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Halte au piège des émotions…

Pour inaugurer son cycle de conférences, l'Association professionnelle des sociétés de bourse (APSB) a fait le bon choix en invitant Thami Kabbaj, professeur agrégé d'économie à Paris Dauphine et spécialiste de la psychologie des traders.

Halte au piège des émotions…
Face à une salle archi-comble, l'ancien trader s'est montré généreux. Il a tenu à partager le fruit de ses longues recherches dans le domaine de la finance comportementale.

« La psychologie des grands traders ». Le thème choisi pour cette conférence organisée lundi 17 mai à Casablanca, a été hautement polémique et d'une actualité brûlante. Le jour même d'ailleurs, l'euro a atteint son plus bas niveau face au dollar depuis quatre ans. Dans le monde d'aujourd'hui, même si les traders sont de plus en plus décriés, T. Kabbaj est de ceux qui pensent que le système économique mondial a besoin de la finance et à fortiori des traders pour assurer son financement (la plupart des puissances économiques sont lourdement endettées auprès des marchés financiers). Seulement, pour être un bon trader, il ne suffit pas d'être doué en analyse de marché. C'est un métier difficile. Il faut surtout avoir le sang froid et ne rien laisser au hasard, insiste le conférencier.
En se référant aux résultats d'un concours organisé par le site zonebourse.com (600 participants, une mise initiale de mille euros et une récompense de l'ordre de 10 mille euros), T. Kabbaj a remarqué que les traders actifs gagnants se font rares. Moins de 10% réalisent des résultats positifs. Parmi les 505 traders actifs, 39 enregistrent des performances négatives au moment où 40% des participants ont perdu au moins une fois leur capital initial. Les gains potentiels sont supérieurs aux pertes subies, chose qui incite les traders à prendre plus de risques. Des erreurs récurrentes qui trouvent leur origine dans le référentiel théorique.

Pendant longtemps, l'hypothèse de la rationalité des individus a été défendue par le dogme néoclassique. Il a fallu attendre la quasi-faillite du fond spéculatif américain LTCM en 1998 pour remettre en cause l'hypothèse de l'efficience des marchés. L'avènement de la finance comportementale (développée par les travaux fondateurs de D. Kahneman inspirés par la théorie des perspectives) a eu le mérite de mettre en évidence la faible rationalité des individus, surtout en période d'incertitude. Les émotions influencent les prises de décision. La satisfaction retirée d'un gain supplémentaire est largement inférieure à la douleur ressentie par le trader lorsqu'il subit une perte du même ordre. De même, la douleur ressentie par une perte de 1.000 euros est deux fois plus importante en valeur absolue que la satisfaction ressentie par un gain du même ordre. En situation gagnante, on devient conservateur et on se contente d'un gain léger. En situation perdante, le trader devient favorable au risque. Le trader est victime de dissonance cognitive, une situation où la personne préfère ignorer toute information générale. De nombreux traders ont fini ruinés en raison d'un égo surdimensionné. Pour opérer sur les marchés, T. Kabbaj définit un état optimal : être humble, s'éduquer, se former et structurer son esprit. Un bon trader doit accepter le caractère totalement aléatoire des marchés financiers. « Les meilleurs traders sont certes tous émotifs, mais ils ont appris à canaliser leurs émotions dans le bon sens », conclut le conférencier.
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