Les séries policières envahissent nos écrans. Dans les films, la police scientifique se charge de récolter des indices, dont l’analyse permet d’élucider le meurtre. Mais tout se passe-t-il exactement comme à la télévision ? Si quelques heures y suffisent parfois pour identifier les criminels, les enquêtes demandent généralement bien plus de temps dans la réalité. Contrairement à ces séries où seules quelques personnes sont capables de tout faire, dans la vraie vie, l’intervention de nombreux profils aux spécialités distinctes est nécessaire pour pouvoir identifier le coupable.
Scènes de crime et indices
Le personnel «classique» (secouriste, police ou gendarmerie) arrive en premier sur les lieux. Les secouristes qui manipulent la victime peuvent laisser des traces de pas, des empreintes, des cheveux, modifient l’emplacement des victimes et des objets, et compromettent potentiellement l’enquête. Pour ne pas les confondre avec le criminel, leurs empreintes sont généralement prélevées.
La police scientifique est ensuite conviée à la récolte des indices. Pour éviter de contaminer à nouveau la scène du crime par leur propre ADN, ils portent combinaison et gants. Après avoir délimité le périmètre à l’aide d’une rubalise, les techniciens commencent par prendre de nombreuses photos des victimes et des objets afin d’immortaliser l’organisation générale de la scène de crime. Le médecin légiste s’occupe ensuite des premières constatations du cadavre et les experts en empreintes génétiques, en entomologie criminelle, en empreintes digitales, en odontologie, en balistique, etc., récupèrent les indices et travaillent au laboratoire.
Quels sont donc les indices recherchés le plus souvent ? Par quel moyen et comment sont-ils analysés ?
La lampe Polilight pour découvrir les indices cachés
Beaucoup de traces intéressantes sont visibles à l’œil nu, tels les douilles de balles, les taches de sang, les traces de pas, les cheveux, les résidus sous les ongles… D’autres ne le sont pas et nécessitent l’utilisation d’une lampe aux propriétés particulières permettant de les repérer facilement : la lampe Polilight. Elle permet de révéler les traces d’ADN (la salive sur un verre par exemple), les empreintes digitales ou encore les taches de sang nettoyées… Inventé dans les années 1980, le Polilight a un mode d’action assez simple. Il s’agit en fait d’une lampe qui possède la capacité d’émettre de la lumière à différentes longueurs d’onde. Ainsi, plusieurs indices peuvent surgir (fluides corporels, fibres, produits chimiques…). Il ne reste plus qu’à les photographier puis les récolter pour les envoyer au laboratoire d’analyse.
Retrouver des traces de sang
Les traces de sang peuvent être nettoyées et ainsi devenir invisibles à l’œil nu. Mais l’hémoglobine, présente à raison de 15 grammes par litre de sang, a tendance à rester fixée sur les tissus. Il existe donc des méthodes de révélation des zones tachées de sang. L’eau oxygénée seule est un moyen de mettre en évidence la présence de sang. Leur mise en contact entraîne la formation de mousse.
L’autopsie
Les causes de la mort ne peuvent être déterminées avec certitude que grâce à une autopsie réalisée par un médecin légiste. Pour cela, il faut examiner l’empreinte dentaire de la victime, ses bijoux, ses biens personnels, ses papiers d’identité, ses empreintes digitales, son dossier médical, son âge… De plus, il faut analyser les marques extérieures comme les tatouages, les taches de naissance, ou encore les cicatrices. Une autopsie commence par l’observation externe du corps pour rechercher d’éventuelles lésions. Les orifices naturels sont également examinés et des incisions de la peau au scalpel permettent la recherche d’ecchymoses profondes.
Le thorax, l’abdomen et le bassin sont ouverts et inspectés. Les viscères sont prélevés et examinés macroscopiquement, ainsi que d’autres organes (pharynx, larynx, encéphale).
Différents prélèvements (sang, urines, contenu de l’estomac, bile, muscles, peau, os…) peuvent aussi être effectués. Le médecin légiste recherche et note toute trace suspecte ou anormalité sur le cadavre.
Date et heure de la mort
S’il s’agit d’une mort précoce, différents paramètres permettent d’estimer l’heure du décès.
› La méthode thermométrique
La température corporelle est de 37 °C. Après la mort, le corps commence à se refroidir. Si la peau se refroidit rapidement et atteint la température ambiante en 8 à 12 heures, le centre du cadavre met plus de temps. De façon approximative, la vitesse de refroidissement est d’environ 1 °C par heure pendant les 24 premières heures.
› L’analyse de la rigidité cadavérique
La rigidité cadavérique est un raidissement progressif du corps, dû à une perte d’élasticité des fibres musculaires des muscles striés squelettiques. Cela commence généralement au niveau de la nuque. C’est un état provisoire, qui apparaît entre 3 et 4 heures après le décès et qui disparaît avec le début de la putréfaction (après 3 jours).
Si le crime a eu lieu depuis plusieurs jours, semaines, voire plusieurs mois, des indices supplémentaires récoltés sur la victime peuvent être utilisés comme l’indice de putréfaction ou l’entomologie criminelle (présence de vers dans le cadavre).
Analyse toxicologique
Pour savoir si la victime a été empoisonnée, les spécialistes effectuent une analyse toxicologique. Si une substance est particulièrement suspectée, une méthode très spécialisée peut être utilisée pour la détecter. Par contre, si l’on suspecte un empoisonnement avec un produit inconnu, toutes sortes de tests peuvent être utilisés. S’ils sont positifs, il faut alors procéder à des tests plus spécifiques qui déterminent la formule chimique du produit.
