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Samir, l'unique raffineur national, en alerte

A cause des pluies torrentielles, les équipes du raffineur national ont dû mettre
à l'arrêt trois des cinq unités de la centrale de Mohammedia. L'objectif était de prévenir les risques d'incendie. L'approvisionnement du marché n'a pas été impacté, assure Samir.

Samir, l'unique raffineur national, en alerte
Deux unités à l'arrêt, une autre fonctionnant au ralenti, un marché craignant une rupture de l'approvisionnement en hydrocarbures et une ambiance sous haute tension. Tel a été le lot des dirigeants de la Société marocaine de l'industrie et du raffinage (Samir) lors de la première semaine de ce mois de décembre, durant laquelle des pluies torrentielles se sont abattues sur la ville de Mohammedia.

Car, ici, quand le ciel déverse son rideau de pluie, les yeux, inquiets, se tournent vers les installations des voisins à haut risque de la ville : les raffineries de Samir. En cause : le souvenir de l'incendie de 2002, qui a ravagé les installations du raffineur, est toujours vivace. Du coup, dans la matinée du mardi 30 novembre dernier, une cellule de crise s'est constituée chez le raffineur pour étudier les risques que peuvent courir ses installations au cas où le barrage de Oued El Maleh menacerait de rompre. Surtout que son taux de remplissage a atteint les 100% depuis le lundi 29 octobre. Et qu'une partie de l'axe routier Casablanca-Rabat est presque condamnée par de premiers débordements.

A la mi-journée de ce mardi 30 novembre, décision est prise par la direction générale de Samir de mettre à l'arrêt deux des cinq unités de raffinage. Il s'agit des unités Topping I et Topping II, qui seraient les plus exposées au risque d'inondation. Une troisième unité est restée opérationnelle mais à son régime bas, une décision dite de « précaution » pour prévenir les risques d'incendie. Topping I et Topping II représentent environ 20% de la capacité de production de Samir. L'arrêt de ces deux unités a duré trois jours, selon les déclarations du raffineur. Elles ont redémarré leur activité dans la soirée du jeudi 2 décembre.

Quid de l'approvisionnement du marché local ? A-t-il était impacté par cet arrêt provisoire ? A ces questions, les dirigeants de Samir s'empressent de répondre par un « non » catégorique. « Samir dispose d'un stock de deux mois. Le marché a été approvisionné normalement et il n'y a pas lieu de parler de pénurie », répond cette source autorisée auprès du raffineur. Ce dernier dit avoir rassuré l'Etat, via le ministère de l'Energie et des mines, quant à l'état normal de l'approvisionnement. « Nous les tenons toujours informés », soulignent les responsables de Samir qui disent avoir d'abord un engagement vis-à-vis de l'Etat marocain et non vis-à-vis de certains distributeurs qui « tentent de déstabiliser le marché moyennant des rumeurs infondées ».

Précautions

Des rumeurs insistantes ont circulé, en fin de semaine dernière, quant à un arrêt de livraison des distributeurs nationaux en hydrocarbures. Des rumeurs alimentées sans doute par le spectacle d'une longue file des camions-citernes (la semaine dernière, jusqu'à lundi) depuis le début des intempéries qui ont ralenti le trafic (le début de débordement du barrage de Oued El Maleh a condamné une partie de l'axe routier Casablanca-Rabat). Des dizaines d'hectares sont submergées d'eau.

A quelques centaines de mètres, l'entrée principale de la raffinerie est intacte et le trafic des camions citernes « normal ». « Toutes les précautions ont été prises pour assurer un approvisionnement normal du marché », assure-t-on auprès du raffineur. D'ailleurs, selon Samir, 80% des distributeurs sont fournis à travers des pipelines. Le reste à travers les camions citernes.

Lundi 6 décembre, toutes les unités étaient opérationnelles et les équipes de contrôle aux aguets, au cas où il fallait intervenir.

Au niveau de la salle de contrôle des machines, une équipe d'agents spécialisés se relaie pour suivre les indicateurs et clignotants de chaque unité opérationnelle, avec à l'esprit une seule crainte : l'éventualité d'une montée des eaux (causée par la pluie) qui pourraient produire des remontées des résidus d'hydrocarbures à la surface et qui, une fois en contact avec les parties encore chaudes de la centrale thermoélectrique, peuvent provoquer un incendie (comme en 2002). « Un tel risque est loin derrière nous grâce à la vigilance de nos équipes », rassure Samir.

La société assure qu'en plus de la digue de protection mise en place, dans le cadre de plan de modernisation de la raffinerie (finalisé à 100% avec la mise en service de l'unité d'hydrocracking), les nouvelles unités mises en place ramènent les risques d'incendie à des degrés minimes.

Les anciennes installations (Topping I et II dédiées à la distillation) devraient être démontées prochainement, selon un haut cadre du raffineur. Et ce après la finalisation de l'unité Topping IV, une installation « high tech » qui intègre les dernières nouveautés en matière de raffinage.


Pour éviter le scénario de 2002

Les risques d'inondations à Mohammedia remettent toujours sur la table le débat sur la politique énergétique et la libéralisation du secteur, et rappellent, surtout cette journée du lundi 26 novembre 2002. Avec la montée des eaux, qui ont atteint jusqu'à deux mètres, un incendie s'était déclenché à Samir. Les flammes ont pratiquement emporté toutes les installations.

En plus de la perte de deux vies humaines, on a déploré 1,5 milliard de dirhams de dégâts matériels. La centrale, unique raffinerie du pays qui assure plus de 80% des besoins du Maroc en hydrocarbures, a été largement endommagée. Au lendemain des inondations, l'Etat marocain avait demandé à Samir de délocaliser à Jorf Lasfar son activité de raffinage. Ce que Samir a catégoriquement refusé ,prétextant le coût élevé de ce scénario, qui dépasserait les investissements prévus (nécessité de renouvellement d'une bonne partie des installations). En 2008, le raffineur signe un contrat avec une société espagnole portant sur les études de conception du projet de remplacement des anciennes unités de distillation (Topping I et II) de la raffinerie de Mohammedia, par une nouvelle unité (Topping IV) d'une capacité annuelle de 4 millions de tonnes.

La construction de cette unité a nécessité un budget d'environ 120 millions d'euros et serait opérationnelle début 2011.
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