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Accueil next Un créneau en or pour le Maroc

«L’enjeu pour Inwi est d’assurer sa pérennité dans un secteur en mal d’investissements»

Wana Corporate est aujourd’hui profitable, selon son directeur général. Partage des infrastructures, 4G, régulation, tarification,relais de croissance… Entretien.

«L’enjeu pour Inwi est d’assurer sa pérennité dans un secteur en mal d’investissements»
Frédéric Debord, directeur général de Wana Corporate. PH. DR

Le Matin Eco : Inwi vient de lancer le Wifi-Outdoor sur El Jadida. Vous affirmez que votre offre ambitionne de démocratiser le haut débit...
Frédéric Debord : Cela fait deux ans que nous travaillons pour chercher une solution alternative afin de casser le monopole de fait sur l’ADSL. Wifi7dak est une première réponse à un marché bridé par ce monopole. Le Wifi normal, c’est souvent un accès basé sur l’ADSL (routeur classique), avec une couverture qui est très limitée. Le Wifi-Outdoor est par contre une technologie haut-débit différente et complémentaire qui permet de couvrir des zones plus larges, qui s’adresse particulièrement aux usages nomades de l’Internet. Wifi7dak se déploie en outdoor en utilisant l’infrastructure d’Inwi et non le dégroupage. C’est une solution d’appoint qui complète la 3G, le Wifi classique et la 4G à venir.

Vous avez commencé par la ville d’El Jadida mais à quand la généralisation aux grandes villes ?
Nous voulons d’abord finaliser les tests sur El Jadida et en tirer toutes les conclusions concernant les volets commerciaux et l’expérience client. Ce n’est qu’après que nous passerons à la généralisation. Nous n’avons pas encore de calendrier fixé. La première étape importante pour nous aujourd’hui est El Jadida pendant l’été 2013.

Lors de la présentation du projet, vous avez déclaré que la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de la province d’El Jadida (Radeej) vous a ouvert son infrastructure pour installer vos pylônes…
Nous nous sommes effectivement appuyés sur le réseau de la Radeej pour couvrir certaines zones de la ville. L’infrastructure de la Régie nous a permis d’installer nos propres antennes pour densifier notre réseau Wifi-Outdoor.

L’ANRT s’apprête à lancer l’appel d’offres pour l’octroi de licences 4G vers la fin de l’année. Où en est aujourd’hui Inwi sur ce chantier ?
Nous travaillons très sérieusement sur la 4G et sur l’infrastructure réseaux. Il y a tout de même des conditions de base qui ne sont pas encore définies, telles les bandes de fréquences qui seront attribuées. Ces clarifications devront être faites au plus tard lors du lancement de l’appel d’offres. Il faut savoir qu’il est relativement difficile d’aller plus loin en ne disposant pas de ces éléments. Mais nous réfléchissons à notre offre marketing et nous continuons à renforcer et densifier notre infrastructure réseau, comme tous les autres opérateurs du marché. Mais encore une fois, il nous manque aujourd’hui les éléments de base qui vont nous permettre de savoir quoi investir, combien et à quel moment.

Inwi s’apprête aussi à lancer ses premières offres ADSL fin 2013. Quels seraient les grandes lignes ou les contours de ces offres ?
Nous allons lancer nos produits ADSL d’ici la fin de l’année. Mais c’est un sujet sur lequel nous n’avançons pas aussi vite que nous le voudrions. Dans tous les pays où l’ADSL a explosé, l’autorité de régulation a tapé du poing sur la table en disant «maintenant il faut avancer». Aujourd’hui, ce n’est pas encore vraiment le cas au Maroc.

Oui, mais en mai dernier, le DG de l’ANRT avait fait une sortie médiatique disant que «beaucoup d’efforts» ont été consentis pour améliorer les conditions du dégroupage avec des baisses substantielles des prix de location de la boucle locale par l’opérateur historique ?
Le dégroupage ce n’est pas seulement les prix, mais aussi les conditions de mise en œuvre.

Justement, quels seraient selon vous les conditions optimales pour la mise en œuvre du dégroupage ?
Je ne peux pas donner plus de détails, mais les conditions aujourd’hui ne sont pas réunies pour que les opérateurs alternatifs lancent l’ADSL. On a bien vu qu’en France ou en Espagne, lorsqu’il  y a eu de la vraie concurrence, d’autres opérateurs sont entrés et ont porté plus de services et plus de valeur. Voyez ce qu’a réalisé Inwi sur le segment du mobile prépayé, les prix qui ont baissé de 35%, avec plus de services et de qualité. Il faut faire la même chose sur l’ADSL. Et ce sera le meilleur qui gagnera, à savoir celui qui apportera la meilleure offre et la plus créative.

On dit souvent que vous bradez les prix pour recruter les clients ?  
Nous n’avons jamais bradé les prix chez Inwi. Des études ont montré qu’Inwi avait le meilleur rapport qualité/prix et le client s’en aperçoit. Nous avons également des offres qui sont très créatives. Nous essayons d’instaurer une notion de choix pour les clients, avec des solutions différentes. En témoigne le succès qu’a eu la facturation à la seconde. C’était visiblement une bonne idée que les autres opérateurs ont suivie.

Pensez-vous que le blocage au niveau du partage d’infrastructures est dû en partie aux textes réglementaires ?
Je dirais que les textes réglementaires ne sont pas assez ambitieux pour permettre à l’ensemble des opérateurs d’offrir les services que les clients sont en droit d’attendre, notamment en termes de qualité. Les ressources sont suffisamment rares chez chacun pour ne pas mettre trois antennes côte à côte, à un endroit où il n’y a pas de clients. Aujourd’hui, cela relève du non-sens économique. Le même phénomène est constaté pour la fibre optique. On voit que dans de nombreux pays où les revenus des opérateurs décroissent il faut investir dans les services et dans la différentiation. Pas dans des antennes ou des fibres optiques, placées les unes à côté des autres.

Le marché du mobile est saturé et les revenus des opérateurs sont en baisse. A votre avis où se trouvent aujourd’hui les relais de croissance pour garder des niveaux de rentabilité viables ?
Je pense qu’il y a encore à faire sur le mobile. Pas forcément sur la Voix, mais sur le Data et les services, qui vont être monétisés, car cela va demander des investissements lourds. Ce ne sera pas toutefois des croissances à deux chiffres. Mais sachez que notre philosophie est de toujours proposer des prix accessibles.

Vous communiquez rarement sur les résultats financiers de Wana Corporate, société qui porte la marque Inwi. Pourquoi ?
Notre entreprise est aujourd’hui profitable. Nous avons un grand programme d’investissements. Cette année, nous avons investi 1,5 milliard de DH. L’année dernière nous avons signé avec l’Etat une convention d’investissement sur trois ans de 4 milliards de DH. Les enjeux aujourd’hui pour Inwi ne sont pas uniquement la profitabilité mais assurer la pérennité dans un secteur qui manque énormément d’investissements. Il faut investir beaucoup et judicieusement pour servir les usages Internet et Voix.  

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