Nous sommes sur une magnifique plage, Majdouline est assise sur le sable et scrute l’horizon. C’est à ce moment qu’elle aperçoit pour la première fois Marouane. Son rythme cardiaque augmente, ses pupilles se dilatent. Elle oscille la tête et fait bouger ses cheveux pour se faire remarquer. Marouane est interpellé. Le temps s’arrête. L’homme est séduit. Des endorphines commencent à être libérées par son cerveau… De la dopamine jaillit de celui de sa future conquête. La zone du sens critique s’amenuise. C’est le coup de foudre ! Présenté dans les films et les romans comme étant l’image idyllique de la rencontre amoureuse, le coup de foudre survient comme par magie, de façon tout à fait inopinée. Phénomène mystérieux, il a intrigué les scientifiques au plus haut point. Plusieurs chercheurs ont en effet essayé d’en comprendre la nature et les mécanismes. Les résultats de leurs travaux ont permis de lever le voile sur certains détails importants, mais le phénomène est loin d’être complètement cerné. Les premières recherches ont mis à contribution l’IRM (Imagerie par résonnance magnétique). Basée sur l’observation de l’hémoglobine, cette technique permet d’observer l’afflux de sang vers les zones de cerveau qui font l’objet d’une activité accrue.
Plusieurs études ont pu ainsi mesurer la modification de l’activité cérébrale chez 120 personnes à qui on avait été présenté l’objet de leur amour. Ces travaux, menés par des chercheurs de l’université de Syracuse, ont pu montrer que le coup de foudre est un processus très court, puisqu’il se déroule en seulement un cinquième de seconde ! D’après ces chercheurs, lorsqu’une personne tombe amoureuse subitement, pas moins de 12 régions du cerveau s’activent (impliquées dans l’émotion, la motivation, la récompense, la cognition sociale...) et libèrent des molécules chimiques euphorisantes comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline et la vasopressine. Tomber amoureux peut donc engendrer, selon eux, les mêmes effets que ceux produits par la cocaïne. Dès lors, on comprend mieux pourquoi la relation de dépendance (accoutumance) qui peut s’établir entre les deux individus d’un couple amoureux.
Mais malgré ces avancées, une question reste posée. Qu’est-ce qui a fait que la machine cérébrale s’est mise en branle ? Pour certains scientifiques, inutile de chercher des explications rationnelles. Car souvent ce sont de petits détails qui font qu’on craque pour telle ou telle personne : un sourire, un regard, l’intonation de la voix, la manière de s’habiller…
Selon eux, ce petit détail qui fait mouche correspond forcément à une attente latente enfouie dans notre inconscient depuis l’enfance. Mais d’autres scientifiques présentent une explication tout à fait différente, en tout cas, moins romantique. Ils disent que ce sont les phéromones qui sont à l’origine de l’attirance qu’on éprouve pour la personne dont on tombe amoureux. Il s’agit, selon eux, de substances chimiques spécifiques de chaque sexe qui sont émises par les aisselles, le cuir chevelu, les organes génitaux. Ils en veulent pour preuve une étude de l’Université de Birmingham qui a mis en évidence le rôle de ces substances.
Les chercheurs ont imprégné une seule chaise avec une phéromone masculine dans une salle remplie de chaises. Puis, ils ont fait entrer successivement 840 femmes qui devaient s’asseoir où elles voulaient. 810 ont choisi la chaise imprégnée de l’odeur masculine ou les 2 chaises latérales…
Des hommes sont ensuite entrés dans la salle et ont tous évité ces mêmes chaises. Comme quoi, le grand amour, on le sent venir de loin.
Mais pour une troisième catégorie de chercheurs, c’est le désir de la procréation qui serait à l’origine de toute attirance. Notre cerveau va tenter d’analyser en quelques secondes la possibilité de compatibilité des deux êtres, dans l’unique but de… procréer.
Selon les partisans de cette thèse, la femme recherche la stabilité, c’est-à-dire un homme mettant en avant ses capacités et sa volonté de contribuer aux richesses matérielles et intellectuelles de sa future famille. Pour faire simple : un type plein aux as a plus de chances de conclure qu’un loser sans le sou.
Elle enfante et fait tout le travail biologique, c’est pourquoi il lui faut quelqu’un qui puisse lui ramener à manger et la protéger des «prédateurs». Elle va donc chercher un homme qui possède tous les signes de la puissance : muscles et ressources matérielles.
L’homme quant à lui recherchera des indices de fertilité. Sachant que la fécondité des femmes décroît dès l’âge de 25 ans.
Les hommes sont donc sensibles à la jeunesse d’une femme : agilité, fraîcheur de la peau, lèvres pulpeuses, peau ferme, brillance des cheveux. Ils font attention à la largeur des hanches, indice de fécondité évident.
Tout est chimique ?
«C’est pour moitié une question de goût, c’est-à-dire le résultat de notre culture et de notre environnement… Et pour moitié une question de biologie et de chimie», affirme Jean-Pierre Ternaux, coordonnateur de l’Observatoire et neurobiologiste au CNRS. Autrement dit, si l’on ressent une forte attirance pour quelqu’un, c’est évidemment parce qu’il répond à un certain nombre de critères attendus (âge, physique, milieu social…), mais pas seulement. D’autres critères entrent en compte sans qu’on s’en aperçoive : les phéromones, ces odeurs imperceptibles qui nous renseignent sur le patrimoine génétique de la personne…
Selon plusieurs études scientifiques, l’être humain aurait en effet tendance à jeter systématiquement son dévolu sur un partenaire aux gènes complémentaires des siens. «C’est le côté survie de l’espèce, qui échappe au raisonnement», explique Jean-Pierre Ternaux. La réaction qui suit est purement biologique : le cerveau s’enflamme, les neurotransmetteurs s’activent, le corps se met à sécréter intensément les molécules du bonheur : dopamine (motivation), endorphine (plaisir, euphorie), sérotonine (bien-être) et ocytocine (hormone de l’attachement).
LE COUP DE FOUDRE, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le coup de foudre, c’est quand deux personnes tombent subitement amoureuses l’une de l’autre. Sans se connaître, au premier coup d’œil, elles sont comme frappées par la foudre. Certains parlent d’une «décharge électrique d’amour», d’un «coup sur la tête» ou d’une «brulure intense».
Une merveilleuse douleur en somme, qui distord tout : les couleurs, les formes, les idées. Les deux personnes sont irrésistiblement attirées l’une vers l’autre, sans raison apparente. Et pourtant sur le plan scientifique aussi, le coup de foudre est un phénomène qui se tient. Il faut savoir que nous possédons deux parties distinctes de notre cerveau : la partie des émotions et la partie logique. La partie des émotions est bien sûr régie par les sentiments et réagit plus vite et de manière plus physique que la partie logique. Lors d’une rencontre, si la personne est susceptible de nous plaire, le cerveau génère de l’adrénaline, ce qui provoque une augmentation du rythme cardiaque et une hausse de la tension artérielle. Une sensation de chaleur, le cœur qui bat la chamade, l’impression d’être sur le point de s’évanouir… Tous les «symptômes» d’un coup de foudre !
«L’attirance physique n’est jamais le fruit du hasard»
Tomber amoureux est-ce une question d’hormones uniquement ?
Lorsque nous rencontrons quelqu’un, nous savons très vite s’il nous plaît ou pas. Sa façon de s’exprimer, de s’habiller, son statut social... Mais le plus souvent, il est très difficile d’expliquer les raisons de son propre choix. Des messages chimiques, sur l’aspect génétique, le potentiel érotique et reproducteur de l’autre, arrivent, transmis par les odeurs, les phéromones et certaines sécrétions. Nous sommes en général attirés par des personnes qui nous ressemblent. L’objectif de ces messages est de prolonger au mieux notre capital génétique. Le cerveau est alors dans un état «euphorique».
Pourquoi a-t-on tendance à tomber amoureux des gens qui ont un physique attirant ?
L’attirance physique est tout d’abord subjective, elle n’est jamais le fruit du hasard. La personne par qui nous sommes attirés peut avoir un ou plusieurs éléments (odeurs, comportement, voix...) qui réveillent en nous le souvenir de la première personne aimée (le père ou la mère) ou d’autres personnes aimées dans l’enfance (la maîtresse de CP par exemple). Cette attirance dépend aussi de critères physiques qui sont personnels et culturels.
La logique et le bon sens jouent-ils un rôle dans ce cas ?
La zone cérébrale responsable du jugement est en veille au moment du réel coup de foudre. Plus tard, c’est la complicité et les projets communs qui prennent le relais et ce n’est qu’à ce moment-là que la logique et le bon sens, dans la plupart des situations, jouent un rôle.