Comment donc réussir sa prise de parole en public ? Quelles sont les erreurs à éviter ? Comment s’assurer d’avoir laissé une bonne impression chez son interlocuteur ? Peut-on réellement faire de l’autocoaching dans la prise de parole en public ? Pour avoir des réponses à ces questions souvent posées dans le monde professionnel, «Le Matin Emploi» a fait appel à l’expertise de Malgorzata Saadani, coach international ICC.
Le Matin Emploi : Quels sont les objectifs des personnes désireuses d’améliorer leurs capacités en prise de parole en public ?
Malgorzata Saadani : Les objectifs que j’ai eus l’occasion de rencontrer dans ma pratique de coach, sont le plus souvent liés à un moment important dans la vie professionnelle d’une personne : soit qu’elle envisage une promotion avec laquelle sont liées de nouvelles responsabilités et l’obligation de représentation, soit qu’elle a vu une promotion lui échapper par défaut de communication efficace et souhaite se préparer au mieux pour saisir la prochaine chance.
Apprendre à mieux parler en public permet ainsi de donner l’emballage attrayant aux potentiels et compétences métier existants.
Une autre catégorie de personnes englobe celles et ceux qui ont déjà une certaine expérience en matière de prise de parole, mais qui ont essuyé soudainement un incident marquant dans ce domaine et qui souhaitent remettre à neuf leurs connaissances, tout en comprenant les raisons de leur contre-performance inopinée.
Enfin, un troisième type de profil cherche tout simplement à élargir et ordonner ses acquis, par pure soif d’apprendre et se confronter à la pratique innovante.
Les résultats sont-ils rapidement visibles ?
Pour certains aspects, oui, notamment lorsqu’il s’agit de la bonne conception des supports, de l’apparence physique de la personne et de sa préparation technique à l’émission vocale : la respiration abdominale, la préparation musculaire au niveau du visage, l’échauffement des cavités résonatrices (thorax et sinus).
Ce qui prend un peu plus de temps, c’est le travail sur la diction, le tempo et le volume de la voix, ainsi que la gestuelle, les parasites verbaux (les fameux «donc», «je veux dire», «eeeee», etc.), et surtout les convictions limitatives qui sont fréquemment à l’origine du trac.
D’une manière générale, compte tenu de la durée du processus de coaching, on se donne toujours quelques mois pour ressentir les effets tangibles et durables, et qui en sont d’autant plus naturels.
Peut-on faire de l’auto-coaching dans la prise de parole en public ? Et comment ?
Oui, c’est possible à condition d’avoir beaucoup d’autodiscipline et de savoir porter sur soi-même un regard neutre : sans se donner des excuses et sans devenir trop autocritique non plus. Pour cela, il faut que nous voyions notre image enregistrée (les faits) et que nous récoltions les opinions de notre public (évaluation extérieure de notre pertinence). Combiner les deux, nous permettra ensuite d’explorer nos zones d’amélioration.
Toutefois, il est plus facile et plus rapide de progresser en étant accompagné par un professionnel parce qu’il a les compétences pour juger objectivement et peut proposer la méthode adaptée pour agir. Vous pouvez toujours essayer de vous enregistrer et la vidéo sera fidèle, mais ce qui manquera c’est le commentaire avisé et les solutions prêtes à emploi.
Comment s’assurer, après avoir pris la parole, d’avoir laissé une bonne impression chez son interlocuteur ? Quelles sont les erreurs à éviter ?
La bonne impression est toujours une notion subjective et dépend non seulement de notre propre présentation, mais aussi du «décodage» de notre message par le public. En bref, il n’y a pas de garantie de résultat à 100%, tout simplement parce que nous sommes en relation vivante et qui dit «relation» entend l’implication de plusieurs personnes et autant de variables. Ce que nous pouvons faire, par contre, c’est de nous assurer d’avoir mis toutes les chances de notre côté pour faire une bonne impression, et pour cela employer effectivement une méthode.
Tout d’abord, faire une bonne impression en parlant en public, c’est de parler avec un objectif clair, annoncé et avec une argumentation structurée.C’est surtout tenir compte de ses auditeurs : qui sont-ils ? Qu’est-ce qui les intéresse ? De combien de temps disposent-ils pour m’écouter ? Vient ensuite le respect des règles comportementales (par exemple: la poignée de main, le sourire, la gesticulation), d’expression orale (langage professionnel) et d’apparence. Tout ceci témoigne de notre connaissance du milieu auquel nous nous adressons.
Vue sous cet angle, notre intervention devant le public peut être exposée à une erreur principale :
c’est d’essayer d’y appliquer notre propre vision du monde et nos propres règles et valeurs, sans tenir compte de l’auditoire. À titre d’exemple j’évoquerai la tenue vestimentaire : si pour nous elle n’a aucune importance, nous aurons tendance à la négliger. Ce qui n’est pas le cas pour les gens à qui nous parlons, d’où les gaffes à répétition dans ce domaine. Un autre exemple fréquent : il y a des personnes qui aiment plaisanter et raconter les histoires pour illustrer leur discours. Une petite anecdote bien placée fait toujours un bon effet, mais si nous en abusons au détriment du contenu concret et précis, nous risquons de nous discréditer.
Quels sont vos conseils à nos lecteurs pour être plus efficace dans la prise de parole en public ?
Les seuls conseils universels qui restent toujours valables sont au nombre de trois : restez vous-même, aimez-vous vous-même et positivez.
• Rester soi-même est le synonyme de l’authenticité qui renforce votre confiance en soi et construit votre crédibilité auprès du public. D’autant plus que faire semblant peut être efficace uniquement à court terme.
• S’aimer soi-même c’est se donner le droit de ne pas être parfait, ne pas être son propre pire critique. Il y en a suffisamment dans votre entourage pour remplir ce rôle.
• Et enfin, être positif, ce n’est pas être candide, mais de voir les bons et les mauvais côtés de chaque situation, en toute objectivité, en vous concentrant de préférence sur le verre à moitié plein que celui à moitié vide.
