«Chers clients, c'est avec une grande tristesse que nous vous annonçons la fermeture de notre magasin dédié aux intolérants au gluten. En effet, après 11 mois d'exploitation, le concept n'a pas rencontré le succès escompté auprès des cœliaques au Maroc ». Ce mailing adressé début octobre 2010 par le magasin casablancais Grain de maïs en dit long, trop long sur la souffrance d'une frange de la population marocaine. Celle atteinte d'une maladie cœliaque, pour qui un régime rigoureux sans gluten est la seule et unique thérapie efficace. Pour manger sans gluten, il faut absolument bannir le blé, le seigle, l'avoine, l'orge, l'épeautre et le kamut. Bref, c'est la galère surtout pour les patients vivant dans un pays peu sensibilisé à la maladie.
Au Maroc, il n'existe aucune statistique officielle qui permette d'estimer le nombre des coeliaques. Mais une simple extrapolation avec la moyenne constatée dans le bassin méditerranéen (même habitudes alimentaires) permet de nous faire une idée : un Marocain sur 200 devrait souffrir d'une allergie au gluten. Il est important de savoir que la maladie ne se présente pas toujours de manière visible; ses formes cliniques sont nombreuses. Le dépistage n'est pas encore obligatoire et les tests de diagnostic, relativement chers, se font sous d'autres cieux.
Depuis sa création en 2001, l'Association marocaine des intolérants au gluten (AMIG) compte aujourd'hui des milliers de membres. C'est elle qui prend à bras le corps la défense des intérêts vitaux des patients. Après dix ans de militantisme, elle vient à peine de gagner sa première bataille…sur le terrain des droits de douane. Les premières réunions avec les responsables de certains départements ministériels (Santé, Industrie, Commerce extérieur) remontent à 2006, nous rappelle Fatiha Zarhane, présidente de l'AMIG. Quatre ans plus tard, le décret de tarification douanière des produits alimentaires sans gluten sera revu une première fois en octobre 2010 (ramenée de 49,5 à 25%), puis une seconde fois suite à l'amendement présenté par le ministère de la Santé en marge des discussions sur la loi de Finances 2011. A compter du 1er janvier dernier, les droits de douane passent donc à 2,5%. L'AMIG aurait souhaité le faire ramener à 0%, mais le gouvernement, lui, voulait l'arrimer au taux le plus bas appliqué aux médicaments importés. C'est déjà un pas en avant d'autant plus que, face à la réticence de l'industrie agroalimentaire locale, l'import reste la seule issue pour les patients…et pas tous. Il suffit de savoir qu'un kilo de farine « sans gluten » se vend en moyenne à 90 DH, contre seulement 10 DH pour une farine normale. « Ce niveau de prix n'est pas à la portée des gens issues des couches défavorisées », témoigne Ikram, propriétaire associée du magasin liquidé Grain de maïs . C'était l'une des deux seules enseignes autorisées à importer et commercialiser des produits sans gluten sur l'ensemble du territoire marocain, toutes deux basées à Casablanca. De quoi imaginer le calvaire des cœliaques obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour se procurer une paire de baguette à 50 DH ! Pour les démunis, les repas de tous les jours se font au rythme de bols de riz et de galettes de maïs, soient les seules céréales tolérées aux cœliaques. Quant aux patients plus ou moins aisés, ils préfèrent faire leurs courses à l'étranger, particulièrement en Europe, là où les supermarchés aménagent des rayons dédiés exclusivement aux produits « sans gluten » avec, en plus, des prix identiques à ceux des produits classiques.
L'étiquetage, une autre paire de manches Maintenant, la baisse des droits de douane aura-t-elle un impact sur les prix? Dans l'absolu, oui, ils devraient baisser de près de 50%. Contactée par Écoplus, Meriem Benmalek, propriétaire de Santivieri, unique vendeur présent pour le moment sur le marché, dit avoir eu écho de la baisse de la tarification douanière et n'exclut pas la possibilité de la répercuter dans les semaines qui viennent. Logiquement, les prix doivent baisser de moitié d'un seul coup, ce qui rend la farine sans gluten abordable à environ 50 DH le kilo, à titre d'exemple. Une situation qui laisse sceptiques les membres de l'AMIG. « La baisse des droits de douane ne réglera pas le problème. Les produits resteront inaccessibles à la majorité des cœliaques », regrette Fatiha Zahrane. Selon elle, la solution passe par une prise en charge des aliements sans gluten par les organismes de prévoyance sociale, et ce à l'instar des Etas-Unis et d'autres pays d'Europe. En France par exemple, la maladie est considérée en tant qu'Affection de longue durée (ALD). La sécurité la prend en charge, des soins jusqu'à l'alimentation, sur la base des prix indiqués (LPPR) sur les vignettes des produits consommés .
Que ce soit le pain, la farine, les pates ou les biscuits, chaque aliment a sa propre base de remboursement. Le plafond de la prise en charge est fixé à 45,73 euros pour les adultes et les enfants de plus de dix ans, et à 33,54 euros pour les enfants de moins de dix ans. Au Maroc, certains membres de l'AMIG ont déjà sollicité l'appui de la CNOPS et de la CMIM (mutuelle du secteur bancaire), mais en vain. La décision revient finalement aux instances politiques, particulièrement l'ANAM censée s'inspirer de la pratique internationale et proposer au ministère de la Santé
l'intégration des « produits sans gluten » dans la liste des maladies remboursables par la CNSS et la CNOPS. En attendant, l'AMIG travaille d'arrache pied sur un autre chantier non moins important, à savoir l'étiquetage des produits, de sorte à préciser la teneur en gluten dans la composition des aliments. Car, ce que la plupart des industriels marocains ignorent encore, plusieurs produits à première vue anodins peuvent contenir du gluten en petites quantités (yaourts, conserves, etc) alors que pour de nombreux cœliaques, une concentration minime de gluten suffit pour tomber gravement malade pendant un ou plusieurs jours. La balle est désormais dans le camp du ministère de l'Industrie.
Au Maroc, il n'existe aucune statistique officielle qui permette d'estimer le nombre des coeliaques. Mais une simple extrapolation avec la moyenne constatée dans le bassin méditerranéen (même habitudes alimentaires) permet de nous faire une idée : un Marocain sur 200 devrait souffrir d'une allergie au gluten. Il est important de savoir que la maladie ne se présente pas toujours de manière visible; ses formes cliniques sont nombreuses. Le dépistage n'est pas encore obligatoire et les tests de diagnostic, relativement chers, se font sous d'autres cieux.
Depuis sa création en 2001, l'Association marocaine des intolérants au gluten (AMIG) compte aujourd'hui des milliers de membres. C'est elle qui prend à bras le corps la défense des intérêts vitaux des patients. Après dix ans de militantisme, elle vient à peine de gagner sa première bataille…sur le terrain des droits de douane. Les premières réunions avec les responsables de certains départements ministériels (Santé, Industrie, Commerce extérieur) remontent à 2006, nous rappelle Fatiha Zarhane, présidente de l'AMIG. Quatre ans plus tard, le décret de tarification douanière des produits alimentaires sans gluten sera revu une première fois en octobre 2010 (ramenée de 49,5 à 25%), puis une seconde fois suite à l'amendement présenté par le ministère de la Santé en marge des discussions sur la loi de Finances 2011. A compter du 1er janvier dernier, les droits de douane passent donc à 2,5%. L'AMIG aurait souhaité le faire ramener à 0%, mais le gouvernement, lui, voulait l'arrimer au taux le plus bas appliqué aux médicaments importés. C'est déjà un pas en avant d'autant plus que, face à la réticence de l'industrie agroalimentaire locale, l'import reste la seule issue pour les patients…et pas tous. Il suffit de savoir qu'un kilo de farine « sans gluten » se vend en moyenne à 90 DH, contre seulement 10 DH pour une farine normale. « Ce niveau de prix n'est pas à la portée des gens issues des couches défavorisées », témoigne Ikram, propriétaire associée du magasin liquidé Grain de maïs . C'était l'une des deux seules enseignes autorisées à importer et commercialiser des produits sans gluten sur l'ensemble du territoire marocain, toutes deux basées à Casablanca. De quoi imaginer le calvaire des cœliaques obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour se procurer une paire de baguette à 50 DH ! Pour les démunis, les repas de tous les jours se font au rythme de bols de riz et de galettes de maïs, soient les seules céréales tolérées aux cœliaques. Quant aux patients plus ou moins aisés, ils préfèrent faire leurs courses à l'étranger, particulièrement en Europe, là où les supermarchés aménagent des rayons dédiés exclusivement aux produits « sans gluten » avec, en plus, des prix identiques à ceux des produits classiques.
L'étiquetage, une autre paire de manches Maintenant, la baisse des droits de douane aura-t-elle un impact sur les prix? Dans l'absolu, oui, ils devraient baisser de près de 50%. Contactée par Écoplus, Meriem Benmalek, propriétaire de Santivieri, unique vendeur présent pour le moment sur le marché, dit avoir eu écho de la baisse de la tarification douanière et n'exclut pas la possibilité de la répercuter dans les semaines qui viennent. Logiquement, les prix doivent baisser de moitié d'un seul coup, ce qui rend la farine sans gluten abordable à environ 50 DH le kilo, à titre d'exemple. Une situation qui laisse sceptiques les membres de l'AMIG. « La baisse des droits de douane ne réglera pas le problème. Les produits resteront inaccessibles à la majorité des cœliaques », regrette Fatiha Zahrane. Selon elle, la solution passe par une prise en charge des aliements sans gluten par les organismes de prévoyance sociale, et ce à l'instar des Etas-Unis et d'autres pays d'Europe. En France par exemple, la maladie est considérée en tant qu'Affection de longue durée (ALD). La sécurité la prend en charge, des soins jusqu'à l'alimentation, sur la base des prix indiqués (LPPR) sur les vignettes des produits consommés .
Que ce soit le pain, la farine, les pates ou les biscuits, chaque aliment a sa propre base de remboursement. Le plafond de la prise en charge est fixé à 45,73 euros pour les adultes et les enfants de plus de dix ans, et à 33,54 euros pour les enfants de moins de dix ans. Au Maroc, certains membres de l'AMIG ont déjà sollicité l'appui de la CNOPS et de la CMIM (mutuelle du secteur bancaire), mais en vain. La décision revient finalement aux instances politiques, particulièrement l'ANAM censée s'inspirer de la pratique internationale et proposer au ministère de la Santé
l'intégration des « produits sans gluten » dans la liste des maladies remboursables par la CNSS et la CNOPS. En attendant, l'AMIG travaille d'arrache pied sur un autre chantier non moins important, à savoir l'étiquetage des produits, de sorte à préciser la teneur en gluten dans la composition des aliments. Car, ce que la plupart des industriels marocains ignorent encore, plusieurs produits à première vue anodins peuvent contenir du gluten en petites quantités (yaourts, conserves, etc) alors que pour de nombreux cœliaques, une concentration minime de gluten suffit pour tomber gravement malade pendant un ou plusieurs jours. La balle est désormais dans le camp du ministère de l'Industrie.
