«Moi jaloux (jalouse) ! Mais c’est ridicule !» entend-on assez souvent. Il n’est pas facile en effet d’admettre sa jalousie, car de l’avis des spécialistes, ce sentiment dissimule des frustrations et des maux intérieurs qu’on a honte de divulguer. Et pourtant, la jalousie a beaucoup à nous apprendre sur notre personnalité, mais aussi, et surtout, sur notre enfance. Et plutôt que de s’épuiser à la combattre, ne serait-il pas plus judicieux de l’éduquer pour l’intégrer au jeu de séduction du couple. Car, s’il peut y avoir de la jalousie sans amour, il ne saurait y avoir de véritable amour sans jalousie !
›› Origines profondes
D’après les psychanalystes, les origines de la jalousie remonteraient à l’enfance. Selon eux, en raison du sevrage, le petit enfant supporte mal l’éloignement de sa mère. C’est une blessure qui le marque à vie. Mais ce traumatisme serait nécessaire, car il permet à l’enfant de se détacher du cocon de sa mère et de découvrir le monde qui l’entoure.
«La jalousie est un sentiment qui se développe dès l’enfance. On peut dire que l’enfant éprouve un sentiment de possessivité à l’égard à sa mère qu’il a du mal à partager. Mais c’est tout un apprentissage à faire.», explique Bernard Corbel, psychologue et psychothérapeute.
Mais au-delà de ces explications qui relèvent de l’inconscient, la jalousie pourrait avoir des origines bien plus simples comme le manque de confiance en soi : plus le jaloux a suffisamment confiance en lui, plus il est enclin à projeter ce sentiment sur l’autre. Les spécialistes évoquent également une autre explication : celle de l’angoisse de fusion. Dans ce cas, le jaloux appréhende la fonte de son identité dans le couple. Il cherche alors à se rassurer à travers une tierce personne. La jalousie lui permet de préserver son autonomie, d’exister en quelque sorte.
›› Questions à Bernard Corbel, psychologue, psychothérapeute
Comment gérer la jalousie ?
On peut se demander comment gérer son sentiment naturel de jalousie, mais dans le cas de la jalousie pathologique cela s’avère impossible. Pour gérer une jalousie excessive, il n’y a d’autres moyens que de consulter, soit sa famille, soit un ami proche, soit un psychologue. En tout cas, plus ce sentiment possède les caractéristiques de jalousie pathologique, plus il faut se tourner vers un spécialiste...
Qu’est-ce que la jalousie pathologique ?
La jalousie devient pathologique lorsqu’elle s’empare de l’individu en lui occupant ses pensées, en le martyrisant affectivement et en le poussant parfois à des comportements extrêmement violents. Le jaloux pathologique devient obsédé par sa peur d’être trompé. On peut dire qu’il y a pathologie lorsque le sentiment amoureux est pollué par la peur de devoir partager l’être aimé, ne serait-ce qu’avec une sœur ou un frère ou un parent de celui-ci et encore bien davantage avec un potentiel rival sexuel. Elle devient délirante et paranoïaque lorsque le rival potentiel est imaginaire.
Est-il possible d’en guérir ?
La jalousie pathologique est une maladie de la pensée, des sentiments et des comportements et, de ce fait, il est particulièrement difficile de s’en sortir. Certainement pas tout seul. Le plus souvent, le jaloux pathologique essaie de se tirer d’affaire en se confiant à un ami. Mais si le jaloux pathologique est une personne peu sociable, il devient véritablement un danger pour autrui et pour lui-même et il devrait vite consulter un psychologue.
Comment les Marocains perçoivent-ils la jalousie ?
Il faut savoir que ce sont les valeurs culturelles qui fondent le fond de la pensée des individus, leurs sentiments et leurs comportements. Les valeurs culturelles sont elles-mêmes fortement dépendantes des religions à l’origine des civilisations. Dans la culture marocaine, il semble que la jalousie soit un sentiment naturel pour l’homme et que la femme n’ait pas à s’en prévaloir, puisqu’il faut bien qu’elle accepte la polygamie. Les hommes marocains sont, semble-t-il, plus soupçonneux que les Occidentaux. Les femmes marocaines semblent aussi s’être accommodées de cet état de fait et seraient prêtes à rester attachées à des hommes dont les pratiques seraient insupportables pour des Occidentales.
