Qu’est-ce que l’hypocondrie ?
Les hypocondres sont situés directement sous le diaphragme, des deux côtés de l’abdomen. Les malades qui avaient l’habitude de se plaindre de douleurs à ce niveau n’étaient pas, fût un temps, pris au sérieux par les médecins. Cette zone difficilement palpable de par sa localisation sous une masse osseuse et cartilagineuse a trompé pendant longtemps les praticiens d’une autre époque qui, n’y voyant rien d’anormal, attribuaient ces douleurs à une maladie imaginaire. L’hypocondrie a été nommée ainsi par le non moins célèbre Hippocrate pour désigner cette affection qui masque un mal-être profond n’épargnant ni les hommes, ni les femmes. De nos jours, l’accès au savoir médical, banalisé et vulgarisé par internet, est un des facteurs responsables de sa propagation.
Il existe trois types d’hypocondrie distincts :
L’hypocondrie névrotique : le malade est conscient du trouble. Il nomme la maladie et développe des angoisses suivant l’affection supposée. Le «patient» multipliera les visites médicales, mettant en doute les diagnostics rassurants des praticiens consultés. Loin d’être rationnel, l’hypocondriaque est en «sur-écoute» de son corps, attentif à sa moindre défaillance. Son obsession se fabrique au fur et à mesure que ses angoisses s’installent.
L’hypocondrie démentielle : La condition physique du sujet se détériore, présentant un ralentissement psychomoteur. Les gestes mêmes de la vie quotidienne deviennent difficiles à accomplir pour le malade, qui s’enfonce peu à peu dans la dépression.
L’hypocondrie psychotique : le «patient» est dans une spirale de délires. Convaincu de la gravité de sa maladie, il est atteint d’hallucinations, qui parfois se transforment en images morbides, de possession, ou encore de sensations traumatiques (amputation)...
Il est important de noter que l’hypocondrie ne relève pas du registre des maladies psychosomatiques, qui sont accompagnées de blessures et lésions organiques : le corps réagit au psychique, et s’en retrouve perturbé. L’hypocondrie, elle, est basée sur les hallucinations et les fausses interprétations du «malade».
Comment survient l’hypocondrie ?
C’est souvent un mécanisme de défense psychique suite à un choc, un traumatisme ou tout autre vecteur d’insécurité, qui exacerbe un sentiment de fragilité, le poussant parfois aux limites de la folie. La personne souffrante perd ses moyens, devient stressée, très angoissée et interprète tout signal de son corps comme «le début de la fin». Cette crainte permanente est un cercle vicieux qui amène souvent vers une grande instabilité sociale.
Des raisons pour angoisser, l’hypocondriaque n’en manque jamais. Il puise matière en ses angoisses dans sa réalité, celles de son entourage, des rumeurs et bien entendu des médias... Son comportement compulsif n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un profond désarroi et d’une extrême solitude dont il est emprisonné.
Complications
La dépression en est une, ainsi que le recours à l’agressivité envers le corps médical (l’hypocondriaque persécuteur), ou encore la marginalisation sociale et professionnelle. Pris dans les filets de ses délires, le malade épuise son entourage, souvent tout aussi impuissant que les médecins à le rassurer.
Ce mal étrange se répand de plus en plus, au rythme effréné d’une société moderne où le stress, à l’origine de nombreuses affections, reste l’ennemi principal. Si ce mal n’est pas arraché à la racine, pris au sérieux et soigné sérieusement, il détruit lentement la vie affective, sociale et professionnelle du malade.
Quels traitements ?
Comme tout chemin vers la guérison, la personne atteinte d’hypocondrie doit prendre conscience qu’il n’est pas atteint d’une pathologie incurable. Et c’est sans doute là, l’étape la plus difficile : Remettre en doute des certitudes. Un hypocondriaque a beaucoup de difficultés à accepter le caractère imaginaire de ses maux. Un bilan de santé complet peut être un premier pas pour lui démontrer qu’il est en bonne santé, ainsi que le recours à un psychiatre pour trouver les véritables causes de cette descente aux enfers.
Il va sans dire que le traitement est long, difficile. Repenser son mode de vie, son alimentation, son rapport au bien-être est incontournable pour assurer un résultat positif et un retour à la vie normale : Se réapproprier son corps à travers des activités sportives, techniques de relaxation, homéopathie, une meilleure hygiène de vie.... L’entourage joue un rôle encore une fois très important. N’étant pas élevée dans le conscient collectif au rang de maladie, l’hypocondrie est encore trop souvent considérée comme un caprice pour attirer l’attention.
