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Développement de la Bourse, ce que proposent les experts étrangers

Le Royaume peut compter sur ses propres moyens pour se doter d’une bourse efficace, mais son association avec des marchés étrangers peut accélérer la cadence. Des pistes pour y arriver.

Développement de la Bourse,  ce que proposent les experts étrangers
Il faut de vrais partenaires internationaux importants, mais minoritaires, qui peuvent accompagner la Bourse de Casablanca dans sa croissance et lui permettre de s’intégrer dans les grands réseaux de négociation et de diffusion de l’information.

Faut-il compter sur des places financières étrangères pour développer le marché boursier marocain ? Telle est la question que nous avons posée à deux experts européens qui ont pris part à la conférence, le 10 juin à Casablanca, sur le thème «La Bourse de Casablanca : quel trajectoire de croissance ? Enjeux, modèles et stratégies de développement». Leurs réponses étaient complémentaires. «Il faut de vrais partenaires internationaux importants, mais minoritaires, qui peuvent accompagner la Bourse de Casablanca dans sa croissance et lui permettre de s’intégrer dans les grands réseaux de négociation et de diffusion de l’information», recommande Dominique Brutin, ex-directeur général de la Bourse de Paris et d’Atos Euronext.

Il ne faut surtout pas, ajoute-t-il, commettre l’erreur d’Euronext quand il s’est associé à la société gestionnaire du marché américain, le NYSE. Pour notre expert, qui a déjà accompagné la Bourse de Casablanca dans la mise en place de son système de négociation entre 1995 et 1997, une association avec de petites bourses régionales serait également une bonne alternative. Sauf que les difficultés pour ce faire sont considérables. «Ça me rappelle la première phase du développement d’Euronext qui était bonne, en créant un pôle composé des bourses de Paris, Portugal, Belgique et une partie de l’Angleterre», indique Brutin. Philippe Planchat, associé du cabinet Chappuis Halder, porte un autre regard : «pour le développement d’un marché régional, ma position est de ne pas miser sur une approche stratégique, mais plutôt opportuniste, en réfléchissant à quelques axes de coopérations avec d’autres marchés».

Cela est d’autant plus souhaitable que le Maroc n’est pas au cœur des marchés africains qui sont en train de se développer, à savoir Ghana, Nigeria, Kenya, et une bonne autre partie de l’Afrique anglophone. Il est à cheval entre deux zones. Il est au bord de la zone européenne et au bord la zone africaine. Au sens de notre interlocuteur, le cluster de développement dans le continent n’est pas en Afrique du Nord, mais dans l’Afrique subsaharienne. Notre expert évoque 6 à 9 autres pôles de ce genre dans le monde : Asie du Sud-Est, Asie du Nord et Asie du Sud, sans compter ceux en Europe et en Amérique. «C’est une sorte de régionalisation, résultat de la déglobalisation partielle de l’économie mondiale», analyse l’associé du cabinet Chappuis Halder qui a déjà accompagné la Bourse de son pays, la Suisse, et celle de Singapour.

Mais là où le Royaume peut exceller, c’est plutôt dans sa croissance interne. «Le Maroc peut jouer le rôle d’une sorte de Suisse de la région», estime Planchat. Autrement dit, «un endroit où il faut venir faire des affaires de façon calme, discrète et tranquille», détaille-t-il. Et pour cause, la forte accumulation de capital, depuis une dizaine d’années, venant essentiellement de l’augmentation des prix des matières premières dans plusieurs pays africains. Ce capital donnait auparavant la possibilité à leurs possesseurs d’aller à Genève, Londres ou Paris pour investir dans les beaux appartements ou autres. Maintenant, c’est fini. Conséquence, ce capital devient flottant et a besoin d’être réinvesti dans l’économie locale. «Il faut d’une certaine façon fixer ce capital pour créer une économie productive», conseille notre consultant. De cette façon, «le Maroc peut jouer un rôle croissant dans le financement de l’Afrique et le recyclage de l’argent flottant dans des projets vraiment industriels qui vont créer de la valeur ajoutée». Le Royaume peut-il jouer pleinement ce rôle ? «Tout à fait. Il faut situer dans la légalité notamment les transferts d’argent ou autres», indique Planchat. Le Maroc présente un potentiel non négligeable pour réussir cette mission : «il est stable politiquement. Il a des élites bien formées et des infrastructures en place».

Ce choix doit se baser sur un marché d’un certain niveau de développement. Chose que peut réussir le Maroc. «Je suis certain que si le Royaume faisait les choses dans l’ordre et profitait de l’intelligence de ses acteurs, il peut avoir un marché financier en mesure de croitre et permettre à son économie de croitre», selon toujours Planchat. D’ailleurs, «le Maroc est sur la bonne voix, grâce à la restructuration en cours du marché financier qui est à la fois bonne et réaliste», à en croire l’ex-directeur général de la Bourse de Paris et d’Atos Euronext.

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