Le premier trimestre de l’année 2013 garde son trend baissier selon le Haut commissariat au Plan (HCP). Après -0,9% un trimestre auparavant, sa valeur ajoutée aurait affiché, au premier trimestre 2013, une baisse de 3,1%, en glissement trimestriel. Pour sa part, la production de phosphate brut a été la moins performante du secteur minier, pénalisée à la fois par le repli des exportations et les ventes décevantes aux industries locales de transformation. Dans le même temps, la production du zinc et du cuivre, aurait connu un léger mieux. Cela dit, au deuxième trimestre 2013, la valeur ajoutée minière connaîtrait, selon le HCP, un mouvement sensible de reprise avec l’aide de la demande locale et le frémissement des échanges internationaux.
Cap sur le secteur
Bien sûr, l’OCP qui détient le monopole de l’extraction, de la transformation et de la commercialisation des phosphates et de ses dérivés est l’acteur incontournable du secteur. En revanche, ce n’est pas tout, car dans une moindre mesure des réserves de métaux de base et de métaux précieux (essentiellement de l’argent) existent au Maroc qui bénéficie en effet d’une géologie favorable. La production minière du Royaume représente 10% du PIB, ce chiffre pouvant varier de manière importante, car il est lié bien sûr à la capacité extractive des professionnels du secteur, mais aussi et surtout aux cours mondiaux, par nature volatils. Ce secteur représente entre 25 et 30% de nos exportations avec une place de choix pour les phosphates et leurs dérivés. Au-delà des phosphates, notre pays extrait également de la barytine qui est utilisée dans le papier, les plastiques, les vernis ou encore l’industrie pétrolière et la fabrication de certains bétons, notre pays extrait également du sel pour lequel il est connu depuis l’antiquité, de l’argile, de la bentonite, destinée au BTP pour assurer les étanchéités, du zinc, de la fluorine, utilisée dans la production de l’acier, et surtout pour produire de l’acide fluorhydrique, du fer, du manganèse, du cuivre, du cobalt et du plomb. D’autres productions, plus confidentielles en tonnages sont également présentes comme le talc, le ghassoul ou encore la pyrophyllite. Si une grande partie de ces productions sont vendues telles quelles, fort heureusement, une partie de la production est transformée sur place, nos industriels du secteur produisent ainsi de l’acide phosphorique et des engrais, mais aussi du sulfate de sodium utilisé dans la pâte à papier et les détergents, et des transformations d’or, d’argent, de plomb…
Les mines mondiales font grise mine
Le contexte aujourd’hui est incertain sur les marchés mondiaux des produits miniers. D’abord, la crise en Europe amène une baisse de la demande dans la plupart des métaux, la récente fermeture du haut fourneau de Florange en étant sans doute le signe le plus visible à long terme et les chutes des ventes auto le plus grave à court terme. La situation aux États-Unis, même présentant de timides signes d’amélioration, on est encore loin d’une croissance effrénée et d’une reprise des importations de minerai. Mais bien sûr, c’est la situation en Chine qui est inquiétante, car outre l’indice PMI des directeurs d’achats qui a chuté à 51,1 en avril, pour la première fois depuis 2009, l’emploi a baissé d’un mois sur l’autre. Or les Chinois sont détenteurs de stocks importants de métaux et minerais qu’ils devront bien utiliser en cas de ralentissement économique chez eux, ce qui ne manquera pas de provoquer une chute des cours mondiaux d’après les spécialistes. Concernant les phosphates, les analystes financiers sont également pour le moins circonspects, car si bien sur le trend de la consommation est haussier, car directement lié à l’alimentation de la population mondiale qui ne cesse de croître, en revanche c’est sur l’évolution des cours des phosphates que leurs analyses sont plutôt négatives.
Les cours mondiaux des métaux ont déjà baissé et la pression sur les autres minerais se fait déjà sentir. Un ralentissement en Chine créerait ainsi sans aucun doute une pression baissière sur les cours. Autre signe des temps baissiers, les banques dégraissent leurs desks de trading sur les métaux, chronique de la fin du cycle haussier et du début d’un cycle baissier généralisé. Mais fort heureusement, notre pays a les moyens de subir cette baisse, car il est aujourd’hui encore faiblement industrialisé en matière de production de produits dérivés des minerais extraits au Maroc. Même pour l’OCP, l’ouverture des usines de production d’acide phosphorique arrive à point nommé pour recréer de la valeur ajoutée à l’entreprise en exportant des produits transformés en lieu et place de minerai pur. Il devrait en aller de même pour les autres minerais extraits au Maroc, mais aujourd’hui le tissu industriel est encore peu développé. Les Chinois ont coutume d’écrire le mot crise avec deux idéogrammes, l’un voulant dire risque et l’autre opportunité.
La crise pourrait bien être pour l’industrie minière marocaine une opportunité majeure qui verrait se développer l’industrie de transformation minière, il existe ainsi déjà des acteurs dans la transformation des métaux, des phosphates, du cobalt et du cuivre. L’autre groupe minier d’importance, Managem axe ainsi son développement notamment sur le développement durable en créant des gisements de croissance par la revalorisation de ses rejets et le recyclage en plus de l’innovation pour lesquels ses cathodes de cobalt à très haute pureté sont déjà reconnues à l’échelle internationale.
