Les visages de la science
La découverte des groupes sanguins est liée à la maîtrise de la pratique de la transfusion sanguine. Plusieurs essais de transfusions sanguines, souvent mortels pour le patient, ont été pratiqués avant le XIXe siècle en Occident. Si le pape innocent VIII (1432-1492) en est mort, en 16, en revanche Jean Baptiste Denis, célèbre médecin français, a pratiqué sous Louis XIV la plus ancienne transfusion entièrement documentée connue et réussie le 15 juin 1667. Il est le premier à tenter une transfusion sanguine d’un agneau à un être humain et il était convaincu que la transfusion pouvait traiter la folie. En 1873, les travaux de l’Allemand Leonard Landois et de Muller démontrent que du sang humain mélangé à du sang animal s’agglutine en amas et entraîne la mort du sujet transfusé.
En 1901, Karl Landsteiner découvre les groupes A, B et O et obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1930 pour ses recherches. De leur côté, Alfred von Decastello et Adriano Sturli découvrent le groupe AB en 1902. Plus tard, le groupe Rhésus, suspecté en 1939 par P. Levine et R.E. Stetson, a été découvert par Karl Landsteiner et Alexander Weiner en 1940. Leur idée initiale était de mettre en évidence une communauté antigénique entre le singe et l’homme, par immunisation d’un animal afin d’obtenir un sérum test.
Comment déterminer son groupe sanguin ?
La détermination des groupes sanguins s’effectue en mettant en contact les globules rouges du sujet avec différents sérums contenant successivement des anticorps anti-A, anti-B, anti-rhésus, etc. Lorsqu’il ne se produit pas de réaction d’agglutination, c’est que le sang du patient appartient au même groupe que le sang du sérum témoin avec lequel il est mis en contact.
Et l’hérédité dans tout ça ?
Penchons-nous tout d’abord sur nos anciens cours de biologie. Une paire de chromosomes, sorte de «X», se compose de deux chromosomes possédant chacun un gène hérité d’un de nos deux parents et renferme des informations sur notre groupe sanguin.
Quels sont les différents groupes sanguins ?
› La détermination du groupe sanguin se fait sur la paire de chromosomes n° 9, ainsi :
› Les individus du groupe A sont soit AA soit AO
› Ceux du groupe B sont BB ou BO
› Ceux du groupe O sont les personnes OO
› Celles du groupe AB, assez rare, sont AB…
C’est ce que l’on appelle le système A, B, O. (voir tableau)
Compatibilité et incompatibilité
Les globules rouges (hématies) portent des antigènes spécifiques dont la présence détermine l’appartenance du sujet au groupe sanguin A, B, O ou AB. De plus, dans le système ABO, il existe dans le sérum des anticorps (agglutinines) naturels.
Ainsi, si le sujet appartient au groupe A, son sérum comporte des anticorps dirigés contre l’antigène B. On ne peut donc pas lui transfuser du sang de groupe B ou AB sous peine de voir apparaître une destruction des globules rouges (hémolyse) et un choc transfusionnel.
Un sujet de groupe B ne peut pas être transfusé avec du sang de groupe A, car il possède des anticorps anti-A. Les sujets du groupe AB, portant les deux antigènes sur leurs globules rouges, peuvent recevoir indifféremment du sang de groupe A ou de groupe B. Ils sont dits «receveurs universels». Ils n’ont ni anticorps anti-A ni anticorps anti-B dans leur sérum. Par contre, ils ne peuvent donner leur sang qu’aux sujets de groupe AB. Les sujets du groupe O ne portent pas d’antigène du système A, B, O sur leurs hématies. Ils sont «donneurs universels», car on peut en théorie transfuser leur sang aussi bien aux sujets du groupe O qu’à ceux des groupes A, B et AB. Ils ne peuvent par contre recevoir que du sang du groupe O, car leur sérum contient des anticorps anti-A et anti-B. Même après de multiples transfusions d’autres groupes, on conserve toute sa vie le même groupe sanguin, à part quelques cas particuliers (greffe de moelle osseuse par exemple).
Journée nationale du don du sang
La journée nationale du don du sang, célébrée le 5 décembre de chaque année, est une occasion de rallier de nouveaux volontaires à cet acte noble. En donnant votre sang, vous aidez des milliers de personnes qui en ont besoin, atteintes de maladies nécessitant une transfusion permanente (hémodialyse, leucémie, hémophilie) ou victimes d’accidents de la route.
Dans cette perspective, le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) œuvre pour combler le besoin des hôpitaux et des cliniques du Royaume qui font face chaque jour à la nécessité de sauver des vies humaines, en partie grâce au don du sang.
Trop peu de donneurs
En 2010, le directeur du Centre national de transfusion sanguine, le Dr Mohammed Benajiba, a souligné que le nombre des donneurs, estimé à 0,75% de la population (soit 226 825 poches de sang), reste faible par rapport aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui situent cette part au minimum à 1%. En effet, l’OMS souligne qu’à l’échelle mondiale, 82% des demandeurs restent sans couverture satisfaisante de leurs besoins en transfusion sanguine.
