Le management traditionnel s’appuie principalement sur l’usage de processus conscients. Toutefois, l’évolution du management a permis le développement d’une nouvelle discipline qui se base sur les neurosciences et qui permet de faire appel à des processus inconscients dans la gestion des individus en entreprises, que l’on appelle «Neuromanagement». Qu’est-ce que donc le Neuromanagement ? Quels sont les champs d’applications de cette discipline ? Quels sont ses avantages et ses limites ? Le point avec Mustapha Naït Cheikh.
Le Matin Emploi : Comment définissez-vous le Neuromanagement ?
Mustapha Naït Cheikh : Le Neuromanagement est une discipline novatrice, intégrant les dernières recherches en neurosciences dans la sphère de l’entreprise. Par son approche globale, le Neuromanagement assure la cohérence entre trois niveaux d’impacts : il stimule la motivation et la performance individuelle, favorise le plaisir de l’action collective et améliore l’organisation elle-même. Il est issu de l’approche neurocognitive et comportementale (ANC). Une approche innovante qui propose une compréhension inédite de l’impact de nos territoires cérébraux dans nos comportements et nos prises de décision.
Où réside la différence avec le management traditionnel ?
Nous prenons entre 5 000 à 6 000 décisions par jour dont une grande partie pour gérer l’humain. En connaître le mode d’emploi assure une meilleure prise de décision. La différence entre le Neuromanagement et le management traditionnel réside dans le fait que nous prenons en compte la gouvernance cérébrale, autrement dit la prise de conscience de nos pilotes intérieurs, et le développement de la capacité de changer de pilote de façon plus volontaire. Par exemple, nous disposons d’une ressource cérébrale extrêmement puissante pour gérer les situations complexes, inconnues, que nous ne maîtrisons pas. Il s’agit de notre néocortex préfrontal. Ce territoire cérébral, difficile à solliciter de façon volontaire sans entraînement, permet de gérer la complexité et l’incertitude en toute sérénité, tout en étant plus créatif et innovant. Or, l’entreprise d’aujourd’hui demande à tous de s’adapter à son fonctionnement, à un monde en constante mutation, et à une surenchère d’exigences. Le Neuromanagement va donc permettre aux managers et dirigeants, d’être plus créatifs et innovants, d’améliorer leurs capacités d’adaptation, et de devenir une force de proposition dans un état d’esprit plus serein.
Quel lien existe-t-il entre le Neuromanagement et l’intelligence organisationnelle ?
Si l’on définit l’intelligence organisationnelle comme l’ensemble des méthodes et des programmes d’amélioration de la productivité intellectuelle de l’entreprise, on peut définir le Neuromanagement comme une démarche pratique et rigoureuse qui permettra, entre autres, l’atteinte de cet objectif grâce à son modèle radicalement innovant, multidisciplinaire et concret, à une grille de lecture rigoureuse et claire des comportements humains issue des dernières découvertes en neurosciences et sciences du comportement et à une pédagogie interactive facilitant la pérennisation des acquis.
Quels sont, d’après vous, les principaux objectifs visés par cette nouvelle discipline ?
L’impact du Neuromanagement en entreprise est triple :
Le premier est la libération des potentialités individuelles, en apprenant au manager à utiliser de façon plus consciente et volontaire les ressources cérébrales adéquates selon la situation, permettant l’adaptation et l’innovation dans un environnement de plus en plus complexe et changeant, à révéler et développer les motivations profondes (durables) sources de plaisir, d’énergie, résistantes à l’échec, et à améliorer sa confiance en soi et envers l’autre en développant son leadership.
Le second est relationnel : en outillant le manager avec des techniques de communication stimulant l’intelligence collective dans les équipes telles que : Communiquer en situation de stress, faire basculer son interlocuteur à un mode d’intelligence adaptative et créative, gérer les comportements manipulateurs, de mauvaise foi, d’agressivité et les non-dits, manager selon les personnalités, manager par le calme.
Le troisième enfin est organisationnel : nous avons développé «la biosystémique» qui fait le lien entre sciences humaines et process managériaux. Elle contribue à rendre l’organisation plus efficace en la rendant compatible avec le fonctionnement biologique de chaque collaborateur.
Dans quels domaines peut-on appliquer le Neuromanagement ?
L’application du Neuromanagement est bien évidemment destinée à tous les managers, les chefs d’entreprises, DRH… Toutefois, son application peut dépasser la sphère professionnelle et rejoindre la sphère privée, car on s’intéresse au savoir-être de l’individu et à son état d’esprit pour gérer un grand nombre de situations. Le Neuromanagement permet d’approfondir notre compréhension des mécanismes cérébraux et de leur impact sur nos prises de décision et nos comportements. Or, nous avons le même cerveau tout le temps, c’est l’optimisation de la manière de l’utiliser que l’on va apprendre dans le Neuromanagement.
Quels sont les bénéfices du Neuromanagement ? Et quelles en sont les limites ?
Les principaux bénéfices sont :
Libérez le potentiel individuel :
Améliorer la gestion de la complexité, de la performance, de la prise de décision et l’innovation en favorisant, de façon consciente et volontaire, la bascule entre deux façons d’appréhender une situation, sous-tendues par des structures cérébrales différentes :
• Mode mental automatique : gestion des situations simples et connues
• Mode mental adaptatif : gestion des situations complexes et inconnues.
Mettre en place des pratiques de communication permettant de développer l’intelligence collective
Faire face et gérer les situations de communication difficile, en adaptant sa façon de communiquer à l'état d’esprit de son l’interlocuteur :
• Mieux gérer ses propres réactions face au stress, à la mauvaise foi, à l’agressivité, au non-dit.
• Permettre à son interlocuteur de mobiliser son intelligence adaptative.
• Utiliser des termes qui s’accordent avec la personnalité de son interlocuteur.
Managez selon les personnalités
Apprendre à identifier et à gérer les motivations de vos collaborateurs dans la durée en distinguant les motivations durables et spontanées des motivations conditionnelles dépendantes des résultats et de la reconnaissance.
Optimisez la vitalité du système
Faire converger les intérêts de l’individu, du groupe et de l’organisation : concevoir une organisation intégrant la réalité humaine comme facteur clé de performance et d’efficacité.
La principale limite du Neuromanagement est l’appropriation des outils. Le Manager doit avoir suffisamment de recul et de volonté pour pouvoir travailler sur lui-même avant d’agir sur ses collaborateurs. La volonté est alors la clé de la réussite et de l’appropriation de cette discipline innovante et puissante.
