Agriculteurs, il n'est plus nécessaire de travailler le sol avant de semer le blé. Il est même recommandé de ne plus le faire du tout. C'est ce que recommande le très sérieux Institut national de recherche agronomique (INRA). Lequel propose aussi une alternative : le semi direct. « C'est un système qui repose sur l'élimination de tous les travaux du sol préalables à l'opération du semi », indique un chercheur de l'INRA.
Le labour, qui est était considéré de tout temps comme un grain du génie humain, est donc à éviter. Il n'a plus aujourd'hui les vertus que ses adeptes d'antan lui reconnaissaient. Bien au contraire, les dernières études y décèlent bien des méfaits. « L'agriculture conventionnelle repose sur les travaux du sol, et l'intensité du labour a toujours été synonyme de performance. Aujourd'hui, cette agriculture est remise en cause », insiste ce chercheur de l'INRA.
Selon les dernières recherches, « les labours contribuent à la dégradation des sols par érosion et augmentent le gaz à effet de serre dans l'atmosphère ». Et ce n'est pas tout. Le labour a aussi un impact négatif sur le potentiel productif du sol. « Il réduit la production en raison de son inefficience dans la conservation de l'eau qui se trouve aggravée par l'inadaptation climatique », argumente un autre chercheur de l'INRA. En fait, le travail du sol augmente l'évaporation de l'eau conservée dans le sol et l'émission de carbone. Du coup, la technique du labour mécanique n'est pas du tout adaptée aux périodes de sécheresse, ni aux territoires arides.
Le semi direct est présenté comme la solution. Cette technique permet la couverture du sol par les résidus qui sont indispensables pour en améliorer l'activité biologique. Elle l'immunise ainsi contre les émissions de gaz et la perte des eaux par évaporation. En conséquence, les ressources naturelles se trouvent protégées.
Economie de temps et d'énergie
L'autre vertu du semi direct, selon les spécialistes, est d'ordre économique (voir tableau). Quand il se met à semer, l'agriculteur n'a pas besoin d'effectuer plusieurs passages. Un seul suffit aussi bien pour la semence, les engrais que les autres tâches. « Le coût économique du labour est élevé. Le système du semi direct permet à l'agriculture de réduire jusqu'à 90% les frais de gasoil, des huiles de moteurs et d'usure du matériel », explique un chercheur de l'Institut national de recherche agronomique. Un gain jugé conséquent pour les agriculteurs d'autant plus que le Maroc importe le matériel agricole, les pièces de rechange ainsi que le gasoil et les huiles de moteurs.
Mais là où le bât blesse, c'est au niveau de la diffusion du système « semi direct ». Même si les expérimentations du procédé remontent à 1999, ce n'est qu'en 2010 que le système a été proposé pour la région Chaouia-Ourdigha. Un cadre de l'INRA n'y va pas par quatre chemins : « une décision politique s'impose pour que le semi direct soit adopté par les agriculteurs. A présent, ce n'est pas une priorité. La preuve, c'est qu'il ne figure nulle part dans le plan Maroc vert ». L'autre obstacle de taille est le matériel en lui-même. « Le semoir non labour est importé du Brésil et il coûte 440.000 DH », explique un chercheur de l'INRA. Ce qui impose un travail collaboratif entre agriculteurs pour la mutualisation des moyens.
En vue de contourner cette difficulté, un prototype marocain a été développé par le laboratoire de machinisme agricole et le centre régional de recherche agricole de Settat. « La première génération du semoir marocain coûte 60.000 DH et la seconde 75.000 DH. Le semoir actuellement sur le marché est vendu à 100.000 DH », précise notre expert.
Quoi qu'il en soit, de l'avis des spécialistes, le semi direct ne dépend pas uniquement du prix du matériel. L'Etat doit en faire son chantier prioritaire, militent-ils, puisque l'on parle de plus en plus de développement durable et d'écologie. Et si l'Etat fait le premier pas, tout suivra .
n 1999 : Premiers essais de mise en place de semoirs appropriés au semi direct par l'INRA/IAV (Institut agronomique et vétérinaire) en partenariat avec la DERD (Direction de l'enseignement, de la recherche et du développement du ministère de l'Agriculture).
1999 : Fabrication des premiers prototypes industriels du semoir non labour par l'INRA et ATMAR (Les Ateliers marocains), constructeur de matériel agricole.
1999-2002 : Démonstration chez les agriculteurs de Settat, Khouribga et Kelâa Esraghna.
2000-2006 : Démonstration chez les membres du conseil régional de Chaouia-Ourdigha.
2006-2009 : Mise en place de modèles pour le développement du semi direct.
2009-2010 : Développement du semi direct pour la région Chaouia/Ourdigha par l'INRA et la DRA (Direction régionale agricole) de Settat.
Le labour, qui est était considéré de tout temps comme un grain du génie humain, est donc à éviter. Il n'a plus aujourd'hui les vertus que ses adeptes d'antan lui reconnaissaient. Bien au contraire, les dernières études y décèlent bien des méfaits. « L'agriculture conventionnelle repose sur les travaux du sol, et l'intensité du labour a toujours été synonyme de performance. Aujourd'hui, cette agriculture est remise en cause », insiste ce chercheur de l'INRA.
Selon les dernières recherches, « les labours contribuent à la dégradation des sols par érosion et augmentent le gaz à effet de serre dans l'atmosphère ». Et ce n'est pas tout. Le labour a aussi un impact négatif sur le potentiel productif du sol. « Il réduit la production en raison de son inefficience dans la conservation de l'eau qui se trouve aggravée par l'inadaptation climatique », argumente un autre chercheur de l'INRA. En fait, le travail du sol augmente l'évaporation de l'eau conservée dans le sol et l'émission de carbone. Du coup, la technique du labour mécanique n'est pas du tout adaptée aux périodes de sécheresse, ni aux territoires arides.
Le semi direct est présenté comme la solution. Cette technique permet la couverture du sol par les résidus qui sont indispensables pour en améliorer l'activité biologique. Elle l'immunise ainsi contre les émissions de gaz et la perte des eaux par évaporation. En conséquence, les ressources naturelles se trouvent protégées.
Economie de temps et d'énergie
L'autre vertu du semi direct, selon les spécialistes, est d'ordre économique (voir tableau). Quand il se met à semer, l'agriculteur n'a pas besoin d'effectuer plusieurs passages. Un seul suffit aussi bien pour la semence, les engrais que les autres tâches. « Le coût économique du labour est élevé. Le système du semi direct permet à l'agriculture de réduire jusqu'à 90% les frais de gasoil, des huiles de moteurs et d'usure du matériel », explique un chercheur de l'Institut national de recherche agronomique. Un gain jugé conséquent pour les agriculteurs d'autant plus que le Maroc importe le matériel agricole, les pièces de rechange ainsi que le gasoil et les huiles de moteurs.
Mais là où le bât blesse, c'est au niveau de la diffusion du système « semi direct ». Même si les expérimentations du procédé remontent à 1999, ce n'est qu'en 2010 que le système a été proposé pour la région Chaouia-Ourdigha. Un cadre de l'INRA n'y va pas par quatre chemins : « une décision politique s'impose pour que le semi direct soit adopté par les agriculteurs. A présent, ce n'est pas une priorité. La preuve, c'est qu'il ne figure nulle part dans le plan Maroc vert ». L'autre obstacle de taille est le matériel en lui-même. « Le semoir non labour est importé du Brésil et il coûte 440.000 DH », explique un chercheur de l'INRA. Ce qui impose un travail collaboratif entre agriculteurs pour la mutualisation des moyens.
En vue de contourner cette difficulté, un prototype marocain a été développé par le laboratoire de machinisme agricole et le centre régional de recherche agricole de Settat. « La première génération du semoir marocain coûte 60.000 DH et la seconde 75.000 DH. Le semoir actuellement sur le marché est vendu à 100.000 DH », précise notre expert.
Quoi qu'il en soit, de l'avis des spécialistes, le semi direct ne dépend pas uniquement du prix du matériel. L'Etat doit en faire son chantier prioritaire, militent-ils, puisque l'on parle de plus en plus de développement durable et d'écologie. Et si l'Etat fait le premier pas, tout suivra .
Les dates clés du semi direct au Maroc
n 1997-2000 : Evaluation du semi-direct en milieu réel grâce à un partenariat entre l'INRA et la DAF (direction administrative et financière du ministère de l'agriculture).n 1999 : Premiers essais de mise en place de semoirs appropriés au semi direct par l'INRA/IAV (Institut agronomique et vétérinaire) en partenariat avec la DERD (Direction de l'enseignement, de la recherche et du développement du ministère de l'Agriculture).
1999 : Fabrication des premiers prototypes industriels du semoir non labour par l'INRA et ATMAR (Les Ateliers marocains), constructeur de matériel agricole.
1999-2002 : Démonstration chez les agriculteurs de Settat, Khouribga et Kelâa Esraghna.
2000-2006 : Démonstration chez les membres du conseil régional de Chaouia-Ourdigha.
2006-2009 : Mise en place de modèles pour le développement du semi direct.
2009-2010 : Développement du semi direct pour la région Chaouia/Ourdigha par l'INRA et la DRA (Direction régionale agricole) de Settat.
