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Jeudi 28 Mars 2024
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L'idée de nationalisation se propage

Face à l'échec des mesures successives prises aux Etats-Unis et en Europe pour raviver le marché du crédit, les gouvernements pourraient recourir rapidement à l'option de dernier recours d'une nationalisation pure et simple des banques et de leurs actifs toxiques.

L'idée de nationalisation se propage
Depuis le début de la crise, les banques centrales ont injecté des centaines de milliards de dollars sur le marché du crédit de banque à banque, et élargi les actifs qu'elles acceptent en contrepartie de fonds prêtés. Les gouvernements ont eux recapitalisé les banques à coup de dizaines, voire de centaines de milliards, mais sans parvenir à ce que les crédits aux entreprises et aux ménages reprennent. «Les banques continuent à avoir des stocks importants d'actifs pourris dont elles n'arrivent pas à se débarrasser» et la méfiance persiste, constate Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'Institut des hautes études internationales de Genève.

Face à l'urgence d'éviter des faillites bancaires en chaîne, l'idée de nationaliser les banques gagne du terrain. La britannique Northern Rock l'est déjà à 100%, sa concurrente RBS, où l'Etat va monter à 70%, l'est aussi de facto. En Allemagne, Commerzbank a été partiellement nationalisée tout comme le bancassureur belgo-néerlandais Fortis et la banque franco-belge Dexia. Ailleurs en Europe, des nationalisations ont eu lieu, ou sont en projet en Irlande, Autriche, Portugal et Lettonie. Outre-Atlantique, l'Etat pourrait racheter le géant Citigroup, dont l'action est au plus bas. Mais nationaliser est une solution «excessive, d'un autre âge», et mal accueillie par les marchés, dénonce Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence à l'université Panthéon-Sorbonne.

«Ca coûterait des milliards» d'euros ou de dollars, renchérit Jean-Pierre Patat, conseiller du Centre d'études prospectives et d'informations internationales. Charles Wyplosz, lui, pense que les nationalisations sont devenues indispensables dans certains cas et constate que «les montées au capital partielles n'ont pas suffi». Pour autant, il estime que l'Etat doit s'en tenir au minimum compte tenu des besoins de chaque banque. Autre option: créer des structures publiques «d'actifs pourris», qui rachèteraient aux banques leurs actifs toxiques à bas prix et seraient chargées de les liquider, pour assainir les bilans bancaires et mettre fin à la crise de confiance. Une idée qui refait surface aux Etats-Unis et à laquelle le gouvernement belge réfléchit: «ça me semble une solution efficace», juge Charles Wyplosz.
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