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Les ouvriers de Fagor n’adhère pas au plan de départ à la retraite proposé par la direction générale. Une dizaine d’ouvriers seulement sur les 60 à 70 que compte l’entreprise ont répondu à cet appel, selon l’administration. «Nous avons pris cette initiative parce que nous avons constaté que les ouvriers n’étaient généralement pas satisfaits des augmentations de salaires que nous leur avons proposées», précise Lionel Lemaire, directeur général de Fagor Maroc. Du coup, ajoute-t-il, «tous ceux qui sont prêts à partir, nous négocions avec eux leurs indemnités». Les ouvriers que nous avons pu approcher et qui ont requis l’anonymat affirment ne pas être satisfaits des conditions de négociation ni du montant des indemnités.
«C’est le patron qui fait la proposition. C’est pratiquement à prendre ou à laisser. La marge de négociation est minime», nous résume un ouvrier de la filiale de la firme multinationale espagnole. De plus, «un ouvrier ne peut pas faire le poids devant le directeur général, d’autant plus que le syndicat n’est pas présent lors des négociations», ajoute-t-il. Conséquence, «l’ambiance du travail n’est plus favorable à la production», dénonce-t-il.
Pis encore, un problème d’approvisionnement vient aggraver la situation. Ce qui fait que les ouvriers sont en congé avancés depuis la fin de la première semaine de ce mois de juillet. «Nous avons découvert que des pièces détachés ne répondent pas aux normes de qualité. C’est un problème technique auquel nous essayons de trouver une solution rapidement», fait savoir Lemaire. «Si on le résout dans un mois, les ouvriers peuvent revenir à leurs postes. Sinon, le congé sera prolongé d’un mois». C’est ce qu’a déclaré le patron à ses ouvriers. Mais ces derniers craignent le pire : ne plus regagner leur poste. Ils se font des soucis pour la continuité de l’activité de production de la société.
Ils évoquent même «des pratiques de la part de la direction de Fagor pour les pousser à quitter». Chose que réfute Lemaire, qui affirme avoir rassuré ses ouvriers. Mais apparemment sans les convaincre. Et pour cause, l’activité de production n’a plus le même poids qu’auparavant. Actuellement, elle représente 10% du chiffre d’affaires de la société, selon le directeur général lui-même. Une part qui n’a plus de chance de se renforcer, confie le patron. La société table beaucoup plus sur l’importation de ses produits des usines du groupe en Espagne et en Pologne. Pourquoi ? «La baisse des droits de douane sur l’électroménager fait que produire localement est de moins en moins compétitif», affirme le directeur général.
Conséquence, «les produits fabriqué au Maroc répondent seulement à un marché traditionnel. Ils sont destinés aux premiers équipements essentiellement pour les logements économiques», précise Lemaire. Ce que confirment les ouvriers qui indiquent que les produits importés sont très développés et dotés de nouvelles technologies. Pour rappel, les principaux concurrents de Fagor se contentent d’importer et commercialiser leurs produits sur le marché marocain. C’est le cas de LG, Samsung et Whirpool notamment. Par ailleurs, dans sa nouvelle stratégie annoncée en octobre 2012, Fagor Maroc n’évoque pas son activité de production. Elle mise notamment sur la variété et la qualité de ses produits et ses services de conseil ou d’après-vente. Pourtant, la société étudiait la possibilité d’un réinvestissement et d’une ré-industrialisation de son usine marocaine. En avril 2012, Lionel Lemaire, nous déclarait : «Il est tout à fait probable que nous commencions à produire de nouvelles gammes au Maroc. Nous pensons que nous sommes également en mesure d’attaquer des marchés à l’export, notamment l’Afrique et les pays de l’Europe de l’Est». Apparemment, c’est tombé à l’eau !
