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Elles sont belles, atypiques et ne passent jamais inaperçues. Ces motos de grosses cylindrées, qui dépassent les 50 centimètres cubes (cc), font de plus en plus d’adeptes au grand bonheur des concessionnaires et autres distributeurs. Près de 40 entreprises marocaines importent aujourd’hui 70 marques de motocycles, selon des professionnels. En quelles quantités, de quelles provenances, pour quels prix ? Difficile de répondre tant l’Association marocaine des industries du motocycle et cyclomoteur présidée par Youssef Karam est restée hermétique à nos multiples sollicitations.
Selon l’Office des Changes, en 2012, les importations de motos comprises entre 50 et 250 cc ont atteint 426,81 millions de dirhams. Une valeur qui a plus que doublé par rapport à 2011 (185,9 MDH), traduisant donc l’engouement pour ces deux roues.
Pour les plus grosses - cylindrée supérieure à 800 cc, les importations progressent aussi. Toujours en 2012, elles ont atteint les 37,2 MDH. Comme pour les autres cylindrées, il aura été difficile d’obtenir le nombre d’unités introduites sur le marché. En revanche, ce segment est dynamique car des cadres et dirigeants osent aujourd’hui enfourcher une moto pour se rendre au travail. Fayçal Farid, ancien consultant international dans le domaine, affirme que venir de Bouskoura ou de Tamaris en moto, fait gagner 1h30 par jour, ce qui n’est pas négligeable.
Segmentation très nette
En fait, le marché des motos est très particulier. Les signes d’appartenance sont très forts, d’où une segmentation très nette. Il y a ceux qui roulent en Custom, autrement dit qui préfèrent les grosses motos au look américain, rétro, chromées et brillantes. Les «riders» de ce type de motos ne monteront sans doute jamais sur une sportive taillée pour les autoroutes, de même que les adeptes du tout terrain. Selon les professionnels, les grandes marques du Custom sont Harley-Davidson, dont c’est le cœur de métier, suivie par Honda et ses Shadow et enfin Yamaha avec ses Midnight Star. Côté routières, c’est Honda qui mène la danse avec sa Goldwing, suivie par Yamaha avec ses FJR et enfin BMW dont c’est l’une des spécialités. Pour les off road, ce sont surtout des marques plus confidentielles qui cartonnent au Maroc : KTM et Husqvarna ou encore Gas-Gas, mais elles sont suivies par les japonaises Honda et surtout Yamaha.
Trois grands réseaux
Selon Fayçal Farid, le marché des grosses cylindrées au Maroc comprend trois grands réseaux : Yamaha, BMW et Honda. Ces trois marques sont présentes dans les grandes villes du Royaume. Les autres ne le sont bien souvent qu’à Casablanca à travers un seul point de vente. «Côté gamme, seul le pure player Yamaha, qui contrairement à ses deux concurrents ne fait pas d’automobile, est présent sur tous les segments de marché de la moto», explique le conseiller.
En tout cas, pour les cylindrées supérieures à 50 cc, le marché accélère. A fin octobre 2013, «les importations sont estimées à 950 millions de DH et 84% d’entre-elles proviennent de Chine. Le reste d’Europe, l’Italie et l’Allemagne surtout, mais aussi du Japon, les importations des USA restant marginales», indique Mohamed Hajjar, directeur de la prévention et du contentieux à l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII).
La Chine pointe donc en tête de nos principaux fournisseurs de motos, ce qui implique des droits de douane assez importants, le pays n’étant pas lié par un accord de libre-échange avec le Maroc. «Les motos chinoises s’acquittent de droits de douane de 50% dont 20% de TVA. Pour les motos en provenance des Etats-Unis et du fait de l’accord de libre-échange, le droit d’importation est fixé à 3,6% auquel il faut ajouter la TVA toujours de 20%. Les motos d’origine européenne ou arabe sont admises en franchise, seule la TVA est exigée», souligne Hajjar. La tarification douanière est en fait complexe. Elle dépend de la cylindrée et de la provenance. A titre d’exemple, pour une Aprilia 125 supérieure à 80 cc importée d’Italie (donc de l’UE), nous fixons le prix neuf à 28.500 DH, l’importateur paie donc sa TVA sur cette base. Pour le prix de vente final sur le marché, il faudra compter la TVA, les frais de transport, la marge bénéficiaire… etc», explique le directeur de la prévention et du contentieux à l’ADII. Pour d’autres modèles comme BMW dont la cylindrée atteint les 1.100 cc, la douane fixe le prix à 139.000 DH. Quant aux modèles Harley-Davidson dépassant les 883 cc, l’ADII se base sur un prix neuf de 107.500 DH.
Des droits de douane «pénalisants»
Les professionnels que nous avons interrogés estiment les droits d’importation trop élevés sur les produits asiatiques. Pour une activité qui devrait générer plus de chiffres d’affaires et dont les clients sont de plus en plus nombreux, ils revendiquent une révision de la tarification. «Les droits de douane sont encore élevés sur une large partie de la production, notamment celle en provenance de l’Asie, cela nuit fortement aux grandes marques comme Kawasaki, Suzuki, Honda et Yamaha. La conséquence est que de nombreuses importations entrent dans le pays. Il s’agit essentiellement de modèles volés ou accidentées et refaits à la va-vite par des voies parallèles», souligne Samy Kadiri, motard et vendeur de pièces détachées à Casablanca.
Pour lui, cette situation engendre beaucoup de trafics au niveau des papiers. En effet, sur les routes marocaines, beaucoup de gros cubes roulent avec des papiers de mobylettes. «Cet état de fait a des conséquences désastreuses sur le marché. Outre la déperdition de recettes pour le fisc, ces véhicules posent aussi des problèmes de sécurité. En effet, quel assureur accepterait de régler les sinistres d’une moto roulant avec des papiers incomplets ou faux ?», s’interroge Kadiri. Les importateurs ne restent pas inactifs. Comme nous l’avions annoncé en exclusivité dans notre supplément Le Matin Eco du 31 octobre 2013 (www.lematin.ma), pour la première fois, des enseignes parmi les plus touchées ont saisi les autorités pour que des contrôles renforcés soient effectués. L’objectif étant de saisir ces deux roues mais surtout de remonter les filières et de mettre fin à ces trafics.
Ventes en ligne : Abderrazak Yousfi, fondateur de www.moteur.ma.
« Les offres de motos 600 cc ont connu un bond de 70% »
Le Matin Eco : Quand votre portail a-t-il été créé et quels sont les services que vous proposez ?
Abderrazak Yousfi : Moteur.ma a été créé en 2007. A part les annonces d’achat et de vente de mots d’occasion, nous offrons à nos clients la possibilité d’obtenir la valeur actuelle de leurs véhicules. Un support assistance est également disponible sur notre portail. De même qu’un service «Diwana». C’est une rubrique très sollicitée par les internautes et qui donne les droits d’importation pour chaque modèle de moto.
Quel est le volume global des annonces qui transitent chaque jour par www.moteur.ma ?
Le volume dépasse les 50.000 offres, entre voitures, camion et motos. Ce qu’il faut retenir en tout cas, c’est qu’il y a plus d’offre que de demande. Ceci est dû au fait que l’acheteur n’a pas souvent une idée précise - côté technique et coût - sur ce qu’il veut acheter. Le demandeur atterrit sur notre site et paramètre donc sa recherche pour avoir une idée sur les offres existantes. De ce fait, il n’est pas obligé de poster sa demande d’achat.
Combien de motos à 250 cc et plus sont mises en ventes sur moteur.ma ? Est-ce que la demande pour ce type de cubes connait une vraie progression ?
Entre octobre 2012 et octobre 2013, les offres de vente de motos de 250 cc ont chuté de 53%. Une forte baisse a également touché les cylindrées de 400, 5000 et 8000 cc.
La vraie surprise vient des motos de 600 cc.
Pour ce type de cylindrées, le volume des offres a connu, durant la même période, un bond de 70%. De même, pour les 1200 cc.
Quel est le prix moyen de ces motos ?
Le prix moyen obtenu à l’aide d’une requête SQl parcourant l’ensemble des motos de plus de 250 cc est de 43.201 DH.
Assurances : François-Olivier Edime, fondateur du site www.212assurances.com et ancien courtier en assurances en France.
« Les motos avec carte grise sont assurées à 99% »
Le Matin Eco : Est-il vrai qu’il est difficile d’assurer une moto au Maroc ?
François-Olivier Edime : En fait, c’est faux, il s’agit surtout d’un amalgame entre les petites cylindrées (<50cc), faciles à voler et à maquiller du fait de l’absence de réelle carte grise et qui sont de ce fait quasi impossibles à assurer pour ce risque et les motos avec cartes grises dont l’assurance est aujourd’hui sans problème. Cinq compagnies - Cnia Saada, Axa, RMA Watanya, Wafa Assurance et Atlanta - se partagent près de 90% de ce marché.
On dit souvent que la plupart des motos roulent sans assurances, qu’en pensez-vous ?
Là aussi, c’est une idée reçue. Les motos avec carte grise (>50cc) sont assurées à 99%, par contre les motos de faible cylindrée ne le sont, d’après les assureurs, qu’à 75%. Le vrai problème, ce sont les motos de fortes cylindrées importées frauduleusement d’Europe où elles ont en général été volées et qui circulent impunément au Maroc avec des papiers de motos de 50cc. Elles sont de facto inassurables puisque dotées de faux papiers. Aucun assureur ne réglerait en cas de sinistre, même si elles disposent d’une attestation d’assurance.
Combien coûte grosso modo une assurance moto ?
Comme pour la voiture, ce sont les options choisies par le pilote-assuré qui font le prix. Si la responsabilité civile est obligatoire et qu’elle coûte 2.560 DH, l’incendie et le vol sont des options. Il faut compter 0,57% de la valeur assurée pour chacune. La tierce est une option bien plus rare chez les assureurs, mais il faut compter environ 2,28% pour une tierce avec 15% de franchise et environ 3% du montant assuré pour une tierce avec 10% de franchise.
