Le ministre de l’Equipement et des transports a un gros dossier sur son bureau : la réforme du transport routier de voyageurs. Pour cette rentrée, le Pjdiste Aziz Rebbah doit en effet examiner en concertation avec ses équipes techniques les observations de la profession relatives à la première mouture du projet de loi modifiant le dahir 1.63.260 de 1963 sur le transport routier de voyageurs qui lui a été remise fin juin dernier. Au tout début du mandat du gouvernement Benkirane, Rebbah affirmait à maintes reprises qu’il allait mettre de l’ordre dans ce secteur en proie à plusieurs maux. Révision du système des agréments, mise en place d’un cahier des charges en plus de l’obligation aux détenteurs d’agrément de se transformer en personnes morales sinon céder leurs agréments à des tiers, ce sont là en gros les lignes directrices de la réforme promise par Rebbah. Aux yeux de plusieurs transporteurs, cette réforme n’est pas aussi aisée que le pense la tutelle. Leur argument : depuis sa nomination au poste de ministre, Rebbah n’aura réussi qu’un seul coup : la publication de la liste des détenteurs d’agréments en novembre 2012. Moins d’un an après, le changement se fait toujours attendre. Et cela risque de prendre encore du temps.
Car, valeur aujourd’hui, les propositions de Rebbah ne font pas encore l’unanimité au sein des principales centrales syndicales représentatives du secteur. «La révision du cadre juridique qui est fondamentale dans l’acte de réforme est la phase la plus dure. Le processus va prendre du temps évidemment», estime un professionnel. Nul besoin de le réitérer, le secteur est stratégique. Il pèse 1 milliard dans le PIB national et génère un chiffre d’affaires de 3 milliards. Il emploie directement 15.000 personnes et compte quelque 1.480 entreprises. Le transport routier de marchandises figure également dans le planning de réforme de Rebbah. Lors d’une rencontre d’informations à la Chambre de commerce suisse en juillet dernier, le ministre affirmait que la réforme de cette branche du secteur initiée il y a dix ans devrait faire l’objet d’une évaluation. Objectif, apporter des réajustements à la stratégie nationale et amorcer la préparation avec la profession d’un nouveau contrat-programme. Ce dernier devrait apporter de nouvelles mesures devant permettre aux transporteurs de sortir la tête de l’eau car, plusieurs d’entre eux revendiquent par le truchement de la Fédération de transport de la CGEM l’instauration du gasoil professionnel et la révision du système des primes à la casse qui aura montré ses limites. C’est un dossier sur lequel devront plancher dès cette rentrée la tutelle et la profession.
Selon une étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la route constitue le principal mode de transport domestique des marchandises dans la mesure où il représente plus de 75% du fret national (hors phosphates). Le document publié en mars dernier indique que les camions demeurent le premier moyen de transport routier des marchandises. Actuellement, le parc compte quelque 73.275 camions dont 53% pour compte d’autrui et 47% en propre. Selon le diagnostic de la DEPF, le transport routier de marchandises rencontre plusieurs difficultés qui freinent son développement et entravent son fonctionnement. Exemples, l’atomicité et la fragmentation, l’activité étant dominée essentiellement par les TPE et PME qui représentent 95% des structures opérant dans le secteur et dont l’écrasante majorité (90%) est constituée d’entreprises individuelles détenant chacune une flotte moyenne de 3 à 5 camions.
