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La Côte d'Ivoire écrase la Guinée

La Côte d'Ivoire et ses stars étaient trop fortes pour une Guinée diminuée (5-0), et les Eléphants ont rejoint comme prévu les demi-finales de la Coupe d'Afrique (CAN-2008), dimanche à Sekondi.

La Côte d'Ivoire écrase la Guinée
Le grand favori de la compétition a fait honneur à son statut grâce à des buts de Kader Keita (24e), Didier Drogba (69e), Salomon Kalou (73e, 80e) et enfin Baky Koné (86e) et peut désormais se concentrer sur sa demi-finale de jeudi, contre le Cameroun ou la Tunisie. Après un début de match attentiste des Ivoiriens, qui n'assumaient pas la direction du jeu, il a fallu une action en solo de Keita pour débloquer le match. Il a perforé en dribblant la défense guinéenne pour surprendre Kemoko Camara, qui avait anticipé un centre, dans l'angle fermé.
Ce but n'a pas entièrement libéré les Eléphants. La Guinée a ensuite essayé de ne pas s'arrêter pour la troisième fois d'affilée en quarts de finale, notamment lors d'un début de seconde période saignant, mais la Côte d'Ivoire était vraiment plus forte.

Et le Syli national a dû jouer sans deux de ses meilleurs éléments. A la suspension connue du capitaine Pascal Feindouno, le moteur du jeu guinéen, s'ajoutait le forfait du vice-capitaine et pare-chocs arrière Bobo Baldé (cuisse) juste avant le match. Il ne restait que l'allumage, Fodé Mansaré, capitaine en tiers et porteur du brassard dimanche. Le gardien Kemoko Camara, un des points faibles de l'équipe, a héroïquement repoussé le K.-O avant la pause, stoppant deux tirs à bout portant d'Aruna Dindane puis Kalou, coup sur coup (44e), puis une frappe de Drogba dans la lucarne (45e+1). Et entre-temps, une frappe de Keita avait léché le poteau! En seconde période, après le baroud d'honneur guinéen, les Eléphants ont déroulé.

L'idole Drogba y est allé de son but et a salué le nombreux public ivoirien (la frontière est à moins de 200 km) à la Cantona, tournant lentement sur lui-même, le buste droit, comme un torero. Le doublé de «Kalunho», qui rejoint son capitaine avec 3 buts dans le tournoi, a presque achevé les Guinéens, avant que Baky Koné ne plante un cinquième but dans la lucarne comme l'épée dans l'échine du taureau. Cruel pour le Syli, mais la Côte d'Ivoire écrase tout sur son chemin vers son obsession : le titre, après sa finale perdue aux tirs au but (0-0, 2-4) en 2006 contre l'Egypte au Caire.

M. Le Maire, le manolo africain
Toute l'Europe du football connaît Manolo, qui battait le tambour, béret sur la tête, pendant les matches de l'équipe d'Espagne. L'Afrique, elle, adore Bourhima Traoré, dit "M. le Maire", "supporteur professionnel" de la Côte d'Ivoire, venu à Takoradi soutenir ses "Eléphants" pour la CAN-2008. "C'est ma sixième Coupe d'Afrique", lance fièrement Bourhima, le sourire éclatant au milieu de sa trogne mafflue, sa jambe droite outragée par la polio, repliée par-dessus sa béquille. Son arrivée en tribunes à Sekondi, pour Côte d'Ivoire-Guinée (5-0), en quarts de finale, est saluée par tous les supporteurs des "Eléphants", les journalistes et les officiels.
Les bras gros comme des Airbus, le ventre en avant et le verbe haut, "M. le Maire" leur répond par des "Côte d'Ivoire is back ! Côte d'Ivoire is back!".

"Supporteur, c'est un métier, puisque jouer au football c'est un métier", démontre Bourhima, qu'on n'appelle que M. le Maire. Il répond d'ailleurs au téléphone par : "Vous avez demandé M. le Maire ?" Il se présente : "Je suis le supporteur emblématique des Eléphants de Côte d'Ivoire. Je suis le seul supporteur en Afrique, et en Côte d'Ivoire (sic), qui a fait tous les stades africains et pas mal de stades européens, et je suis un des rares supporteurs qui a vécu avec tous ces joueurs, et qui est quand même connu sur le continent africain, que ce soit au Mali, au Sénégal, au Burkina... Et je suis un des rares supporteurs qui a un carnet d'adresses de tous les joueurs africains. Je connais Didier Drogba, Shabani Nonda, Samuel Eto'o..." Il a même mangé chez ce dernier, parmi sa famille, au Cameroun. Eto'o donne d'ailleurs de temps en temps de l'argent à M. le Maire.

"Les joueurs camerounais m'ont beaucoup apporté, notamment Samuel Eto'o, et quelques joueurs ivoiriens", affirme-t-il. "C'est une mascotte, glisse Aliou Bokolo, un journaliste sénégalais qui suit la Côte d'Ivoire. Quand tu prends un taxi à Abidjan, tu demandes M. le Maire, tout le monde connaît."On peut trouver M. le Maire "au bureau", c'est-à-dire à Sococé, grand centre commercial d'Abidjan. Là-bas, il connaît tout le monde. Et sur le continent aussi. Le président de la CAF (Confédération africaine de football), Issa Hayatou, déclare même : "un supporteur comme celui-là, il faudrait le décorer". Cette année, M. le Maire est bel et bien un supporteur professionnel. "J'ai été fait ambassadeur de Côte d'Ivoire Tourisme, qui a tout pris en charge pour moi, explique-t-il. Cela me permet de parler à tout le monde et de dire que la Côte d'Ivoire, après des moments d'impasse, est en train de revivre. Côte d'Ivoire is back!".
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Un supporteur international

M. le Maire est né au nord, "le 27 avril 1972, à Boundjali, mais aujourd'hui je suis basé à Abidjan, aux Deux Plateaux". Il évacue la rivalité nord-sud qui a divisé le pays au tournant des années 2000: "Moi, en tant que sportif nordiste, je n'ai jamais eu de problèmes à ce niveau-là. Je suis adulé par le peuple. Partout où je passe, les gens me font des éloges". Heureux de sa vie bien remplie (il est "fiancé et père d'une fille de 6 ans"), même si, malade, il n'a pas pu accompagner les Eléphants jusqu'en Allemagne pour le Mondial-2006, M. le Maire prend avec sagesse son infirmité.

"La polio, que j'ai eue très jeune, personnellement ça ne me gêne pas, dit-il calmement. Je n'ai pas à me plaindre, je ne me plains pas, c'est la volonté de Dieu, tout ce que fait Dieu est bon". "Je suis devenu un homme emblématique. Il y a beaucoup de monde qui n'a pas fait tous ces stade-là, qui ne connaît pas tous ces joueurs..." Et il conclut par sa devise: "Les autres sont des supporteurs locaux, moi je suis un supporteur international".
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