Les festivals de musique sont la preuve incontestable de la décentralisation culturelle d'un pays. On peut donc affirmer que le Maroc est musicalement très décentralisé. En effet, il y a eu une explosion du nombre de festivals cette dernière décennie alors qu'il n'y en avait presque pas il y a vingt ans. A l'aune du festival précurseur d'Essaouira, plusieurs autres événements ont suivi, Jazz à Tanger, Mawazine à Rabat, musiques urbaines à Casablanca, artistes amazighs et musiques du monde à Agadir, musiques sacrées à Fès pour ne citer que ceux-là. Même de petites villes comme Chefchaouen ou Safi ont eu leur lot de mélomanie et la liste s'allonge d'année en année.
Le plus important de ces événements en terme de budget est celui de Casablanca avec une enveloppe officielle de 28 millions de DH pour l'édition 2010 soit presque la même somme (27 millions de Dh) pour celle de Mawazine à Rabat. La plus grande progression budgétaire est enregistrée au festival Gnawa d'Essaouira avec un financement qui a décuplé en 8 ans, passant de 600.000 Dh en 1998 à 6 millions de Dh en 2006. D'autres manifestations mobilisent moins de ressources comme le festival Amwaj de Safi avec ses 2.5 millions de Dh pour 2010, mais globalement la tendance est à la hausse. D'autre part, les principaux bailleurs de fonds de ces événements (surtout quand il s'agit d'établissements publics) sont un secret de polichinelle mais sous l'insistance des médias les langues commencent progressivement à se délier.
Ainsi les origines des ressources varient selon les festivals, mais le plus grand pan (festival de Mawazine mise à part) reste celui des mécénats et sponsors mais aussi celui de la vente des billets pour les événements payants. Ces financements sont généralement répartis sur trois domaines : l'artistique qui ingurgite l'essentiel du budget allant jusqu'à 40 à 50% pour attirer les grosses têtes d'affiche comme pour le cas de Mawazine, le technique qui peut consommer jusqu'à 30% des ressources comme le cas du festival de Casablanca car l'infrastructure culturelle de base fait défaut dans le pays et qu'il faut faire appel à des techniciens et matériels étrangers, et puis la communication qui dépasse rarement les 20%. Pour ce qui est des retombées économiques sur les régions, on peut affirmer que les festivals de musique sont un moyen efficace pour dynamiser l'économie des villes organisatrices à court terme et plus ou moins à long terme.
Prenons l'exemple d'Essaouira (parce que son festival est l'un des plus anciens et offre donc plus de visibilité).
Les chiffres parlent d'eux même, la cité des Alizés a vu son nombre d'hôtels, de maison d'hôtes et de riads passer de 9 à 157 en dix ans et ce depuis le lancement de la première édition du festival de « tagnaouit». Même chose pour les restaurants et cafés qui ont passé de 24 à 209. La ville est devenue l'une des destinations touristiques les plus prisées du Royaume grâce à son festival. Et ce n'est pas tout, l'événement est devenu un véritable moteur d'effervescence économique, créateur d'emplois directs et indirects, temporaires et permanents ainsi qu'un vecteur de la renommée de la ville. L'autre exemple qui illustre ces propos est celui du festival rbati Mawazine dont les incidences économiques ont dépassé les frontière de la capitale en devenant une marque déposée avec des boutiques à son nom “Mawazine Store” qui propose des produits dérivés jusqu'au Twin de Casablanca.
Il est donc clair qu'à défaut d'une industrialisation massive, la culture peut être un formidable levier de développement. Elle reste l'un des meilleurs atouts du Maroc pour dynamiser ses régions. De plus, l'art en général et la musique en particulier offre le rêve qui est un droit pour tous et particulièrement pour les jeunes,. Alors mesdames et messieurs les artistes gardez le tempo et ne vous arrêtez surtout pas de nous faire rêver.
Trois questions à: Nouredine Lakhmari ,Réalisateur de cinéma et président du festival Amwaj de Safi.
«La ville profite énormément de son festival»
Quel est le budget du festival de Safi et quelle est sa répartition sur les domaines artistiques et technique ?
Pour la deuxième édition cette année, le budget était de 2.5 millions de DH. Celui de la première édition était de 2.2 millions mais on compte le stabiliser pour les années à venir à 2.5 voir 3 millions maximum parce qu'on a trop grandi et trop rapidement. Concernant sa répartition, nous ,et ce n'est pas une règle générale, nous dédions la plus grosse part au côté artistique car notre point fort est le produit musical qu'on offre au public. On n'a pas le budget de Mawazine pour ramener de grosses stars internationales. On mise surtout sur les meilleurs artistes locaux et orientaux avec des cachés raisonnables et une qualité musicale plus que défendable.
Quelle est la répartition des ressources entre les subventions, ressources propres, mécénat etc. ?
Contrairement à ce qu'a rapporté un journal marocain dont je tairai le nom et qui décidément n'aime pas la culture. La majorité des fonds de financement de notre festival ne provient pas de l'argent du contribuable, parce que tout simplement elle provient du secteur privé. Plusieurs sponsors comme Samsung, Hundai pour ne citer qu'eux se sont portés volontaire. On ne peut pas compter toujours sur l'Etat, il faut que le privé investisse plus car au bout du compte tout le monde sort gagnant.
Avez-vous ressenti des bienfaits ou des impacts économiques positifs sur la ville durant la période du festival et même pendant les mois qui suivent ?
Avec ce festival, on fait travailler tous les hôtels et les restaurants de la ville, la preuve c'est qu'ils affichent tous complet pendant cette période. J'ai parlé récemment à un commerçant boucher, il m'a affirmé qu'il n'a jamais autant vendu de viande que pendant la durée du festival. Je pense que la ville profite énormément de cet événement que ce soit économiquement, socialement ou culturellement. L'idéal pour moi est que ces retombées perdurent sur toute l'année et pour cela, il faut prévoir d'autres manifestations culturelles de ce genre, comme un festival de cinéma, d'art plastique ou encore de peinture. Il faut que chaque ville marocaine possède son ou ses festivals, c'est une grande chance pour nos cités pour s'améliorer et aller de l'avant car la culture est notre première arme. Il y a va de notre survie, de toute façon, on n'a plus le choix car on ne peut pas laisser le terrain aux idées noires qui peuvent récupérer nos jeunes.
Le plus important de ces événements en terme de budget est celui de Casablanca avec une enveloppe officielle de 28 millions de DH pour l'édition 2010 soit presque la même somme (27 millions de Dh) pour celle de Mawazine à Rabat. La plus grande progression budgétaire est enregistrée au festival Gnawa d'Essaouira avec un financement qui a décuplé en 8 ans, passant de 600.000 Dh en 1998 à 6 millions de Dh en 2006. D'autres manifestations mobilisent moins de ressources comme le festival Amwaj de Safi avec ses 2.5 millions de Dh pour 2010, mais globalement la tendance est à la hausse. D'autre part, les principaux bailleurs de fonds de ces événements (surtout quand il s'agit d'établissements publics) sont un secret de polichinelle mais sous l'insistance des médias les langues commencent progressivement à se délier.
Ainsi les origines des ressources varient selon les festivals, mais le plus grand pan (festival de Mawazine mise à part) reste celui des mécénats et sponsors mais aussi celui de la vente des billets pour les événements payants. Ces financements sont généralement répartis sur trois domaines : l'artistique qui ingurgite l'essentiel du budget allant jusqu'à 40 à 50% pour attirer les grosses têtes d'affiche comme pour le cas de Mawazine, le technique qui peut consommer jusqu'à 30% des ressources comme le cas du festival de Casablanca car l'infrastructure culturelle de base fait défaut dans le pays et qu'il faut faire appel à des techniciens et matériels étrangers, et puis la communication qui dépasse rarement les 20%. Pour ce qui est des retombées économiques sur les régions, on peut affirmer que les festivals de musique sont un moyen efficace pour dynamiser l'économie des villes organisatrices à court terme et plus ou moins à long terme.
Prenons l'exemple d'Essaouira (parce que son festival est l'un des plus anciens et offre donc plus de visibilité).
Les chiffres parlent d'eux même, la cité des Alizés a vu son nombre d'hôtels, de maison d'hôtes et de riads passer de 9 à 157 en dix ans et ce depuis le lancement de la première édition du festival de « tagnaouit». Même chose pour les restaurants et cafés qui ont passé de 24 à 209. La ville est devenue l'une des destinations touristiques les plus prisées du Royaume grâce à son festival. Et ce n'est pas tout, l'événement est devenu un véritable moteur d'effervescence économique, créateur d'emplois directs et indirects, temporaires et permanents ainsi qu'un vecteur de la renommée de la ville. L'autre exemple qui illustre ces propos est celui du festival rbati Mawazine dont les incidences économiques ont dépassé les frontière de la capitale en devenant une marque déposée avec des boutiques à son nom “Mawazine Store” qui propose des produits dérivés jusqu'au Twin de Casablanca.
Il est donc clair qu'à défaut d'une industrialisation massive, la culture peut être un formidable levier de développement. Elle reste l'un des meilleurs atouts du Maroc pour dynamiser ses régions. De plus, l'art en général et la musique en particulier offre le rêve qui est un droit pour tous et particulièrement pour les jeunes,. Alors mesdames et messieurs les artistes gardez le tempo et ne vous arrêtez surtout pas de nous faire rêver.
«La ville profite énormément de son festival»
Quel est le budget du festival de Safi et quelle est sa répartition sur les domaines artistiques et technique ?
Pour la deuxième édition cette année, le budget était de 2.5 millions de DH. Celui de la première édition était de 2.2 millions mais on compte le stabiliser pour les années à venir à 2.5 voir 3 millions maximum parce qu'on a trop grandi et trop rapidement. Concernant sa répartition, nous ,et ce n'est pas une règle générale, nous dédions la plus grosse part au côté artistique car notre point fort est le produit musical qu'on offre au public. On n'a pas le budget de Mawazine pour ramener de grosses stars internationales. On mise surtout sur les meilleurs artistes locaux et orientaux avec des cachés raisonnables et une qualité musicale plus que défendable.
Quelle est la répartition des ressources entre les subventions, ressources propres, mécénat etc. ?
Contrairement à ce qu'a rapporté un journal marocain dont je tairai le nom et qui décidément n'aime pas la culture. La majorité des fonds de financement de notre festival ne provient pas de l'argent du contribuable, parce que tout simplement elle provient du secteur privé. Plusieurs sponsors comme Samsung, Hundai pour ne citer qu'eux se sont portés volontaire. On ne peut pas compter toujours sur l'Etat, il faut que le privé investisse plus car au bout du compte tout le monde sort gagnant.
Avez-vous ressenti des bienfaits ou des impacts économiques positifs sur la ville durant la période du festival et même pendant les mois qui suivent ?
Avec ce festival, on fait travailler tous les hôtels et les restaurants de la ville, la preuve c'est qu'ils affichent tous complet pendant cette période. J'ai parlé récemment à un commerçant boucher, il m'a affirmé qu'il n'a jamais autant vendu de viande que pendant la durée du festival. Je pense que la ville profite énormément de cet événement que ce soit économiquement, socialement ou culturellement. L'idéal pour moi est que ces retombées perdurent sur toute l'année et pour cela, il faut prévoir d'autres manifestations culturelles de ce genre, comme un festival de cinéma, d'art plastique ou encore de peinture. Il faut que chaque ville marocaine possède son ou ses festivals, c'est une grande chance pour nos cités pour s'améliorer et aller de l'avant car la culture est notre première arme. Il y a va de notre survie, de toute façon, on n'a plus le choix car on ne peut pas laisser le terrain aux idées noires qui peuvent récupérer nos jeunes.
