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Accueil next Quand libre-échange rime avec déficit

«La contrefaçon ne vient pas que de l’étranger, elle est aussi générée localement»

La récente étude réalisée dans le cadre des activités du Comité national pour la propriété industrielle et anti-contrefaçon (Conpiac) montre que le coût de la contrefaçon au Maroc est estimé entre 0,7% et 1,3% du produit intérieur brut. Mounir Jazouli, président du Club des Marques, s’en explique.

«La contrefaçon ne vient pas que de l’étranger, elle est aussi générée localement»
Mounir Jazouli, président du Club des marques du Maroc

❶ Le Matin éco : dans sa récente étude sur la contrefaçon, le Conpiac parle d’une perte annuelle de 1 milliard de DH pour l’État et quelque 30 000 emplois en moins. Comment le Club des marques du Maroc compte-t-il agir contre ce fléau ?
Mounir Jazouli : La lutte contre la contrefaçon est l’un des objectifs fixés du Club des marques du Maroc. Nous contribuons à notre niveau dans la lutte anti-contrefaçon, car nous y avons un rôle à jouer, en appui et en complément du travail fait par les autres opérateurs, notamment le Conpiac, le ministère de l’Industrie et des nouvelles technologies, la Confédération générale des entreprises du Maroc et l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale, enfin, qui a un rôle majeur à tenir puisqu’il est au centre de cette problématique. Cette étude est une bonne base de travail pour l’ensemble des acteurs, qui permet de connaître le contexte marocain de la problématique de la contrefaçon. Cela dit, il faudra en tirer des conclusions, chacun dans sa spécialité puis le décliner en plan d’action.

❷ Comment votre Club peut-il utiliser cette étude pour orienter son travail ?
Le mot d’ordre du Club des marques, c’est la sensibilisation qui s’adresse à deux cibles : les consommateurs et les producteurs. Pour les consommateurs, notre éducation et notre information pédagogique sont au menu pour les sensibiliser aux risques et aux dangers des produits contrefaits. Pour les producteurs, il y a deux typologies d’acteurs : les entreprises productrices que nous sensibiliserons sur l’importance d’investir dans leurs propres marques et de labelliser leurs productions pour mieux valoriser leurs produits et leur donner un cachet de confiance et d’authenticité. Le deuxième segment, ce sont les entreprises locales fabriquant des produits contrefaits. Il faut dire que la contrefaçon ne vient pas que de l’étranger, mais elle est également fabriquée localement. Nous souhaitons approcher cette population de la manière la plus intelligente possible et lui conseiller de mettre à profit ses capacités pour créer ses propres styles et ses propres marques afin de réorienter la production vers du licite.

❸ En plus de la sensibilisation, votre rôle consiste aussi à pousser les entreprises nationales à créer leurs propres marques. Quels freins rencontrez-vous à ce niveau ?
Les freins culturels sont importants et les petits producteurs sous-estiment souvent leurs capacités à créer leurs propres marques. Pour eux, il existe une certaine inaccessibilité à cet univers de création d’une marque, ils pensent que c’est complexe et que les places sont déjà prises. À ces problèmes culturels s’ajoute un déficit d’informations. Pourtant, le Maroc dispose de lois en la matière qui sont avancées par rapport aux standards internationaux et l’OMPIC effectue déjà un travail formidable pour l’accompagnement des créateurs de marques. Le Club des marques aura bientôt des actions en ce sens pour populariser les actions de l’OMPIC auprès de cette population.

❹ La loi relative à la protection de la propriété industrielle au Maroc date de 2004 et a été révisée et modifiée en 2006. Cet arsenal juridique est-il suffisamment développé pour cerner l’ensemble des problèmes actuels ?
Les contrefacteurs ont toujours joué au chat et à la souris avec la loi et ils chercheront toujours les moyens de la contourner. Les mutations technologiques rapides sont également difficiles à prendre en compte par la loi. Mais heureusement, l’OMPIC veille et Adil El Maliki, son directeur général, vient d’annoncer qu’une révision de la loi est en route, probablement même déjà dans le circuit parlementaire. Mais j’insiste sur le fait que le cadre juridique n’est pas notre seul outil. Il existe différents possibilités et moyens qui sont offerts par le cadre réglementaire et qui sont peu exploités, la douane possède des scanners et des laboratoires ultra-modernes qui sont trop rarement sollicités.

➎ Selon le ministère de l’Industrie, le marché des marques représente aujourd’hui plus de 45 milliards de DH et progresse de 15% par an. Assiste-t-on vraiment à une émergence des marques au Maroc ?
Saviez-vous qu’une marque marocaine de couches pour bébés venait de détrôner sur le marché marocain une multinationale, première marque mondiale de ce secteur ? Cette success-story est un cas d’école et un bon exemple sur la véritable dynamique des marques marocaines. Un autre exemple me vient en tête avec une jeune femme qui a mêlé marque marocaine et technologie italienne pour fabriquer des radiateurs de voiture aujourd’hui exportés à Malte et en Italie. Il existe aujourd’hui une dynamique et notre challenge, c’est de pousser les entreprises à investir dans la marque, car le contexte économique national et international impose une forte compétitivité. Or créer des marques, c’est valoriser l’offre exportable et ainsi rééquilibrer notre balance commerciale.

➏ Quelles projections faites-vous pour l’année 2013 ?
Nous avons été créés il y a deux mois seulement et nous sommes en phase active de recrutement de membres, mais aussi de préparation de notre travail de sensibilisation. Une campagne média avec la presse et la radio est prévue tout comme la mise en ligne de notre site Internet. Nous souhaitons également réaliser une étude statistique baptisée «Marqaty» visant à étudier les liens qui unissent les Marocains aux marques, une première session sera donc organisée durant le premier trimestre 2013.

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