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Oléiculture : des progrès à marche forcée

L’oléiculture est un secteur qui verra son importance augmenter au Maroc dans les prochaines années, soutenu en cela par les efforts du gouvernement.

Oléiculture : des progrès  à marche forcée
Si au Maroc l’huile d’olive est présente chaque jour sur toutes les tables, elle est parfois considérée comme un produit de luxe dans les pays importateurs.

Le Plan Maroc Vert a permis d’innombrables progrès pour l’oléiculture au Maroc, mais le chemin vers une offre exportable de qualité est encore long à parcourir. Ainsi, le rendement des exploitations est encore faible par rapport aux standards des concurrents espagnols, italiens ou grecs. De plus, peu de variétés d’olives sont cultivées au Maroc et la commercialisation n’est pas encore suffisamment organisée. Des éléments externes jouent également comme l’arrivée de nouveaux concurrents à l’export : la Chine et l’Argentine en tête. Pour donner une nouvelle impulsion au secteur et aux exportations, un contrat-programme a été rédigé en tenant compte des spécificités marocaines. Le Royaume compte ainsi de nombreuses exploitations, 450 000 sont recensées sur une superficie de 784 000 hectares, fournissant 120 000 emplois permanents et 30 millions de journées de travail pour les saisonniers lors des récoltes. Les récoltes permettent la production de 1 500 000 tonnes d’olives, de 90 000 tonnes d’huile de table et de 160 000 tonnes d’huiles, ce qui permet à la filière de contribuer, d’après le ministère de l’Agriculture et de la pêche, à 5% du PIB agricole du pays. Côté exportations, seules 17 000 tonnes d’huile d’olive et 64 000 tonnes d’huile de table sont vendues hors de nos frontières.

Contraintes actuelles et perspectives de développement

Le contrat-programme signé en 2009 a pour objectif de faire passer les surfaces cultivées à 1 million d’hectares en 2020, d’optimiser les rendements pour arriver à 2,5 millions de tonnes d’olives, 330 000 tonnes d’huile d’olive et 320 000 tonnes d’huile de table. L’idée est également de faire progresser la consommation en huile d’olives qui est actuellement de 2kg/an/habitant à 4 ou 5, c’est-à-dire au niveau du Portugal (5), mais encore bien loin de l’Espagne (10), de l’Italie (12) de la Libye (16) ou encore de la Grèce (20). Cela permettra également d’augmenter les exportations pour les porter à 120 000 tonnes d’huile et à 150 000 tonnes d’olives. Pour pouvoir atteindre ces objectifs ambitieux, il faudra encore arriver à surpasser certaines difficultés : de petites exploitations mal structurées, peu d’investissements et d’intégration, mécanisation limitée et un problème de commercialisation avéré, telles sont les conclusions des études menées par le Crédit Agricole du Maroc. Les problèmes sont maintenant bien identifiés et leurs impacts sont sans appel, 1,2 tonne produite en moyenne à l’hectare contre 12 t/ha dans une oliveraie modernisée cultivée en intensif, la faible taille des exploitations amène également la multiplicité des intermédiaires dans la commercialisation et donc des marges réduites pour les petits producteurs limitant leur capacité d’investissements. Enfin, les variétés d’olives cultivées au Maroc ne sont pas les plus performantes en terme de rendement et de qualités gustatives, ainsi 96% des oliviers sont de souche picholine marocaine qui permettent à la fois de faire de l’huile et des conserves, d’autres variétés picholines sont également présentes et ces dernières années on voit arriver des variétés étrangères plus productives comme la picual, souche la plus cultivée en Espagne, l’arbéquine également originaire d’Espagne, ou la koroneiki qui vient de Grèce, les gisements de gains de productivité et d’efficacité sont donc encore nombreux.

Une subvention de 2 000 DH pour chaque tonne exportée

Si au Maroc l’huile d’olive est présente chaque jour sur toutes les tables, elle est parfois considérée comme un produit de luxe dans les pays importateurs. Trois huiles marocaines sont déjà distinguées pour leurs qualités gustatives dans le guide FlosOlei, la référence du secteur. Il s’agit de l’huile Volubilia de la société Olivinvest, Phenicia de la société «Les Délices du Saïss» et Olealys de la société Oleastre. Quelques autres sont également reconnues. Si la production mondiale d’huile d’olive est en hausse, elle suit ainsi la consommation qui connaît une forte progression, particulièrement dans les pays non producteurs. Ainsi, les zones de consommation traditionnelles, Europe et USA, continuent leur progression tandis que les trois grands producteurs (l’Espagne, l’Italie et la Grèce) totalisent aujourd’hui plus de 70% de la production mondiale. Le Maroc peut sans doute se faire une place dans le cercle fermé des grands exportateurs de par sa position géographique privilégiée, proximité de l’Europe notamment, et de par ses accords de libre-échange avec les grandes zones de consommation. Ainsi, une subvention de 2 000 DH existe pour chaque tonne exportée et de plus, le Plan Maroc Vert a permis de faire passer la capacité de trituration, c’est-à-dire de transformation en huile, de 870 000 à 1,1 million de tonnes. Le président d’Interolive analyse la situation : «Nous sommes passés d’une période où l’huile d’olive marocaine n’était pas connue, aujourd’hui elle n’est pas reconnue. Le Maroc est dans le radar de la concurrence». Pour passer du stade de 6e exportateur mondial d’huile d’olive et monter dans le classement, la qualité de l’offre exportable devra s’améliorer. Pour le moment, les huiles extra-vierges, issues d’une première pression à froid et dotées d’un taux d’acidité inférieur à 0,8% représentent 25% des exportations, les huiles vierges dont le taux d’acidité est inférieur à 2% en font 12%, le reste est surtout constitué d’huile de basse qualité réalisée à partir des grignons d’olives. 

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