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Des sportifs hors du commun

Il est 21 heures. La jeune athlète Sanaa Benhama s'apprête à sortir de chez l'une de ses tantes en ce vendredi 27 septembre.

Des sportifs hors du commun
Destination : le siège de Dar Chabab Al Amal. «Je vais assister à une soirée organisée, dans le cadre de l'INDH, par l'ambassade des Etats-Unis à Rabat et l'association Al Amal pour les handicapés. Et on va me rendre un hommage par la même occasion », explique Sana. Accompagnée par sa mère et son frère, Benhama ne cache pas sa satisfaction. « Rendre hommage aux sportifs ne peut que leur donner un coup de pouce », affirme-t-elle. Méconnue par le grand public il y a quelques semaines, Sanaa Benhama est sortie de l'ombre. Son exploit aux Jeux Paralympiques de Pékin a fait d'elle une championne hors pair. En effet, elle a remporté trois médailles dans trois épreuves : 100, 200 et 400 m. Une première pour un athlète marocain. «Les Jeux paralympiques de Pékin étaient pour moi un rêve difficile à réaliser. Lorsque je me suis qualifiée à ce grand événement, j'ai décidé de faire de mon mieux pour remporter l'une des médailles. Je me suis bien préparée pour arriver à mes fins ».

Sanaa n'était pas la seule marocaine à réaliser de bons résultats. En effet, quatre autres athlètes ont pu, eux aussi, rafler des médailles lors de cette grande manifestation. Il s'agit de Abdelilah Name qui a gagné la médaille d'or du 800 m (T13), de Benbrahim Youssef qui s'est classé deuxième à l'épreuve du 5000 m (T13- malvoyants) et des sœurs El Garaa, médaillées de bronze au lancer du poids et du disque (F40) (les sportifs qui ont représenté le Maroc en haltérophilie n'ont pas pu malheureusement briller à Pékin). Bref, nos athlètes ont récolté sept médailles dont quatre en or. Une belle revanche pour le Maroc après la piètre prestation des valides aux Jeux Olympiques de Pékin.

Parcours inédit
«En tant qu'entraîneur au centre des FAR, je visitais régulièrement les différentes régions du Royaume pour dénicher de jeunes athlètes afin de renforcer notre équipe. C'est au cours de l'un de mes voyages à Khémisset que j'ai connu Sanaa qui faisait partie à l'époque du club de l'IZK », se rappelle Abdelali Fikri, coach de Benhama. Une rencontre qui a tout chamboulé. Sanaa décide en effet de quitter sa famille (composée de sa mère et de son frère) et rejoint le centre des FAR à Rabat. « Je ne souffrais d'aucun handicap à l'époque », précise notre championne.
Avec son grand sourire et sa volonté implacable de devenir championne, Sanaa réussit toutes les épreuves techniques et devient en peu de temps un membre incontournable de l'équipe des FAR. Elle participe à plusieurs manifestations locales, régionales et nationales.  «J'ai toujours eu confiance en elle. Je savais qu'elle allait devenir une grande championne». Mais tout bascule en 2006.

Benhama ne réussit pas les épreuves techniques. Elle s'est avérée inapte. «J'étais incapable de voir les numéros des couloirs. C'était un vrai choc pour moi». L'histoire ne s'arrête pas là. La future championne olympique découvre qu'elle était en train de perdre la vue d'une manière effrénée. Que faire ? Laisser tomber son rêve de toujours et rentrer bredouille à Khémisset ? «C'est vrai que je suis passée par des moments très difficiles. Mais, il était hors de question de baisser les bras ». Soutenue et orientée par son entraîneur Abdelali Fikri, la jeune femme accepte la nouvelle situation et se fixe un nouvel objectif : les Jeux Paralympiques de Pékin. «C'est vrai que c'était dur pour moi… mais grâce au soutien de ma famille et de mon entraîneur, j'ai pu surmonter tous les problèmes ».

Insuffisance de moyens
«Surmonter les problèmes», voilà le leitmotiv des sportifs et des responsables du sport des handicapés. Il faut dire qu'au-delà des résultats réalisés à Pékin, le sport pour personnes handicapées au Maroc souffre de plusieurs «problèmes» à commencer par celui des moyens financiers. En effet, la Fédération royale marocaine des sports pour personnes handicapées bénéficie d'une subvention annuelle qui ne dépasse pas un million de dirhams. Selon les responsables, cette somme est loin de couvrir toutes les dépenses de la Fédération. «en effet, on a reçu un montant de 500.000 dirhams du Comité olympique pour les préparatifs du championnat, mais cela reste insuffisant. Les besoins d'encadrement des personnes handicapées coûtent une fortune… Toutefois, on essaye de faire de notre mieux pour préparer les athlètes. On envisage même d'entamer plusieurs projets notamment la construction d'un centre national afin de mettre fin au calvaire de nos athlètes», souligne le président de la Fédération royale marocaine des sports pour personnes handicapées, Hamid Aouni.

«Le calvaire». C'est le moins que l'on puisse dire sur le quotidien de ces champions. En l'absence d'un centre national adapté à leurs besoins, ces athlètes souffrent le martyre. «Vous savez, j'habite en ce moment au centre des FAR à Maâmora. Je suis consciente de la chance que j'ai. Il y a d'autres athlètes handicapés qui ne trouvent pas de logement. J'en connais quelques-uns qui ont laissé tomber le sport à cause de ça », déplore Sanaa Benhama. Outre ce manque, les athlètes assurent qu'ils n'ont pas un revenu fixe. Najat El Garaa, qui a remporté la médaille de bronze du lancer de disque (F40) à Pékin affirme qu'elle n'a pas reçu de prime jusqu'à maintenant. La triple médaillée d'or, Sana Benhama, elle, affirme la même chose. «Pour l'instant, on a rien reçu.

Il y a eu des promesses de la part des responsables, mais je crois qu'il faut attendre encore un peu». Pour Abdelali Fikri, la situation est «lamentable». «Je ne comprends pas, pourquoi on donne des primes de 100 millions de dirhams pour les champions olympiques valides et 20 millions pour les champions handicapés. Je pense que c'est injuste». Réaliste, M. Fikri estime que le sport pour handicapés a de l'avenir au Maroc. «Il y a un grand nombre de jeunes sportifs handicapés. Il faut juste les dénicher et surtout leur offrir la possibilité de s'exprimer via le sport».
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Historique

Créée en 1984, la Fédération royale marocaine des sports pour personnes handicapées gère dix disciplines : athlétisme, natation, tennis sur fauteuil roulant, handi-basket, volley-ball assis, pétanque, goal-ball, power lifting et football pour les sourds-muets.

Elle est affiliée à plusieurs instances sportifs internationales : comité paralympique international, organisation internationale des sports pour personnes handicapées, fédération internationale des sports pour aveugles, fédération internationale de volley-ball des handicapés, fédération internationale de basket-ball sur fauteuils roulants, fédération internationale de tennis en fauteuil… A l'instar des autres disciplines, les sports pour personnes handicapées comportent, en plus des meetings et des tournois, un championnat national et une coupe du Trône. Actuellement, le nombre de participants aux handisports est de l'ordre de 2537.
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L'athlétisme pour toujours

Les sept médailles raflées aux Jeux Paralympiques de Pékin par nos athlètes, ne doivent pas faire oublier l'échec des autres disciplines. A l'instar des sports pour les valides, seul l'athlétisme a pu briller à Pékin. Les représentants de l'haltérophilie nationale qui ont réussi tout de même à se qualifier aux Jeux, n'ont pas pu suivre le rythme imposé par les autres candidats.
Où sont passées les huit autres disciplines gérées par la Fédération ? Selon, le président de la dite fédération, les autres équipes (sports collectifs) n'ont pas réussi à décrocher leur ticket de qualification à Pékin. Hamid Aouini tient à préciser que les autres disciplines se portent bien et qu'elles auront leur mot à dire aux Jeux de Londres. A suivre…
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