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Quel impact sur le Maroc ?

La crise de la dette publique en Europe est à assimiler à la crise du «ciel» provoquée par les cendres du volcan islandais.

Quel impact sur le Maroc ?
On a beau croire et espérer échapper au nuage fatal et à l'onde de choc; in fine, l'économie marocaine ne sera pas épargnée ne serait-ce qu'en mesurant les retombées du retrait de la monnaie unique face au billet vert.

La transmission de la crise européenne au Maroc passe par différents canaux dont le principal est l'euro. Toute variation excessive, à la baisse ou à la hausse, de cette devise laisse des traces profondes, pas forcément négatives, et touche plusieurs agrégats macro-économiques. Prenons l'exemple de la dette extérieure. Sachant que 73% de l'encours arrêté à fin décembre dernier est libellé en euro, la chute de la monnaie unique devrait se traduire, suite à un simple jeu d'écriture comptable, par un allégement significatif du niveau d'endettement exprimé en monnaie locale. Il s'agit là d'un effet bénéfique favorisé par le mode de cotation du dirham qui continue d'être indexé à un panier de devises où prédomine l'euro (75 à 80%).

Par conséquent, à chaque fois que l'euro recule face au dollar, le Maroc en profite pour réduire de quelques points de PIB le ratio de son endettement (à fin 2009, le Trésor affichait un niveau raisonnable de 47%). Même si le dollar gagne du terrain face à l'euro et, partant, face au dirham, l'impact sur l'endettement sera donc largement compensé par l'effet inverse de l'euro, d'autant plus que la part de la dette libellée en dollar et/ou en devises qui y sont liées est limitée à seulement 18% du portefeuille global.

Après avoir retrouvé le niveau de 1,3 dollar au lendemain de l'annonce par l'Union européenne de son plan colossal (750 millions d'euros), l'euro est retombé sous le 1,27 dollar mercredi 12 mai, soit son plus bas niveau depuis un an. En deux semaines, la monnaie unique a chuté d'environ 5% face au billet vert et le mouvement de baisse semble se poursuivre. Pour le Maroc, outre la répercussion mécanique sur son niveau d'endettement, la « guerre » entre ces deux devises pourrait provoquer un autre effet, immédiat, sur les termes de l'échange.
En effet, vis-à-vis de la zone Euro, là où se concentre l'essentiel du commerce extérieur, l'appréciation du dirham tend à réduire la valeur des exportations. Des secteurs comme le textile ou l'agroalimentaire verront leur marge bénéficiaire affectée et auront peu de marge de manœuvre pour redresser la situation. Tenter d'ajuster les prix dans un contexte pareil risque d'amenuiser le potentiel de leur compétitivité aux yeux du consommateur européen. Par contre, si on raisonne en en termes d'import, la baisse de l'euro, tout en réduisant la facture des produits provenant de l'UE (biens d'équipements, véhicules…), devrait a-priori inciter à importer avec le risque de creuser davantage le déficit quasi chronique de la balance des paiements. Cela dit, c'est bien le dollar qui constitue la principale monnaie de facturation des importations (pétrole, blé, etc). Suite au retrait du dirham face au billet vert, la facture pourrait certes être plus salée qu'il y a un mois. En revanche, si les cours du baril poursuivent leur dégringolade, le mécanisme de la compensation peut fonctionner au-delà des frontières sans que cela n'affecte l'équilibre budgétaire du gouvernement. Seul bémol, les perspectives demeurent incertaines à ce sujet. La crise de l'euro maintient les cours sous pression et certains analystes pensent que le baril a chuté sous l'effet du renforcement du dollar qui rend l'achat moins attractif. D'autres prédisent que l'euro pourra retrouver son niveau de naissance face au dollar, à savoir 1,18. Voire descendre à la parité parfaite d'un dollar pour un euro. Le suspense reste total et l'on ne doit surtout pas être surpris si les opérateurs soulèveront le vrai-faux débat d'une nouvelle dévaluation du dirham.
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Contagion limitée

C'est l'une des premières manifestations des effets directs de la crise européenne sur le Maroc. En décidant de reporter l'émission de l'emprunt international (en euro), annoncée comme imminente il y a un mois, le Trésor a estimé que le moment n'est pas propice pour sortir sur le marché international. Dans un contexte pareil, seuls les spéculateurs peuvent tirer profit de la volatilité régnante sur le marché international de la dette souveraine.
Par ailleurs, la chute de l'euro devrait également impacter la valeur des transferts des MRE (déjà en baisse depuis la crise de 2008). L'amélioration du pouvoir d'achat des bénéficiaires dépendra de la devise dans laquelle ces transferts sont exprimés. Dans la durée, l'impact de la crise sur l'économie réelle au Maroc n'est pas exclu. Car une fois mis en œuvre, les plans de rigueur ou d'austérité qui seront tôt ou tard imposés dans plusieurs pays européens (Espagne, Portugal, Italie, France) devraient se traduire par une baisse sensible de la demande externe. Plusieurs secteurs seraient ainsi concernés (export, tourisme, IDE, etc).
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