Adil Tigradi de l'OCK a succombé de la même manière. Le sujet est toujours d'actualité puisque de nombreux sportifs de haut niveau sont décédés brutalement au cours de la pratique sportive. La question du dépistage des pathologies pouvant amener à la mort subite au cours de la pratique sportive est de plus en plus posée. La médecine du sport est-elle capable de faire des diagnostics de pointe en matière de cardiologie ?
Voilà autant de questions qui se posent avec acuité sur ce sujet. Selon Ahmed Bennis, professeur de cardiologie, chef de service de cardiologie, CHU Ibn Rochd, la première cause de mortalité chez les sportifs qui pratiquent plus de 10 heures d'entraînement par semaine est représentée par les maladies cardiaques. Et d'ajouter que l'arrêt cardiaque survient quand le sport induit des décharges brutales d'énergie, c'est le cas de sports nécessitant des efforts intermittents comme le tennis, le football ou le basket-ball. Il y aurait 1.000 accidents cardiovasculaires par an au Maroc. Mais on ignore combien de sportifs sont touchés en raison de l'absence d'un registre national où sont répertoriées ces morts. Ce chiffre atteint 40.000 personnes en France par arrêt cardiaque dont 1.500 décès au cours de la pratique sportive, précise le professeur Ahmed Bennis. Selon la même source, les myocardiopathies hypertrophiques (épaississement anormal du muscle cardiaque) sont la première cause de décès des sportifs aux Etats-Unis âgés de moins de 35 ans alors qu'en Europe, les dysplasies arythmogénes du ventricule droit (dégénérescence anormale du ventricule droit) et en Scandinavie ce sont les myocardites (inflammation du muscle cardiaque) qui sont le plus souvent en cause. L'athérosclérose coronaire reste la première cause de mortalité chez les sportifs de plus de 35 ans.L'arrêt cardiaque nécessite l'intervention d'une équipe de réanimation pour commencer le massage cardiaque externe suivi du choc électrique externe, ce qui peut ressusciter l'activité cardiaque. Une équipe médicale entraînée à ce genre de situation est nécessaire. En l'absence de réanimation sur place, le décès survient le plus souvent. Fatalité ou possibilité de prévention ? Voilà la question qui se pose. Le suivi médical des sportifs de haut niveau est plus que jamais d'actualité. Selon le professeur Bennis, le dossier médical devrait répondre à la question suivante : quel est le pourcentage du risque de la pratique sportive de haut niveau ?
Le suivi médical : une nécessité
Le suivi médical doit suivre. Le contrôle des sportifs de haut niveau doit dépister les signes de fatigue, de surentraînement qui peuvent entraîner des troubles métaboliques aboutissant à une baisse importante de la performance, a indiqué le professeur Ahmed Bennis. L'interrogatoire du sportif permet de rechercher l'existence d'une douleur thoracique à l'effort, d'une difficulté respiratoire, d'une perte de connaissance inexpliquée, de vertiges ou de fatigue intense non expliquée par l'intensité de l'effort. Les antécédents personnels du sportif sont très importants à décortiquer en particulier l'existence d'une mort subite dans la fratrie ou d'une maladie cardiaque familiale connue. L'examen clinique du sportif doit être complet comprenant une auscultation du cœur, une prise de la tension artérielle au niveau des deux bras et une prise des mensuration : poids, taille, tour de taille. L'auscultation cardiaque doit être attentive à la recherche d'un souffle cardiaque ou vasculaire. Il faut bien vérifier la symétrie des pouls et vérifier s'il n'y a pas de stigmates du syndrome de Marfan. Une prise de conscience, un travail de formation, d'éducation et aussi de contrôle régulier des sportifs s'imposent. Un autre problème se pose : est-ce que la mort subite au cours du sport de haut niveau ne témoigne pas d'un échec de la médecine ? On est tenté de répondre qu'un certain nombre de morts subites reste inexpliqué, mais un grand nombre peut être évité par un suivi médical régulier et un dossier consistant. La pratique sportive n'est pas sans danger et les risques augmentent avec une pratique de haut niveau. Il est non seulement temps de rendre obligatoires les examens médicaux et de constituer un dossier médical consistant pour chaque sportif de haut niveau, mais il est urgent aussi d'abolir des pratiques comme l'établissement de certificats de complaisance et surtout d'instaurer une véritable médecine de prévention, en éduquant le grand public et sportifs de haut niveau, et en se dotant de moyens efficacement organisés, a précisé Ahmed Bennis.
L'éducation doit reposer sur une information minimale. Il est bien sûr évident que chacun doit connaître les aspects nocifs du sport qu'il pratique, tout en gardant à l'esprit que les bénéfices qu'il en tire sont en nombre largement supérieurs. On doit par exemple savoir qu'après avoir fourni un effort, il est mauvais de fumer ou de prendre une douche très chaude, que le début et la fin de l'effort doivent être progressifs, en raison des modifications en électricité cardiaque pour ces deux phases.
Il faut également interpréter les signes annonciateurs de détresse physique, tels que des palpitations inhabituelles ou un stress psychologique et savoir que le tabagisme, le dopage, l'absence d'entraînement, ou son insuffisance, ou encore les suites d'une vaccination augmentent les risques d'accident sportif. Encore faut-il ensuite agir en conséquence, savoir donc moduler ses efforts.
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"Il y aurait 1.000 accidents cardiovasculaires par an au Maroc"
Matin Sports : En France, 40.000 personnes décèdent chaque année subitement par arrêt cardiaque dont 1.500 décès au cours de la pratique sportive, qu'en est-il du Maroc ?
Ahmed Bennis : Nous n'avons pas de statistiques au Maroc. Il n'y a pas de registre national ou sont notifiés les accidents cardiovasculaires du sport. Il y a eu des morts subites médiatisés comme celle de Feu Youssef Belkhoja du Wydad et celle d'Adil Tigradi de l'Olympique Khouribga qui jouent en championnat de football de première division mais il y a eu aussi des morts subites dans des matchs d'équipes de championnat de zone, de championnat de quartier et dans d'autres sports que le football, handball, basket-ball…..On peut extrapoler et dire au vu du nombre de pratiquants du sport au Maroc que nous avons un chiffre autour de 1.000 accidents cardiovasculaires par an si on prend en compte les sports de compétition et de loisir. Mais la seule réponse à cette question est d'avoir un registre national ou sont notifiés tous les accidents survenus dans la pratique sportive dans notre pays. Je pense que ce problème existe au Maroc mais est certainement sous-estimé.
Quelle politique doit-on mener au Maroc pour réduire le risque de mort subite des sportifs ?
Il est d'abord urgent de combler le vide juridique en la matière, puisqu'au Maroc les clubs ne sont pas tenus de contrôler leurs adhérents, au plan cardiologique. Si les athlètes bénéficient d'un suivi correct, soit en dehors du Maroc, soit à l'Institut royal de formation des cadres, c'est rarement le cas pour les autres sportifs.
Il est donc temps de donner un cadre juridique rigoureux à la médecine du sport et de rendre obligatoire le suivi médical. Nous souhaitons que chaque club puisse fonctionner avec une équipe médicale qui assurerait, d'une part, l'éducation et le suivi des sportifs, et, d'autre part, la mise en place des bilans en collaboration avec les cadres administratifs et l'encadrement technique.
Les fédérations sportives doivent faire pratiquer des contrôles incluant un bilan cardio-vasculaire complet. Comme il n'y a plus de temps à perdre, on peut, dans les deux ou trois ans qui viennent mettre en place un contrôle médical sérieux chez les seniors, ceux pour qui le taux de risque est le plus élevé, pour ensuite le généraliser chez les juniors, puis les cadets, et ainsi de suite.
Quand on sait par ailleurs qu'aujourd'hui encore des malades se font ausculter pour la première fois de leur vie à 40 ans, parfois même à 50 ans, on saisit immédiatement l'urgence de mettre en place ce cadre juridique. Il faut véritablement institutionnaliser l'obligation scolaire et la pratique des bilans médicaux des écoliers. A ce niveau, les coûts sont faibles, l'essentiel est de faire ce choix politique.
Est-ce que le dopage a un lien direct avec la mort subite ?
Le dossier du dopage est à la une des journaux. Les dangers du dopage sont bien connus. L'érythropoïétine et son risque de thrombose, d'infarctus du myocarde, de mort subite; les hormones de croissance et leur risque d'hypertension artérielle, d'accidents cardiaques majeurs ; les transfusions sanguines; la nandrolone. Chaque produit dopant est un danger potentiel pour la santé des sportifs. Les stéroïdes et les corticoïdes peuvent entraîner une hypertrophie du coeur et induire des troubles du rythme. Il faut éduquer les sportifs en ce sens, et seul le suivi régulier et non instantané permet de dépister les signes précoces du dopage. Malheureusement, beaucoup d'automédication existe dans le milieu sportif. De véritables mafias gravitent autours des sportifs, usant de tous les moyens pour contourner les contrôles.
Quels sont les sports où la mort subite est beaucoup plus fréquente?
L'arrêt cardiaque survient quand le sport induit des décharges brutales d'énergie, c'est le cas de sport nécessitant des efforts intermittents comme le tennis, le football ou le basket-ball.
Comment se fait-il que les hommes soient plus touchés que les femmes ?
La mort subite durant l'effort chez l'homme est bien plus documentée que celle de la femme. Dans la population générale, il y a environ trois fois moins de morts subites chez la femme que chez l'homme. Et moins de 10 % surviennent durant une activité sportive. Les femmes ont probablement une façon de faire du sport différente. Elles pratiquent également moins de sports à risque, c'est-à-dire ceux qui répertorient le plus de morts subites chez l'homme : football, vélo, rugby et course à pied. Et puis il y a une protection féminine contre la mort subite.
Quelles sont les causes de la mort subite ?
La première cause de mortalité chez les sportifs qui pratiquent plus de 10 h d'entraînement par semaine est représentée par les maladies cardiaques. Les myocardiopathies hypertrophiques (épaississement anormal du muscle cardiaque) est la première cause de décès des sportifs aux Etats-Unis âgés de moins de 35 ans alors qu'en Europe, ce sont les dysplasies arythmogénes du ventricule droit (dégénérescence anormale du ventricule droit) et en Scandinavie ce sont les myocardites (inflammation du muscle cardiaque) qui sont le plus souvent en cause. L'athérosclérose coronaire reste la première cause de mortalité chez les sportifs de plus de 35 ans.
Voilà autant de questions qui se posent avec acuité sur ce sujet. Selon Ahmed Bennis, professeur de cardiologie, chef de service de cardiologie, CHU Ibn Rochd, la première cause de mortalité chez les sportifs qui pratiquent plus de 10 heures d'entraînement par semaine est représentée par les maladies cardiaques. Et d'ajouter que l'arrêt cardiaque survient quand le sport induit des décharges brutales d'énergie, c'est le cas de sports nécessitant des efforts intermittents comme le tennis, le football ou le basket-ball. Il y aurait 1.000 accidents cardiovasculaires par an au Maroc. Mais on ignore combien de sportifs sont touchés en raison de l'absence d'un registre national où sont répertoriées ces morts. Ce chiffre atteint 40.000 personnes en France par arrêt cardiaque dont 1.500 décès au cours de la pratique sportive, précise le professeur Ahmed Bennis. Selon la même source, les myocardiopathies hypertrophiques (épaississement anormal du muscle cardiaque) sont la première cause de décès des sportifs aux Etats-Unis âgés de moins de 35 ans alors qu'en Europe, les dysplasies arythmogénes du ventricule droit (dégénérescence anormale du ventricule droit) et en Scandinavie ce sont les myocardites (inflammation du muscle cardiaque) qui sont le plus souvent en cause. L'athérosclérose coronaire reste la première cause de mortalité chez les sportifs de plus de 35 ans.L'arrêt cardiaque nécessite l'intervention d'une équipe de réanimation pour commencer le massage cardiaque externe suivi du choc électrique externe, ce qui peut ressusciter l'activité cardiaque. Une équipe médicale entraînée à ce genre de situation est nécessaire. En l'absence de réanimation sur place, le décès survient le plus souvent. Fatalité ou possibilité de prévention ? Voilà la question qui se pose. Le suivi médical des sportifs de haut niveau est plus que jamais d'actualité. Selon le professeur Bennis, le dossier médical devrait répondre à la question suivante : quel est le pourcentage du risque de la pratique sportive de haut niveau ?
Le suivi médical : une nécessité
Le suivi médical doit suivre. Le contrôle des sportifs de haut niveau doit dépister les signes de fatigue, de surentraînement qui peuvent entraîner des troubles métaboliques aboutissant à une baisse importante de la performance, a indiqué le professeur Ahmed Bennis. L'interrogatoire du sportif permet de rechercher l'existence d'une douleur thoracique à l'effort, d'une difficulté respiratoire, d'une perte de connaissance inexpliquée, de vertiges ou de fatigue intense non expliquée par l'intensité de l'effort. Les antécédents personnels du sportif sont très importants à décortiquer en particulier l'existence d'une mort subite dans la fratrie ou d'une maladie cardiaque familiale connue. L'examen clinique du sportif doit être complet comprenant une auscultation du cœur, une prise de la tension artérielle au niveau des deux bras et une prise des mensuration : poids, taille, tour de taille. L'auscultation cardiaque doit être attentive à la recherche d'un souffle cardiaque ou vasculaire. Il faut bien vérifier la symétrie des pouls et vérifier s'il n'y a pas de stigmates du syndrome de Marfan. Une prise de conscience, un travail de formation, d'éducation et aussi de contrôle régulier des sportifs s'imposent. Un autre problème se pose : est-ce que la mort subite au cours du sport de haut niveau ne témoigne pas d'un échec de la médecine ? On est tenté de répondre qu'un certain nombre de morts subites reste inexpliqué, mais un grand nombre peut être évité par un suivi médical régulier et un dossier consistant. La pratique sportive n'est pas sans danger et les risques augmentent avec une pratique de haut niveau. Il est non seulement temps de rendre obligatoires les examens médicaux et de constituer un dossier médical consistant pour chaque sportif de haut niveau, mais il est urgent aussi d'abolir des pratiques comme l'établissement de certificats de complaisance et surtout d'instaurer une véritable médecine de prévention, en éduquant le grand public et sportifs de haut niveau, et en se dotant de moyens efficacement organisés, a précisé Ahmed Bennis.
L'éducation doit reposer sur une information minimale. Il est bien sûr évident que chacun doit connaître les aspects nocifs du sport qu'il pratique, tout en gardant à l'esprit que les bénéfices qu'il en tire sont en nombre largement supérieurs. On doit par exemple savoir qu'après avoir fourni un effort, il est mauvais de fumer ou de prendre une douche très chaude, que le début et la fin de l'effort doivent être progressifs, en raison des modifications en électricité cardiaque pour ces deux phases.
Il faut également interpréter les signes annonciateurs de détresse physique, tels que des palpitations inhabituelles ou un stress psychologique et savoir que le tabagisme, le dopage, l'absence d'entraînement, ou son insuffisance, ou encore les suites d'une vaccination augmentent les risques d'accident sportif. Encore faut-il ensuite agir en conséquence, savoir donc moduler ses efforts.
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Les 10 règles d'or
Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 minutes lors de mes activités sportives. La vasodilatation coronaire demande un certain temps à se mettre en place. Un arrêt brutal favorise les bradycardies et les arythmies. Je bois 3 à 4 gorgées d'eau toutes les 30 minutes d'exercice à l'entraînement comme en compétition. Le risque de déshydratation aigüe avec hyperthermie et/ou arythmie est réel. Je ne fume jamais 1 heure avant ni 2 heures après une pratique sportive Je ne prends pas de douche dans les 15 minutes qui suivent l'effort. Ces pratiques favorisent les spasmes coronariens dans une période d'hypercoagulabilité. Je ne fais pas de sport intense si j'ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures). L'agent viral éventuellement présent sur le myocarde favorise les arythmies mortelles à l'effort.Interview avec Ahmed Bennis, professeur de cardiologie, chef de service de cardiologie, CHU Ibn Rochd.
"Il y aurait 1.000 accidents cardiovasculaires par an au Maroc"
Matin Sports : En France, 40.000 personnes décèdent chaque année subitement par arrêt cardiaque dont 1.500 décès au cours de la pratique sportive, qu'en est-il du Maroc ?
Ahmed Bennis : Nous n'avons pas de statistiques au Maroc. Il n'y a pas de registre national ou sont notifiés les accidents cardiovasculaires du sport. Il y a eu des morts subites médiatisés comme celle de Feu Youssef Belkhoja du Wydad et celle d'Adil Tigradi de l'Olympique Khouribga qui jouent en championnat de football de première division mais il y a eu aussi des morts subites dans des matchs d'équipes de championnat de zone, de championnat de quartier et dans d'autres sports que le football, handball, basket-ball…..On peut extrapoler et dire au vu du nombre de pratiquants du sport au Maroc que nous avons un chiffre autour de 1.000 accidents cardiovasculaires par an si on prend en compte les sports de compétition et de loisir. Mais la seule réponse à cette question est d'avoir un registre national ou sont notifiés tous les accidents survenus dans la pratique sportive dans notre pays. Je pense que ce problème existe au Maroc mais est certainement sous-estimé.
Quelle politique doit-on mener au Maroc pour réduire le risque de mort subite des sportifs ?
Il est d'abord urgent de combler le vide juridique en la matière, puisqu'au Maroc les clubs ne sont pas tenus de contrôler leurs adhérents, au plan cardiologique. Si les athlètes bénéficient d'un suivi correct, soit en dehors du Maroc, soit à l'Institut royal de formation des cadres, c'est rarement le cas pour les autres sportifs.
Il est donc temps de donner un cadre juridique rigoureux à la médecine du sport et de rendre obligatoire le suivi médical. Nous souhaitons que chaque club puisse fonctionner avec une équipe médicale qui assurerait, d'une part, l'éducation et le suivi des sportifs, et, d'autre part, la mise en place des bilans en collaboration avec les cadres administratifs et l'encadrement technique.
Les fédérations sportives doivent faire pratiquer des contrôles incluant un bilan cardio-vasculaire complet. Comme il n'y a plus de temps à perdre, on peut, dans les deux ou trois ans qui viennent mettre en place un contrôle médical sérieux chez les seniors, ceux pour qui le taux de risque est le plus élevé, pour ensuite le généraliser chez les juniors, puis les cadets, et ainsi de suite.
Quand on sait par ailleurs qu'aujourd'hui encore des malades se font ausculter pour la première fois de leur vie à 40 ans, parfois même à 50 ans, on saisit immédiatement l'urgence de mettre en place ce cadre juridique. Il faut véritablement institutionnaliser l'obligation scolaire et la pratique des bilans médicaux des écoliers. A ce niveau, les coûts sont faibles, l'essentiel est de faire ce choix politique.
Est-ce que le dopage a un lien direct avec la mort subite ?
Le dossier du dopage est à la une des journaux. Les dangers du dopage sont bien connus. L'érythropoïétine et son risque de thrombose, d'infarctus du myocarde, de mort subite; les hormones de croissance et leur risque d'hypertension artérielle, d'accidents cardiaques majeurs ; les transfusions sanguines; la nandrolone. Chaque produit dopant est un danger potentiel pour la santé des sportifs. Les stéroïdes et les corticoïdes peuvent entraîner une hypertrophie du coeur et induire des troubles du rythme. Il faut éduquer les sportifs en ce sens, et seul le suivi régulier et non instantané permet de dépister les signes précoces du dopage. Malheureusement, beaucoup d'automédication existe dans le milieu sportif. De véritables mafias gravitent autours des sportifs, usant de tous les moyens pour contourner les contrôles.
Quels sont les sports où la mort subite est beaucoup plus fréquente?
L'arrêt cardiaque survient quand le sport induit des décharges brutales d'énergie, c'est le cas de sport nécessitant des efforts intermittents comme le tennis, le football ou le basket-ball.
Comment se fait-il que les hommes soient plus touchés que les femmes ?
La mort subite durant l'effort chez l'homme est bien plus documentée que celle de la femme. Dans la population générale, il y a environ trois fois moins de morts subites chez la femme que chez l'homme. Et moins de 10 % surviennent durant une activité sportive. Les femmes ont probablement une façon de faire du sport différente. Elles pratiquent également moins de sports à risque, c'est-à-dire ceux qui répertorient le plus de morts subites chez l'homme : football, vélo, rugby et course à pied. Et puis il y a une protection féminine contre la mort subite.
Quelles sont les causes de la mort subite ?
La première cause de mortalité chez les sportifs qui pratiquent plus de 10 h d'entraînement par semaine est représentée par les maladies cardiaques. Les myocardiopathies hypertrophiques (épaississement anormal du muscle cardiaque) est la première cause de décès des sportifs aux Etats-Unis âgés de moins de 35 ans alors qu'en Europe, ce sont les dysplasies arythmogénes du ventricule droit (dégénérescence anormale du ventricule droit) et en Scandinavie ce sont les myocardites (inflammation du muscle cardiaque) qui sont le plus souvent en cause. L'athérosclérose coronaire reste la première cause de mortalité chez les sportifs de plus de 35 ans.