C'est possible de devenir farinier de poisson partout au Maroc sauf à Dakhla. C'est bel et bien le constat qui marque a priori l'esprit des industriels de la pêche dans la région de Oued Ed-Dahab-Lagouira. « Depuis l'an 2000, le ministère de la Pêche maritime a suspendu l'octroi d'agréments pour la construction d'unités de traitement de déchets de poissons », nous rappelle un haut responsable au sein de la Fédération nationale des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche (FENIP). « Nous vivons un problème lié au changement massif des responsables au sein du ministère de tutelle », ajoute-t-il.
Perte logistique
Pour quelle raison refuse-t-on alors aux industriels de Dakhla de valoriser leurs déchets de sardine de manière optimale ? « Nous avons adressé une demande d'agrément aux autorités locales et au ministère de la Pêche maritime. Jusqu'à ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse officielle », se désole Hoummaid Hamoudi, président de l'association des industries des produits de la mer de Oued Ed-Dahab (AIPMO). Officieusement, au niveau de la région, on leur a signifié qu'un tel projet allait nuire à la vocation touristique de la ville de Dakhla, prétextant que le processus de transformation provoquerait une dégradation de l'environnement. C'est faux, rétorque Hassan Sentissi, président de la Fenip, lui-même étant un grand farinier de poisson à Laâyoune. La technologie, dit-il, a tellement évolué que l'on peut dépasser ce genre de problèmes. « Les responsables du ministère craignent que les professionnels se concentrent davantage sur la valorisation des déchets au lieu de mieux valoriser la ressource pélagique », nous confie un industriel de Dakhla. Et d'ajouter : « c'est juste un tabou qui fait qu'on pense que l'industrie de la farine serait en train de bousiller les ressources ».
En tout état de cause, le statu quo actuel condamne les professionnels de la région à subir une perte logistique et hygiénique non négligeable. D'une part, le coût évitable du parcours de 600 kilomètres reliant Dakhla à Laâyoune, là où se concentrent les unités de traitement les plus proches. D'autre part, le facteur temps est déterminant pour la qualité du produit final. La meilleure farine est celle qui contient une faible teneur en histamine. Le traitement de la matière première doit se faire en temps réel, le taux d'histamine augmentant au fur et à mesure que le poisson s'abîme.
Pour mesurer l'importance d'une unité de fabrication de farine de sardines à Dakhla, un retour à la crise du poulpe en 2004 s'impose. Face à l'effondrement du stock, le gouvernement a mis en place un programme de reconversion des usines de traitement du poulpe dans la filière des petits pélagiques. Au bout de quatre ans, on compte déjà plus d'une vingtaine d'unités de transformation de sardines dans la région. Le besoin en traitement de déchets s'impose tout naturellement. Sauf que voilà, la direction des industries de la pêche, relevant du département de Aziz Akhannouch, refuse d'accorder l'agrément aux professionnels.
70 à 80 MDH pour une station de traitement
Pour mieux convaincre les autorités, l'idée d'une coopérative industrielle commence à faire son chemin. Au lieu que chacun traite ses déchets pour son propre compte, les professionnels veulent unir leurs efforts de manière à ce qu'une seule unité puisse transformer les déchets de toute la région. Seul hic, les règles du jeu de ce cadre restent à déterminer. Car les industriels n'ont pas tous la même taille. Or, pour pouvoir traiter 200.000 tonnes d'espèces pélagiques par an, il faut compter au moins 70 à 80 millions de DH pour l'installation d'une station de traitement industrielle. Se pose alors le problème du financement.
L'Etat a-t-il intérêt à débourser cette somme ou bien serait-il plus opportun de fixer juste des règles démocratiques pour le fonctionnement du projet ? De sorte que les revenus à générer servent d'abord à amortir l'investissement et à rémunérer le capital. Ensuite, le reste des bénéfices devrait logiquement revenir aux membres de la coopérative, mais à hauteur de leur apport en matières premières. Qu'en pense le ministère de tutelle ? Notre requête est restée sans réponse. Jusqu'au jour où nous mettions sous presse, c'était toujours le silence radio.
Perte logistique
Pour quelle raison refuse-t-on alors aux industriels de Dakhla de valoriser leurs déchets de sardine de manière optimale ? « Nous avons adressé une demande d'agrément aux autorités locales et au ministère de la Pêche maritime. Jusqu'à ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse officielle », se désole Hoummaid Hamoudi, président de l'association des industries des produits de la mer de Oued Ed-Dahab (AIPMO). Officieusement, au niveau de la région, on leur a signifié qu'un tel projet allait nuire à la vocation touristique de la ville de Dakhla, prétextant que le processus de transformation provoquerait une dégradation de l'environnement. C'est faux, rétorque Hassan Sentissi, président de la Fenip, lui-même étant un grand farinier de poisson à Laâyoune. La technologie, dit-il, a tellement évolué que l'on peut dépasser ce genre de problèmes. « Les responsables du ministère craignent que les professionnels se concentrent davantage sur la valorisation des déchets au lieu de mieux valoriser la ressource pélagique », nous confie un industriel de Dakhla. Et d'ajouter : « c'est juste un tabou qui fait qu'on pense que l'industrie de la farine serait en train de bousiller les ressources ».
En tout état de cause, le statu quo actuel condamne les professionnels de la région à subir une perte logistique et hygiénique non négligeable. D'une part, le coût évitable du parcours de 600 kilomètres reliant Dakhla à Laâyoune, là où se concentrent les unités de traitement les plus proches. D'autre part, le facteur temps est déterminant pour la qualité du produit final. La meilleure farine est celle qui contient une faible teneur en histamine. Le traitement de la matière première doit se faire en temps réel, le taux d'histamine augmentant au fur et à mesure que le poisson s'abîme.
Pour mesurer l'importance d'une unité de fabrication de farine de sardines à Dakhla, un retour à la crise du poulpe en 2004 s'impose. Face à l'effondrement du stock, le gouvernement a mis en place un programme de reconversion des usines de traitement du poulpe dans la filière des petits pélagiques. Au bout de quatre ans, on compte déjà plus d'une vingtaine d'unités de transformation de sardines dans la région. Le besoin en traitement de déchets s'impose tout naturellement. Sauf que voilà, la direction des industries de la pêche, relevant du département de Aziz Akhannouch, refuse d'accorder l'agrément aux professionnels.
70 à 80 MDH pour une station de traitement
Pour mieux convaincre les autorités, l'idée d'une coopérative industrielle commence à faire son chemin. Au lieu que chacun traite ses déchets pour son propre compte, les professionnels veulent unir leurs efforts de manière à ce qu'une seule unité puisse transformer les déchets de toute la région. Seul hic, les règles du jeu de ce cadre restent à déterminer. Car les industriels n'ont pas tous la même taille. Or, pour pouvoir traiter 200.000 tonnes d'espèces pélagiques par an, il faut compter au moins 70 à 80 millions de DH pour l'installation d'une station de traitement industrielle. Se pose alors le problème du financement.
L'Etat a-t-il intérêt à débourser cette somme ou bien serait-il plus opportun de fixer juste des règles démocratiques pour le fonctionnement du projet ? De sorte que les revenus à générer servent d'abord à amortir l'investissement et à rémunérer le capital. Ensuite, le reste des bénéfices devrait logiquement revenir aux membres de la coopérative, mais à hauteur de leur apport en matières premières. Qu'en pense le ministère de tutelle ? Notre requête est restée sans réponse. Jusqu'au jour où nous mettions sous presse, c'était toujours le silence radio.
