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Accueil next Comment appliquer les résolutions de la rentrée

Quel bilan social ?

Des réalisations et autant d'attentes. L'action du gouvernement s'est traduite par une baisse relative de la pauvreté au Maroc.

Quel bilan social ?
L'élargissement de l'AMO aux soins obligatoires, le Ramed, l'économie sociale et solidaire, autant d'acquis à inscrire à l'actif évalué à mi-parcours de son mandat. En revanche, les retraites, l'indemnité pour perte d'emploi, la Caisse de compensation, c'est de ce côté-là que la population attend le plus du gouvernement El Fassi.

Au cours du mandat de l'actuel Exécutif, le taux de chômage a été maintenu à un niveau inférieur à 10% en dépit d'une conjoncture de récession économique. Lorsqu'on compare ce niveau à celui observé dans d'autres économies similaires, on ne peut que s'en féliciter. Encore plus lorsqu'on oriente le benchmarking vers une économie développée comme celle, voisine, de l'Espagne où le chômage atteint un record de 20%. En revanche, deux constats méritent d'être cités dans le sillage des chiffres de l'emploi au Maroc. D'une part, le niveau de 9% recouvre des disparités énormes entre le milieu rural (seulement 3,7%) et le milieu urbain (13,8%). Chose qui montre l'effet apaisant d'une bonne saison agricole et qui n'exclut pas outre mesure l'effet de la demande externe sur l'activité économique urbaine.

D'autre part, il faut le reconnaître, les chiffres du chômage ne donnent pas une idée précise sur l'impact de la crise.

Car la moyenne annoncée par le HCP tient compte également des emplois créés après le déclenchement de la crise. Entre les anciens et les nouveaux emplois, les retombées de la crise se diluent par le jeu des chiffres. Mais l'on s'accorde à estimer à des dizaines de milliers les postes supprimés dans plusieurs secteurs touchés, particulièrement celui du textile-habillement.

Si le gouvernement a su développer la fonction de sa veille stratégique, la riposte à la crise a révélé un manque de réactivité. Le phénomène du chômage conjoncturel aurait mérité plus d'attention de la part de l'Exécutif. Par exemple, il aurait été pertinent d'accélérer la mise en place de l'Indemnité pour perte d'emploi (IPE) dans ce contexte précis. Faute de moyens ou de calculs partisans impliquant les meneurs du dialogue social, le projet tarde à voir le jour et c'est malheureux de le constater.

La question d'un filet social et économique aux individus privés d'un revenu minimum s'impose en tout cas aujourd'hui plus qu'hier.

Dans le domaine de l'Assurance-maladie obligatoire, le bilan reste contrasté. D'un côté, on peut se réjouir de l'élargissement de la couverture jusqu'aux soins ambulatoires, sans que cela ne remette en cause la pérennité du régime, que ce soit à la CNSS ou bien à la CNOPS. D'un autre côté, du moment que l'AMO est liée uniquement au marché du travail et ne concerne que la population salariée relevant du secteur formel, il n'y a pas eu de progrès notables sur le segment de l'informel.

De même qu'on attend toujours la mise en place d'une Assurance-maladie pour ceux qui travaillent pour leur propre compte, les indépendants, les professions libérales, les étudiants, etc.

Pour les personnes les plus démunies, après une expérience-pilote menée au niveau de la région de Béni Mellal, le gouvernement s'engage à généraliser le Ramed au reste du territoire au cours de l'année 2010. Sachant que cette assurance ne requiert aucune cotisation de la part des bénéficiaires, elle est financée exclusivement par l'Etat et les collectivités locales. S'agissant de la réforme de la Caisse de compensation, on peut dire que le gouvernement a consacré la moitié de son mandat au travail de recherches et d'analyses.
Des idées commencent à se dégager, le ministre Nizar Baraka doit maintenant convaincre ses collègues et ses partenaires qu'il est temps de passer à l'acte.
Enfin, à l'actif de l'actuel Exécutif, on peut inscrire la concrétisation d'un nouveau concept qui a déjà fait ses preuves sous d'autres cieux: celui de l'économie sociale et solidaire. Parmi les dix plans régionaux mis en place dans ce cadre, quatre devraient être opérationnels d'ici la fin de l'année et concerneraient les régions de Rabat, Guelmim, Laâyoune et Dakhla. Les autres régions seront couvertes en 2011.
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Une gymnastique intellectuelle difficile

La bombe à retardement des retraites ne semble pas préoccuper la majorité actuelle. Pourtant, la réforme de ce secteur figurait parmi les points saillants du programme présenté aux électeurs en 2007. Plusieurs commissions, à vocations technique, administrative ou scientifique, ont été créées depuis 2003 sans que cela ne débouche sur une ébauche de modèle adapté à la réalité de la population marocaine.
Les données démographiques actuelles et futures compliquent, certes, la tâche des réformistes, mais de toute évidence, la réforme devrait prendre en compte deux dimensions essentielles. L'une, d'ordre institutionnel, consiste à trouver un schéma-cible regroupant les quatre régimes existants entre le public et le privé (CNSS, CIMR, CMR, RCAR). La deuxième, d'ordre paramétrique, il n'y a donc pas lieu de «réinventer la roue». Trois variables sont généralement visées partout dans le monde : la cotisation, la pension et l'âge de la retraite. In fine, ce n'est pas l'expertise actuariale qui fait défaut. C'est une question de courage et de volonté politiques. Maintenant, la deuxième moitié d'un mandat gouvernemental serait-elle opportune pour mener une réforme de cette nature et de cette ampleur ? Si l'on se réfère au modèle français, malgré la défaite de sa majorité lors des régionales du mois de mars dernier, N. Sarkozy fait encore de la réforme des retraites sa priorité, voire le test majeur de son avenir politique. Il a dû même ordonner un mini-remaniement ministériel pour remplacer le ministre de l'Emploi chargé de ce dossier, Xavier Darcos. Ce dernier a été fragilisé par sa sévère défaite en Aquitaine.
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