Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Les fédérations ne suivent pas…

De la psychologie du joueur

No Image
«Quand la vache tombe, les couteaux se multiplient !» Voilà un adage de terroir qui en dit long sur un état d'esprit quasi-généralisé. Car, dans la vie de tous les jours, il suffit que l'on détecte une certaine faiblesse chez une personne que l'on se rue dessus. Vas-y alors que l'on décrive le lynchage systématique. Or, souvent, ce qui ressemble à une attaque, aux frontières de la franche rigolade, se mue au pathos. Le cas de l'infortuné keeper des FAR en livre l'une des plus tristes démonstrations. A quelques jours à peine d'une joie méritée qui a tourné au vinaigre en éliminatoires de la coupe du Trône, le portier des amis de Ouaddouch a craqué au Complexe sportif Moulay Abdellah. Tout se passait bien pourtant, lors de cette rencontre avec la surprenante équipe du KAC.

Le match avançait cahin caha jusqu'au moment d'une contre-attaque. Un défenseur glisse en retrait un ballon mollement vers askeri. Ce dernier tente la récupération de balle au pied. Mal lui en a pris puisque le joueur de Kénitra, aux aguets, arrivera à surprendre le malheureux gardien. Or, au moment où les siens essayaient de la consoler Khalid, qui a dû se rappeler sa mésaventure au complexe de Fès, se déchaîne, enlève son maillot en faisant signe des deux mains au public qu'il n'en pourra plus.

Le match s'arrête le temps que le remplaçant foule la pelouse. Quelques minutes plus tard, probablement sous l'effet de la « non-appréhension » encore du moment, le capitaine des FAR rate un penalty qui aurait pu remettre l'équipe en selle.

Le tueur en série nommé « Buzz » entre ne scène. Il n'en fallait pas plus pour que la machine à broyer les êtres se remette en marche. Le net se chargera de la salle besogne de faire, une fois encore ou une fois de trop, le tour du monde de la bourde vite fait. Imaginons un instant ce qui peut bien se passer dans la tête du malheureux gardien. Il sera davantage seul, voire esseulé, à se remuer les méninges. Et c'est justement là le propos : éviter la solitude du joueur. Une équipe ne peut se réduire aux uniques paramètres en cours sous notre ciel. Des paramètres qui se résument à mettre de l'argent pour les recrutements, à choisir un entraîneur et à opter pour un préparateur physique. Tout en ne motivant les troupes que par les sonnantes et trébuchantes. Seulement voilà, dans la foulée, on oublie que ces joueurs sont des êtres humains qui vivent, ou vivotent, dans et sous la pression.

Qu'ils sont encore plus fragiles que d'autres personnes. Que leur exposition au public pèse lourdement sur leur psychique. Qu'ils passent de l'extrême liesse au fin fond du désespoir anéantissant en un quart de tour. Sans verser dans une quelconque psychologie du sport, qui pourtant est censé être dans les cordes des dirigeants, il est plus qu'urgent de penser à accompagner nos joueurs de conseillers qui prennent en charge le suivi de leur évolution psychologique. Qui savent canaliser leur joie comme leurs ratages pour qu'ils apprennent à vivre avec les deux à la fois. En un mot, il faut apprendre à protéger les joueurs, en les dotant des armes nécessaires pour négocier les différents virages de leur carrière.
Lisez nos e-Papers