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La RAM livrée à elle-même ?

Le transporteur national estampillé RAM est dans une mauvaise passe. Les compagnies low-cost (Easy jet, Rayanair, Jet4you, Air Arabia Maroc,…) ne cessent de le déranger RAM en étendant de plus en plus leurs ailes en Europe et en Afrique. Des évolutions qui ne peuvent qu'inquiéter sur son devenir.

La RAM livrée à elle-même ?
Décidément, le sort de la compagnie aérienne nationale ne préoccupe pas pour autant les autorités de tutelle. Le ministre de l'Equipement et des Transports, Karim Ghellab, n'a pas souhaité donné suite à notre requête. Par contre, c'est sa chargée de communication, Khadija Bourara, qui se substitue à lui et parle au nom du gouvernement. «La politique de libéralisation se poursuit. Pas question de revenir en arrière... Royal Air Maroc a tous les outils pour dépasser ce qui se passe.

D'ailleurs, on l'a toujours suivie de très près. A chaque fois qu'on a été interpellé, on était là. On l'a renflouée et on l'a soutenue… Quant elle avait demandé le développement du hub, on l'a fait, quant elle avait besoin du conseil technologique, on était là, même lorsque le problème de la grève des pilotes de ligne a éclaté, on a intervenu… », a-t-elle martelé tout en perdant de vue la situation délicate dans laquelle est embourbée le transporteur public aujourd'hui menacé dans ses marchés les plus juteux. En effet, des compagnies low-cost (Easyjet, Rayanair, Jet4you, Air Arabia Maroc,…) ne cessent de le déranger en étendant de plus en plus leurs ailes en Europe. Les réalisations en 2009 et les perspectives de développement en 2010 de certaines d'entre elles en disent long sur la concurrence exacerbée qu'elles lui livrent. En effet, Après avoir enregistré près de 1 million de passagers en 2009, l'objectif de Jet4you à l'horizon 2010 est d'élargir le réseau à d'autres pays européens et continuer à offrir à sa clientèle une palette de destinations aux prix les plus bas. A préciser qu'elle a déjà annoncé le 13 janvier dernier l'ouverture d'une nouvelle ligne entre Casablanca et Bordeaux dont le premier vol aura lieu le 29 mars 2010.

Il a été également décidé d'augmenter le nombre de fréquences à destination de Barcelone et Toulouse à raison d'un vol supplémentaire par semaine, en raison du frac succès affiché par ces deux destinations. En outre, cette compagnie low-cost relevant à 100% du Groupe international TUI ambitionne de lancer une nouvelle ligne vers Nantes au départ de Marrakech à raison d'un vol par semaine (dimanche) et ce à partir du 12 février 2010. A date d'aujourd'hui, après quatre ans d'activités, cette compagnie dessert plus de 20 destinations dans six pays, tout en profitant du leasing opérationnel des avions grâce aux synergies avec la société mère.

Des indicateurs au vert
Air Arabia Maroc n'est pas en reste. Neuf mois après son lancement, elle est arrivée à s'imposer en affichant des indicateurs positifs au terme de l'année dernière. «On dispose déjà de trois avions A320. Grâce à la vision touristique adoptée par le Maroc, on est arrivé à lier le Maroc avec 12 destinations européennes. Le taux de ponctualité a, lui, dépassé les 95% en janvier courant grâce à notre flotte moderne, sachant que le plus ancien appareil a 1,5 ans. Et ce en plus de la proposition de produits économiques et simples», a indiqué, Rohit Ramachandran, directeur des opérations chez Air Arabia Maroc, première compagnie aérienne à avoir accepté le paiement des billets par carte bancaire locale. Pour 2010, cette compagnie low-cost mise gros sur le Maroc. «On profite de la stratégie touristique nationale ainsi que de la proximité avec l'Europe. Ainsi, les liaisons entre le Maroc et l'Europe font partie de nos priorités pour les prochaines années, surtout la France. Aujourd'hui, on dessert dix destinations européennes à partir du Hub de Casablanca. Je tiens à préciser aussi, que Air Arabia préfère les destinations ayant de petits aéroports. C'est très intéressants pour les MRE», a-t-il ajouté. Le marché de l'Afrique de l'Ouest est également dans la ligne de mire de cette compagnie visant aussi l'Afrique du Nord. «On cible d'autres destinations notamment en Afrique de l'Ouest, car cela cadre avec notre stratégie de s'attaquer aux destinations dont la durée de vols, vers ou à partir du Maroc, ne dépasse pas quatre ou cinq heures. Les négociations sont en cours avec les gouvernements des pays concernés», a-t-il avancé. A souligner que ce transporteur a un autre atout dans sa manche. Basé à l'aéroport de Mohammed V à Casablanca, depuis avril 2009, il est membre du Groupe Air Arabia (compagnie aérienne) qui a déjà commandé près de 44 avions dont deux ou trois (A380) seront destinés à la filiale marocaine. Même l'idée de lancer des vols internes est posée sur la table. «Ce n'est pas à l'ordre du jour pour le moment. Mais, on pourrait s'y attaquer dans le futur, du moment qu'il est question d'exploiter toutes les opportunités rentables pour le développement de notre compagnie», a déclaré le management d'Air Arabia Maroc.

Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Les difficultés financières aggravées notamment par la crise financière et économique internationale et les fluctuations des prix du pétrole à l'international ne pourraient qu'inquiéter sur le devenir de la compagnie nationale qui semblerait aujourd'hui, livrée à elle-même. Une étude est d'ailleurs en cours pour évaluer l'impact de la crise sur ses comptes et en même temps pour décliner les modèles économiques à court et à moyen terme en guise de solutions à sa situation actuelle. Ses résultats sont attendus fin mars.
«On attend la copie de RAM pour discuter des orientations stratégiques qui seront à adopter par un conseil d'administration regroupant les représentants
du gouvernement», a lancé orgueilleusement, comme d'ordinaire, Khadija Bourara.
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Inadéquation

En vertu de l'accord open sky conclu entre le gouvernement marocain et l'union européenne, le nombre d'opérateurs est en croissance et les tarifs en baisse. Depuis 2004, plus de 380 fréquences sont crées par semaine. Les compagnies low-cost ont la part léonine avec plus de 250 fréquences hebdomadaire. Celles-ci recrutent de nouveaux clients au détriment du marché des charters qui se trouve en perte de vitesse. Même le transport traditionnel est dans une mauvaise passe surtout avec la crise internationale. Pour ne citer que la ville de Marrakech, elle la chasse gardée des low-cost qui la desservent à hauteur de 70%, contre 20% pour les charters et 10% seulement par les compagnies régulières. Hors pour booster la destination, il est primordial de faire revenir, au moins un transporteur régulier, surtout après le départ de certaines compagnies comme Air France. D'autant que la ville ocre se veut une destination de tourisme de luxe. L'offre aérienne devra suivre du moment qu'une clientèle de luxe n'opte pas pour le low-cost. Ne s'agit-il pas d'une inadéquation entre l'offre aérienne et le produit touristique.
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