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Brahim Tatum, le lion de la Gironde

L'ex-joueur de Bordeaux a marqué de son empreinte indélébile l'histoire du football national qu'il a dignement représenté sur les stades de l'Hexagone.

Brahim Tatum, le lion de la Gironde
Brahim Tatum était ambassadeur du Maroc au sein du Racing Club de Paris en 1959. Il avait à peine 20 ans quand il entama sa carrière professionnelle, laquelle allait durer près de deux décennies. Gabarit, carrure, pointure hors normes. C'était un battant et une force de la nature. Casablancais de bonne lignée, impressionnant de taille, basané de teint, élégant dans sa démarche, Tatum était beau à voir et, sur le terrain, redoutable à approcher.

Il a fait les beaux jours du Racing Club de Paris avant de quitter les bords de la Seine pour la Gironde. Bordeaux sera, désormais, son fief et son foyer.

C'est d'ailleurs en tant que Bordelais et Girondin que Brahim Tatum exprimera la multiplicité de ses dons de footballeur polyvalent. Forteresse infranchissable en milieu du terrain, canonnier impitoyable en pointe et buteur efficient.
Le football de Tatum était, en soi, un spectacle. Des passes lumineuses, une vitesse rythmée et prodigieuse, des ouvertures magistrales, un jeu de tête fabuleux et des détentes acrobatiques surprenantes faisaient du jeu de ce footballeur de génie un spectacle dans le spectacle. En effet, nombreux étaient ceux qui se déplaçaient pour se délecter uniquement du jeu du Marocain.

Le génie d'un footballeur dans le physique d'un rugbymen aimaient à répéter les fans de Tatum. Parfaite contradiction, certes, mais combien vraie et délicieuse.
Brahim Tatum avait le sens du jeu et du but. Il anticipait avec succès et réussite la pensée de son vis-à-vis et les arrière-pensées de son adversaire.

Véritable masse humaine, Tatum cultivait l'art d'infiltration des mailles des murailles adverses comme une anguille de la taille d'un pur sang arabe.
Le secret de sa réussite consistait à occuper, maîtriser et cadenasser son espace de jeu. Il était seigneurial en milieu de terrain, et partenaire de toutes les vagues offensives. Il en concluait plusieurs avec brio pour le bonheur de Bordeaux et des Girondins.

Rendre hommage à Brahim Tatum est un devoir car il était un digne représentant du Maroc, de sa culture et de son authenticité.
Le football de Tatum avait de multiples facettes. Force, puissance et agilité, mêlées à la finesse, la fluidité et l'élégance.

Son style était entier car il s'appuyait sur l'engagement physique total, sans préavis ni marchandages, sans à peu près ni demi-mesures. La franchise et la loyauté debout et en action, tel était Brahim Tatum sur un terrain et au cours d'un match. Cette force de la nature était en fait un véritable enfant de chœur, puisqu'il débordait de gentillesse, de tact et de finesse délectable.
Tatum n'était pas une nature morte mais un tableau vivant aux teintes plurielles et aux gradations de couleurs spectaculaires.

Bordeaux offre un bon cadre à ceux qui aiment bien vivre. Tatum aimait trop la vie pour s'en priver. Il adorait folâtrer, rêver, se sentir beau et bien. Son charme discret, son caractère cool et ses qualités humaines lui avaient valu un portefeuille relationnel bien garni parmi la société girondine. Tous ceux qui ont vu jouer Tatum étaient ravis et heureux de la réputation que s'est taillé ce footballeur issu d'un milieu modeste.
Sa renommée étant déjà faite en France, les Marocains ont découvert un Tatum qui avait atteint une autre dimension, le 12 novembre 1961, au Stade d'Honneur, devenu Stade Mohammed V.

De tous les matchs livrés avec courage et maestria par le Onze national dans le cadre de ses prestations mondiales, Maroc- Espagne est l'un, sinon le seul qui a occupé durablement la pensée de la génération des années 60.
Notre courte défaite (0-1) était pour nous, supporters à l'époque de notre équipe nationale, une véritable gloire. Le Maroc, malgré de fabuleux joueurs, ne participera pas à la Coupe du Monde organisée par le Chili en 1962.
Les spectateurs du Stade Mohammed V ont vu ce 12 novembre 1961 Tatum en action, dans ses œuvres, dans ses prouesses, au sommet consommé de son art et de son génie.

Ahmed Antifit, homme à tout faire de la Fédération d'alors, avait fait appel aux meilleurs joueurs de tous les horizons professionnels. Ce fut une réussite totale ,avec une équipe complémentaire et une entente parfaite. Maroc-Espagne est un match, une date, un évènement indélébile, ineffaçable de toutes les mémoires de ceux qui l'ont suivi.
L'équipe nationale avait donné un spectacle plein d'intensité, d'impétuosité et d'ingéniosité absolument formidable. Match de rêve, de légende, morceau d'anthologie au sein duquel Tatum a joué le premier rôle.
Le Real Madrid dominait le football européen et n'avait pas d'interlocuteur, même à l'échelon mondial. L'ossature et l'armature de la Roja étaient madrilènes.
Contre l'Espagne, le Maroc était, en fait, face au Réal.

Score fleuve estimaient les observateurs dont les pronostics étaient à sens unique. Pouvait-on contenir Di Stefano, maîtriser Puskas, arrêter l'intenable Gento ? Mais, contre tous les avis, le Maroc a pu le faire de très belle manière. Brahim Tatum a sorti un match de rêve en empêchant les joueurs espagnols de dicter le jeu, de faire cavalier seul.
Sculpté pour faire gladiateur, guerrier, cascadeur, rugbyman, Tatum a choisi la sérénité, l'habileté, l'adresse et la non-violence pour l'expression libre de ses multiples dons et talents sur le gazon et devant le public des stades de football.
Ce Casablancais de marque s'était fait un nom en France et il s'était forgé une renommée international en dominant de la tête et des épaules l'Espagne.
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