Le fameux Label national de l’artisanat est fin prêt. «Morocco Handmade», de son nom, devrait être lancé incessamment, selon les équipes de Abdassamad Qayouh, ministre de l’Artisanat, évoquant une campagne de promotion «en cours de finalisation». Le coup d’envoi officiel d’un Label national a été, rappelons-le, donné fin novembre 2012 et le projet fait fait partie de la Vision 2015 pour le secteur.
Mais sa mise en œuvre a nécessité un peu plus de temps que prévu. Le «Morocco Handmade» est cependant une marque ombrelle, une trentaine de marques-labels étant programmées (certains ont déjà vu le jour) ciblant des produits et des régions spécifiques. Ce label concerne l’ensemble des produits d’artisanat marocains (tapis, étoffes, babouches, fusils, etc. –voir encadré).
«Ces produits labellisés seront désormais considérés comme des ambassadeurs made in Morocco», explique Abderrahim Hssein, coordinateur du programme Millenium challenge corporation (MCC) au sein du ministère de l’Artisanat. Le MCC, signé en 2007 et qui a pris fin cette année, finance en effet, entre autres, le repositionnement de l’artisanat marocain. La trentaine de labels dérivés du «Morocco Handmade» devront booster les exportations (30% du chiffre d’affaires actuel du secteur) et «consacrer l’engagement et l’effort de l’artisan à respecter les critères de qualité et d’authenticité», ajoute Hssein.
L’autre priorité de ce label est d’instaurer des normes sécuritaires et sociales, qui s’appuient essentiellement sur la lutte contre le travail des enfants. Coût du programme : 1,5 million de dollars, sur les 85 millions prévus pour le développement de l’artisanat.
La labellisation trop chère ?
Les professionnels adhèrent-ils à la démarche de labellisation du ministère et sont-ils sensibles aux certifications, jugées souvent chères, surtout pour les mono-artisans ? Pour les équipes de Qayouh, la cherté des labellisations et des certifications est un «faux débat». On considère en effet que, au final, c’est le consommateur qui supportera les coûts de production, l’artisan répercutant les coûts sur ses charges. «Si problème il y a, c’est au niveau de la concurrence déloyale.
Tous les producteurs ne font pas les tests requis. Si cela était le cas, le coût serait le même pour tout le monde», précise Hssein, pour qui le plus important est «la compétitivité, pas le prix». Surtout que pour le moment,selon lui, l’effort de labellisation est supporté par l’Etat et les lignes de financement du MCC. «L’Etat exige des professionnels de respecter les normes. L’important est de mettre à leur disposition les labels et les normes à respecter», explique l’expert.
Toujours est-il que sur le terrain, les artisans veillent à se faire labelliser pour ce qui est des normes obligatoires. Tout non- respect entraine une saisie de la production, voire des amendes. Pour le reste, des efforts restent encore à déployer.
Selon Hssein, le volet promotion de la Vision 2015 ne se limite pas à la labellisation. Les circuits touristiques est l’autre programme en marche pour booster les ventes des produits d’artisanat. Aujourd’hui, plusieurs nouveaux circuits touristiques intégrant l’artisanat sont opérationnels et concernent surtout les villes de Fès et de Marrakech. Il s’agit de circuits thématiques, avec cartes et brochures dédiées. On désigne ainsi le circuit du cuir, le circuit du tissage, de la broderie…«Nous visons à travers ces circuits la multiplication des flux touristiques vers les hauts lieux du patrimoine et à prolonger la durée de séjour des touristes», explique le coordinateur du programme MCC au ministère. L’objectif aussi est d’augmenter la dépense moyenne par touriste en achat de produits de l’artisanat.
Et pour communiquer autour de ces efforts, le ministère dit organiser aussi des visites de grands acheteurs internationaux qu’il invite à venir au Maroc. Il s’agit principalement d’acheteurs russes, américains, brésiliens, sud-coréens et canadiens. Leur profil dépend des marchés. Cela va des boutiques spécialisées aux grands cabinets d’architectes designers.
