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Un pavé financier dans la mare du football national

Pour protester contre le non-versement des droits de télévision, les clubs de l’élite 2 envisageraient d’arrêter la compétition en raison de la crise financière qui frappe de plein fouet l’ensemble des clubs. Cette menace, si elle est exécutée, assombrirait encore un peu plus l’image du football marocain.

Un pavé financier dans la mare du football national
La crise financière touche tous les clubs de l’élite.

La plupart des clubs de l’élite 2 affirment qu’ils n’ont pas les moyens de continuer à jouer. «Nous soufrons. Nous ne pourrons pas continuer à disputer le championnat si la fédération royale marocaine de football (FRMF) ne nous verse pas les droits de retransmission télévisuelle. Normalement, elle a l’habitude de nous verser une première tranche d’un montant de 400 000 DH au mois de juillet et 300 000 DH au mois de novembre, mais cette année, nous n’avons rien reçu en raison de la crise à la tête de la fédération», regrette amèrement, Ahmed Ammouri, président de Rachab Bernoussi. Et de poursuivre dans une déclaration au Matin, que «les clubs avaient envisagé d’arrêter le championnat la semaine dernière pour protester contre cette situation, mais on n’a pas voulu ternir encore un peu plus l’image de football marocain qui a pris un sacré coup après la décision du comité d’urgence de la FIFA d’annuler les élections de la FRMF. Si cette situation perdure, on serait obligé d’arrêter le championnat puisque les caisses sont vides». Même son de cloche de Khalid Benssaria, président du Mouloudia d’Oujda qui nous parle d’une crise financière aiguë des clubs. «La situation est catastrophique.

Le hic c’est qu’il n’y a aucun interlocuteur au niveau de la fédération pour lui demander des explications. Selon ces dires, les employés eux-mêmes ne sont pas payés», souligne-t-il. On n’a plus rien au Moloudia, on paye de nos poches pour continuer à disputer le championnat, mais jusqu’à quand ? s’insurge notre interlocuteur. Même la subvention qu’on reçoit du conseil de la ville à l’instar des autres équipes d’Oujda, on ne la touche plus pour des raisons que j’ignore», a-t-il déploré. Il n’y a pas que les clubs de l’élite 2 qui trinquent, mais également ceux de l’élite 1. Le cas du Moghreb de Fès est éloquent. Le président du club, Marouane Bennani, dans un entretien accordé au Matin, voir notre édition du 1re novembre, souligne que les caisses du club fassi sont vides : «Nos caisses sont vides alors que nous devons de l’argent au WAC pour le transfert de Atallah, soit environ 770 000 dirhams. Le président de la FRMF, Ali Fassi Fihri m’a fait la promesse de régler ce problème bien avant le début du championnat, mais en vain», nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Le MAS n’est pas le seul club en crise. Tout le monde le sait, les clubs souffrent depuis longtemps, car la fédération ne leur a pas encore versé leurs indemnités sur les droits de retransmission. Et pourtant, le président de la fédération avait promis le versement de ces droits TV à tous».

Problème de signature

Contacté à ce sujet, Mohamed Hourane, directeur administratif de la FRMF, indique que ce problème sera régularisé une fois que le problème à la tête de la fédération sera résolu : «il y a un problème de signature. Vis-à-vis de la loi marocaine, c’est Fouzi Lekjaa qui est président de la FRMF, mais vis-à-vis de la FIFA, c’est Ali Fassi Fihri qui est toujours président. On attend donc la décision de la FIFA le 5 décembre pour voir un peu plus clair», nous a-t-il indiqué. L’issue échappatoire des clubs passe obligatoirement par une décision favorable de la FIFA au profit du comité directeur élu le 10 novembre.

Le moral des joueurs dans les chaussettes

Cette crise se répercute négativement sur le rendement des joueurs sur le terrain.
«Vous ne pouvez pas attendre, sur le terrain, grand-chose d’un joueur qui n’a pas touché son salaire depuis plusieurs mois et qui cherche de quoi prendre un taxi ou prendre un sandwich», regrette M’hamed Nejemi, entraîneur de l’Itihad de Mohammedia.

C’est inadmissible d’en arriver là.

La fédération est responsable de tous les maux que vivent les clubs actuellement. Je crains bien que le championnat s’arrête si l’instance de football nationale ne trouve pas une solution à ce problème, a-t-il indiqué. Vivement donc une solution à ce problème pour éviter le pire.


Questions à Aboukhadija, président du CODM

«C’est catastrophique»

Matin Sports : Que pensez-vous de la situation financière des clubs après les retards dans le versement des droits télévisuels ?
Abdelmajid Aboukhadija : C’est catastrophique. Tout le monde souffre de cette situation qui n’a que trop duré.

Est-ce qu’il y avait des tentatives de résoudre cette affaire ?
Ce problème a été à deux doigts d’être résolu après l’élection de Fouzi Lekjaa, président de la FRMF, le 10 novembre. Lekjaa a été sur le point de débloquer les deux tranches de droits télévisuels pour les clubs de l’élite 2 et une tranche pour ceux de l’élite 1. Il a tout préparé, mais entre temps, il y a eu la décision de la FIFA d’annuler les élections de l’assemblée générale. Cette décision est tombée comme une épée de Damoclès sur les clubs qui sont asphyxiés financièrement.
Normalement si le président sortant ne voulait pas revenir sur sa décision, son premier vice-président ou deuxième vice-président devrait assurer l’intérim et signer les chèques au lieu d’attendre la décision de la FIFA. Le pire dans cette affaire, c’est que l’argent existe, il suffit de le débloquer pour permettre aux clubs de respirer un peu. C’est injuste que les matchs soient retransmis à la télé, alors que les clubs sont impayés.

Pourquoi les clubs n’ont-ils rien dit jusqu’à présent ?
Les présidents des clubs manquent de courage. On a voulu créer, l’année dernière, le club des présidents pour défendre nos intérêts, mais à la dernière minute, tout le monde s’est rétracté.
Personne n’a eu le courage de dire qu’on arrête le championnat parce qu’on souffre financièrement. Personne n’a voulu prendre ses responsabilités. Si ce club existe maintenant, on ne serait pas arrivé là. Il aurait œuvré pour résoudre ce problème.

Comment cette situation se répercute-t-elle sur le CODM ?
On est dans la même situation que tous les clubs. On n’a pas reçu la subvention du conseil de la ville de Meknès comme on n’a pas reçu non plus les droits télévisuels. On a vendu nos meilleurs joueurs et on croyait qu’on allait être payés, mais comme les clubs de l’élite 1 n’ont pas reçu également les droits télé, on se retrouve donc dans une situation financière difficile. Les joueurs acceptent de continuer à jouer même s’ils ne sont pas payés, mais au niveau moral, ils sont touchés. Ce sont des gens qui ont des loyers à payer qui ont des familles en charge. Personne n’acceptera de travailler sans être payé. C’est aussi le cas des joueurs qui continuent à faire des sacrifices même s’ils sont touchés moralement.

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