Une lueur d’espoir se dessine pour le Japon, l’Islande et l’Irlande. C’est la conclusion du dernier panorama risque-pays de Coface. Selon l’assureur-crédit mondial, la croissance japonaise bénéficie des annonces du Premier ministre Abe, ce qui dynamise l’activité, au moins à court terme. Ainsi, la surveillance négative est levée sur l’évaluation A1 du Japon. Coface explique en effet que les stimuli monétaire et budgétaire annoncés ont eu un impact tangible sur la consommation des ménages. En plus, la dépréciation du yen depuis fin 2012 aura également permis de redynamiser les exportations nippones qui devraient progresser de plus de 3% cette année. «La situation japonaise s’améliore au moins à court terme (le PIB devrait croître de 1,4% en 2013) et, de fait, le nombre des faillites d’entreprise reste stable», constate l’assureur-crédit. D’après son analyse, la politique monétaire expansionniste adoptée par Bank of Japan a provoqué une dépréciation spectaculaire de la devise nipponne et poussé les prix des actions très significativement à la hausse, confortant les effets de richesse des ménages. «Ces derniers ont en conséquence accéléré leurs dépenses au premier trimestre de 2013», expliquent les analystes de Coface.
En revanche, l’investissement demeure atone. La consommation privée, quant à elle, devrait ralentir les prochains mois et s’accélérer à nouveau vers la fin de l’année, les Japonais anticipant un relèvement de la taxe à la consommation de 5 à 10% entre 2014 et 2015, pronostiquent les analystes de l’assureur-crédit. L’activité économique devrait par ailleurs profiter du stimulus budgétaire pour une relance par l’investissement public dans les infrastructures. «L’investissement privé ne devrait pas, quant à lui, connaître un essor significatif. Dans ce contexte, les pressions déflationnistes pourraient s’atténuer et le taux revenir en territoire positif», explique Coface. A l’en croire, cette tendance sera confortée par la hausse des prix de l’énergie importée en substitution de celle fournie par les 52 centrales nucléaires toujours fermées à fin 2012 et qui assuraient 30% de la fourniture d’électricité.
Par ailleurs, Coface a reclassé l’Islande à A3. Motif, le pays affiche une croissance très dynamique (3,8 % au premier trimestre 2013, 2,3% prévus pour l’ensemble de l’année), une baisse de l’inflation et une stabilisation de son taux de chômage. Coface a relevé dans ce pays une hausse des salaires réels et la stabilisation à unniveau faible du taux de chômage qui soutiennent la consommation des ménages. Ce qui compense la décélération des exportations vers les partenaires de l’Union européenne. «La monnaie islandaise devrait demeurer stable, grâce au maintien du contrôle des capitaux», souligne Coface.
La confiance des investisseurs s’améliore en Irlande
Pour ce qui est de l’Irlande, l’évaluation A4 a été mise sous surveillance positive. L’explication de Coface : ce pays sort lentement mais sûrement de sa grave crise bancaire. En 2012, sa croissance était positive et elle devrait le rester en 2013 (+0,9% pour les deux années). «Le pays affiche un excédent courant confortable et la demande interne repart progressive», souligne Coface. Selon les pronostics de l’assureur-crédit, le programme de réformes et d’austérité surveillé par la Troïka (FMI-BCE-Commission européenne) se déroule sans anicroche et devrait se terminer avec succès cette année. La confiance des investisseurs, quant à elle, s’est améliorée et le pays peut de nouveau émettre sur le marché obligataire international. L’Irlande a vu sa croissance ralentir en 2012 sous l’effet de la crise européenne mais moins fortement que prévu cependant, du fait du ralentissement de la baisse de la demande intérieure. Selon l’analyse de Coface, le commerce extérieur devrait continuer à contribuer positivement à l’activité. De nombreux secteurs ont engrangé des gains de productivité qui soutiennent leurs performances à l’exportation», décrypte l’assureur-crédit. Par ailleurs, la chimie, l’informatique et les équipements télécoms devraient afficher des résultats satisfaisants. «En revanche, l’arrivée à expiration de certains brevets devrait freiner les ventes de produits pharmaceutiques. Le secteur agroalimentaire constitue pour sa part un segment clé mais les marges se réduisent et des faillites survenues en 2012 témoignent de la fragilité de ses entreprise», note Coface.
Dans son panorama risques, l’assureur-crédit indique que les risques sociopolitiques persistent dans les pays émergents notamment en Afrique du Sud et en Tunisie. En Afrique du Sud, déclassée à A4, la croissance s’affaiblit progressivement et devrait être inférieure à 3% en 2013. Coface souligne par ailleurs que l’endettement des ménages, l’inflation et le taux de chômage très élevé contraignent la consommation. «En outre, les entreprises perdent en compétitivité et souffrent de la récession de la zone euro, un partenaire majeur. Les tensions sociales restent vives dans un contexte d’attentes fortes de la part de la population et de nouvelles grèves ne sont pas à exclure», analyse Coface. La Tunisie, dont la note a été abaissée à B, connaît actuellement des tensions politiques et sociales accrues. Résultats, l’élaboration de la Constitution et la tenue d’élections législatives et présidentielles risquent de prendre encore du temps, dans une société où les divisions s’accroissent. «Les comptes extérieurs et le niveau de liquidité en devise, compte tenu de la chute des revenus touristiques, sont tendus et l’application du nouveau programme FMI sera donc un sérieux défi pour le gouvernement en place», relève l’assureur-crédit.
