible et représentatif du secteur vis-à-vis des décideurs administratifs et politiques, les organisations professionnelles se sont érigées en 1995 en Fédération interprofessionnelle du secteur avicole -FISA-.
Les intérêts nutritionnels et culinaires des viandes de volailles ne sont plus à démontrer. Même le coût de la protéine issue de cette catégorie des viandes est le moins cher. Pourtant, sur le terrain, la consommation moyenne des Marocains est loin de se conformer aux normes. « L'analyse de la ration moyenne au Maroc montre que les apports de protéines d'origines animales se chiffrent actuellement à 18 g/hab/jour contre 25 g/hab/jour au minimum recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS); soit un déficit de 7 g/hab/jour », lit-on dans le document officiel de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA). Une question d'ordre générale se pose : ce déficit est-t-il dû à un problème d'offre ou de demande ?
Côté offre, « les infrastructures de production des volailles ne tournent pas à leur capacité maximale», précise d'emblée Omar Najid, directeur général adjoint de Cicalim, dont le PDG est président de la FISA. En effet, la capacité de production du secteur est estimée à environ 7,5 millions de poussins, alors que les opérateurs ne produisent qu'entre 4 à 5 millions. Et encore c'est difficile de l'écouler sur le marché local. Et l'exportation ? Outre une partie minime orientée essentiellement vers la Côte d'Ivoire et le Sénégal, pour le reste, c'est pas possible. D'abord, « comparés à d'autres pays, les prix de revient moyens des produits avicoles sont pratiquement le double de ceux enregistrés dans les pays exportateurs tels que le Brésil et les USA, mais similaires à ceux des pays qui, comme le Maroc, importent l'essentiel des intrants (aliments, reproducteurs…) », lit-on dans un rapport publié, en septembre 2007, par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, intitulé : Structure et importance des secteurs avicoles commercial et traditionnel au Maroc. En effet, ces prix « diffèrent selon la technicité de l'éleveur et d'une région à une autre. La part de l'aliment dans le coût des produits avicoles représente entre 65 et 75% ». Et Même l'entrée en vigueur de certains accords de libre-échange (surtout avec les Etats-Unis) n'a pas eu l'impact escompté sur les cours des matières premières, notamment ceux du maïs et du soja, deux produits essentiels pour la production avicole. En effet, les prix au lieu de baisser se sont multipliés par deux ou trois suite à l'augmentation des prix des matières premières sur le marché international, ce qui a largement compensé la baisse des droits de douane.
Prix 2 fois plus élevé
A titre d'exemple, le prix du kg vif du poulet de chair appliqué au consommateur final varie actuellement entre 12 et 13 DH. C'est toujours trop cher, si on se fie à une étude préparée en 2006 par les services de la BMCE Bank qui a estimé que le prix empruntera une tendance baissière pour atteindre 9 DH en 2010 ? Omar Najid est catégorique : les éleveurs qu'ils soient structurés ou non vendent à perte. Et les grands perdants sont les éleveurs de poulet de chair. Pourquoi ? Les opérateurs des différents créneaux se livrent à une concurrence irrationnelle. Chacun tire de son côté et au final tout le monde est perdant. Même la fédération et les cinq associations du secteur n'arrivent pas à se mettre d'accord sur des mécanismes pour réguler l'offre et la demande. La situation s'est aggravée ces derniers mois.
Deuxième raison, la filière de production des viandes de volailles est atomisé. En effet, cette filière est constituée de 44 couvoirs agréés de type chair produisant 330 millions de poussins, 3 couvoirs agréés de dinde produisant 5,5 à 6 millions de dindonneaux, 4 326 élevages du poulet de chair agréés, 282 élevages de dinde agréés et 23 abattoirs avicoles agréés. Trop, c'est trop pour un marché comme le Maroc. Aux Etats-Unis, plus grand producteur des viandes de volailles de par le monde, «plus de 80 % du marché est dominé par trois grands groupes. Et c'est le même cas en France». En effet, cette concentration de l'offre est due à un mouvement d'intégration horizontale et verticale des entreprises avicoles. Selon certaines estimations, 87% des entreprises avicoles aux USA et 2/3 en France sont intégrées verticalement. Ce qui ne manque pas de peser à la baisse sur les prix des viandes de volailles. Au Maroc ? « C'est encore l'anarchie qui fait la loi », laissent entendre plus d'un professionnel.
Se penchant sur les systèmes de production et l'organisation de la filière avicole, l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a relevé que « l'intégration verticale totale, du couvoir à l'abattoir, n'est qu'à ses débuts au Maroc (2 unités actuellement) du fait de l'avènement récent (début 2000) des abattoirs industriels et de la prédominance du marché du vif ». Par contre, selon la même étude, si on considère dans ce système les unités de production qui présentent des prémisses d'intégration, c'est-à-dire qui possèdent deux maillons et plus, on en compte plus d'une trentaine d'unités de tailles très variables, allant pour ce qui est de la production de poussin chair de 30000 à plus de 800000 poussins/semaine. Certaines unités possèdent les maillons d'accouvage (couvoirs et élevages de reproducteurs), d'alimentation (fabrication d'aliments) et de production (élevages chair), mais les cas les plus communs sont des unités qui commercialisent à la fois leur production de poussins et d'aliments composés. Parmi ces dernières, les unités de grande taille ont presque toutes des ambitions d'intégration verticale et n'attendent que des changements réglementaires nécessaires à la reconversion du marché du vif en circuits de distribution des produits frais d'abattage.
Et c'est ce système de production qu'il faut privilégier. En regardant l'expérience étrangère et les enseignements des études économiques, les économistes n'ont qu'une seule réponse : il est plus pertinent de se lancer dans une démarche orientée vers l'intégration verticale. Ce qui devrait déboucher in fine sur « l'émergence de grands groupes, de nature à exploiter les synergies entre activités et bénéficier de l'effet taille pour produire un produit de qualité et un prix abordable et surtout compétitif ».
Ce choix est plus que jamais nécessaire, étant donné l'importance économique et sociale de cette activité. En effet, avec un taux d'accroissement moyen durant les trois dernières décennies d'environ 8% des productions de viandes de volailles et 6% des productions d'œufs de consommation, le secteur avicole constitue l'une des activités agricoles les plus dynamiques au Maroc. La production en 2007 s'est élevée à 370000 tonnes de viandes de volailles, représentant 52% de la consommation totale toutes viandes confondues. et 3 milliards d'œufs de consommation. Cela étant, les investissements cumulés consentis dans cette filière sont évalués à 6,3 milliards DH et le chiffre d'affaires est estimé à 16 milliards DH. Cette filière offre en permanence 85.000 emplois directs et près de 193.000 emplois indirects dans les circuits de commercialisation et de distribution.
Compte tenu de ses capacités de développement rapide et des possibilités de diversification de ses productions, « le secteur avicole demeure le recours le plus compétitif pour la satisfaction des besoins protéiques de la population qui ne cessent d'accroître avec la poussée démographique et l'amélioration du pouvoir d'achat », estime-t-on auprès du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime.
Élevages peu compétitives
Mais en attendant, d'autres systèmes continuent à jouer un grand rôle, révèle l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Il s'agit d'abord du système d'élevage intensif de poulets. En effet, la production intensive de viandes de volailles est passée de 8.500 tonnes en 1970 à 310.000 tonnes en 2006. De même, la production des œufs s'est inscrite également à la hausse, passant de 1 million en 1970 à plus de 2 milliards en 2006. C'est un système très dynamique puisqu'il participe pour environ 86,5% dans l'approvisionnement du pays en viandes blanches et 71,5% en œufs de consommation.
Pratiquement, toutes les unités d'élevage commercial du poulet appartiennent à cette catégorie. En fait, «nonobstant les différences de taille d'élevage (minimum de 2000 poulets à plusieurs centaines de milliers), du niveau d'investissement dans les bâtiments et équipements et du niveau de technicité et des performances, le poulet de chair est toujours en intensif, avec achat de l'ensemble des facteurs de production (poussins, aliments composés (miettes ou granulé) et vaccins) et vente de la totalité du produit (poulet vif) au marché à un poids donné (2 kg) et un âge donné (environ 45 jours)». Les élevages de pondeuses d'œufs de consommation présentent moins de variabilité en termes de taille et structure de production. Il s'agit pour l'essentiel d'élevage en cages de taille moyenne à élevée. L'accroissement rapide de la production vers la fin des années 90 et la crise de surproduction qui s'en est suivie entre 2001 et 2005, ont donné lieu à une sélection des élevages compétitifs : élevage en cage, de taille moyenne à élevée et d'un suivi technique rapproché. Ceci a conduit, entre autres, à la disparition des petits élevages et des élevages au sol.
Ensuite, les élevages semi-intensifs ou amateurs sont très rares au Maroc, sauf quelques élevages irréguliers dans le temps dans les périphéries des grandes agglomérations où les gens élèvent des poulets croisés pour les vendre en ville. Enfin, le système d'élevage traditionnel ou familial. Il demeure encore important puisqu'il continue d'alimenter le marché local en viandes blanches (13,5%) et en œufs de consommation (28,5%). Ce type d'élevage de basse cour, pratiqué à travers toutes les zones rurales, n'est jamais vacciné et reste très exposé aux différentes maladies telles les maladies respiratoires et parasitaires. Ses produits, considérés comme fermiers et « naturels » sont vendus à des prix nettement plus élevés.
Produits de qualité ?
Contrairement à l'étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, les associations de consommateurs se montrent peu confiantes vis-à-vis des trois premiers systèmes de production. Elles mettent en question tout particulièrement l'ajout d'hormones, qui pourraient être nuisibles à la santé, et les modalités de traitement des maladies. En effet, « comment ça se fait qu'en l'espace de 45 jours on arrive à avoir un poulet qui normalement devrait nécessiter environ 6 mois ? », s'interroge Mohammed Ouhssine, professeur chercheur et président d'une association de consommateur à Kénitra. La réponse des professionnels est claire : tous les aliments utilisés sont homologués par les services du ministère de tutelle. Toutefois, sur le deuxième point, ils rejoignent l'avis des associations de consommateurs : « Il n'est pas écarté que des éleveurs malhonnêtes sur-utilisent ou mal-utilisent les antibiotiques pour le traitement de certaines maladies ». Une pratique, si elle se confirme par des études en bonne et due forme, est de nature à réduire à néant les campagnes de sensibilisation de la FISA, qui vise, dans le cadre du contrat-programme 2007-2012, à réaliser plus d'un objectif. En effet, en l'an 2012, la demande sur les produits avicoles atteindrait, 500.000 tonnes de viande de volailles et 5,0 milliards d'oeufs de consommation contre respectivement 370.000 tonnes et 2,8 milliards d'unités en 2006. La consommation enregistrerait une amélioration progressive entre 2006 et 2012 passant de 12,0 à 15,0 kg de viande de volailles/hab/an et de 91 à 150 oeufs/hab/an. Et la contribution des protéines animales provenant des produits avicoles dans la ration alimentaire moyenne passerait de 6,8 grammes en 2006 à 8,1 grammes en l'an 2012. Rendez-vous dans quatre ans pour évaluer les effets de ce contrat-programme !
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Cinq associations et une fédération
Conscients de l'intérêt des organisations professionnelles dans le développement de toute activité économique, les opérateurs du secteur avicole se sont organisés en associations professionnelles représentant chacune d'elle une branche d'activité de la filière de production. Ainsi, le secteur avicole est actuellement représenté par :L'Association des fabricants d'aliments composés (AFAC)
• Date de création : 1976
• Nombre d'adhérents : 20
• Capacité totale : 70%
L'Association nationale des accouveurs marocains (ANAM)
• Date de création : 1995
• Nombre d'adhérents : 28
• Capacité totale : 80%
L'Association nationale des producteurs d'œufs de consommation (ANPO)
• Date de création : 1995
• Nombre d'adhérents : 100
• Capacité totale : 80%
L'Association Nationale des Abattoirs Industriels Avicoles (ANAVI)
• Date de création : 2001
• Nombre d'adhérents : 16
• Capacité totale : 90%
L'Association nationale des producteurs de viandes de volailles (APV)
• Date de création : 2004
• Nombre d'adhérents : 600
• Capacité totale :
-50 % pour la viande de poulet de chair
-90 % pour la viande de dinde.
Dans l'objectif d'harmoniser leurs efforts et activités, et constituer un interlocuteur crédible et représentatif du secteur vis-à-vis des décideurs administratifs et politiques, les organisations professionnelles se sont érigées en 1995 en Fédération interprofessionnelle du secteur avicole -FISA-.
