›› Qu’est-ce que c’est ?
Le terme adulescent, vous l’aurez compris, vient de la contraction des mots «adulte» et «adolescent». Il illustrerait cette phase intermédiaire entre l’adolescence et l’âge adulte dans laquelle certains d’entre nous (hommes et femmes) souhaitent s’éterniser plus ou moins. Les adulescents que l’on appelle aussi «jeunes adultes» ont bien du mal à passer le cap de l’adolescence. Malgré leur âge (18-25 ans), ils ne se sentent pas prêts à affronter les responsabilités et les contraintes de la vie d’adulte et ne se projettent pas dans l’avenir. Résultat, ils restent bien au chaud chez papa et maman et s’intéressent à tout ce qui leur rappelle l’enfance : jeux vidéos, bandes dessinées, dessins animés… Les adulescents sont partagés entre l’envie de grandir et de s’assumer et la crainte d’entrer dans le monde adulte et de devoir gérer seul un tas de responsabilités.
Autrefois, dès l’âge de 25 ans, les jeunes adultes commençaient à se stabiliser en choisissant un métier, une épouse et un environnement dans lequel ils allaient s’épanouir et construire leur famille. Aujourd’hui, les choses ont changé, à 25 ans les jeunes adultes ne savent plus vraiment ce qu’ils veulent. Ils ne sont stables ni professionnellement ni affectivement et se cherchent encore parfois jusqu’à l’âge de 35 ou 40 ans. Pourquoi la tendance à l’adulescence prend-elle de l’ampleur au fil des années ? Comment expliquer ce phénomène et faut-il s’en inquiéter ?
Quand faut-il s’inquiéter ?
N’en faites pas une obsession, inutile de brusquer vos enfants dès l’âge de 20 ans, si vous les sentez quelque peu immatures et accrochés à leurs souvenirs enfantins. Les décisions et les engagements trop précoces sont loin d’être une solution. L’idéal est encore de savoir s’engager au bon moment dans la vie et d’être préparé à la gestion des responsabilités. Si à 25 ans votre enfant est totalement irresponsable, dépend entièrement de vous et n’est pas préoccupé par son avenir, il y a un problème.
D’autant plus que, comme le souligne le docteur Corbel, «une telle conduite de la vie n’est pas sans risque : la dilapidation de la fortune, l’échec de l’éducation des enfants, l’égoïsme, une vie faite de nombreuses ruptures qui se rapportent justement à cette phase de l’adolescence où l’on multiplie les aventures amoureuses, un manque de profondeur et d’amour...» Si les adulescents ont l’impression de vivre dans un monde idyllique où ils sont rois, le manque de stabilité et de responsabilité dont ils font preuve leur fera défaut, tôt ou tard. D’après le docteur Corbel, «ce profil peut aussi flirter avec le profil des pervers narcissiques qui n’ont pas d’empathie et manipulent leurs proches pour satisfaire leurs désirs personnels et s’amusent même à torturer les autres en les culpabilisant».
Et l’entourage dans tout ça ?
Dans certains cas, le comportement d’un adulescent peut aller jusqu’à détruire les liens familiaux. Pour les parents, voir leur progéniture complètement immergée dans un monde infantile à plus de 25 ans n’a rien de mignon et d’attachant, au contraire. Selon le docteur Bernard Corbel, psychologue à Casablanca, les adulescents sont «très difficiles à gérer, ils suivent leurs impulsions et satisfont leurs caprices comme ils l’entendent. Comme il s’agit d’adultes, il est encore plus difficile de tenter de les freiner. Ils ressentent leurs besoins comme devant être satisfaits immédiatement. Accessoirement colériques, ils n’aiment pas être contrariés. Ils se prennent un peu pour des stars et leurs caprices sont des ordres». Préoccupés par la situation de leurs enfants, les parents deviennent parfois oppressants et tentent de les bousculer pour les faire réagir, certains vont même jusqu’à les mettre à la porte. Mais d’après le docteur Corbel, l’idéal est de «se montrer aimable, compréhensif et diplomate afin de réussir à être ferme».
Un marché prospère
Si les adulescents sont souvent irresponsables et complètement dépendants, ils n’en demeurent pas moins des consommateurs d’exception. Éternels enfants, ils sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour s’entourer de tout ce qui leur rappelle leur enfance, et ça, le marketing l’a bien compris ! Côté cosmétique, les parfums aux odeurs de notre enfance (chocolat, chewing-gum, fraise), les gels douche et laits corporels aux senteurs de madeleine, de tartelettes aux fraises et de caramel se vendent comme des petits pains. Même constat pour le maquillage aux couleurs vives et aux parfums enfantins (vernis à ongles colorés, rouge à lèvres à la réglisse…). La littérature pour jeunes adultes triomphe depuis quelques années et alimente, elle aussi, l’illusion d’un monde à part et utopique qui fascine les adulescents. Sans parler de l’engouement pour la jeunesse éternelle, véhiculé notamment par les nouveaux héros de la littérature de jeunesse, tels les vampires éternellement jeunes. Même le cinéma s’y est mis en revisitant sur grand écran la vie de tous les héros de notre enfance (Spiderman, Superman, Hulk, Tortues Ninjas…) sans compter les rééditions de DVD de dessins animés et les ventes de CD qui reprennent les meilleurs génériques de notre enfance.
Comment reconnaître un adulescent ?
Ils ne semblent pas déterminés à quitter le cocon familial de sitôt, ils se reposent énormément sur leurs parents et ne gèrent pas ou peu les choses eux-mêmes, ils ne s’engagent pas, ni professionnellement, ni dans la vie affective. Les adulescents refusent de traverser la frontière du monde de l’enfance pour entrer dans celui de l’adulte, ils restent donc très attachés à tous les jeux et les objets qui peuvent leur rappeler l’univers paisible et innocent de leur enfance. Si à 25 ans vous dormez toujours avec votre doudou, vous aimez boire un lait chaud devant les dessins animés le matin et que vous passez les trois quarts de votre journée à jouer aux jeux vidéos, il y a des chances pour que vous soyez atteint du syndrome de l’adulescence.
Mais l’adulescence ne s’arrête pas là, dans certains cas les symptômes sont moins flagrants et la personne réussit tout de même à construire sa vie. Sauf qu’en réalité, tout repose sur les épaules du conjoint ou de la conjointe, voire des enfants. Il arrive en effet que certaines personnes mariées et parents n’aient pas totalement franchi la frontière du monde adulte. Ainsi, elles continuent d’afficher un style plus jeune en portant des vêtements qui leur donnent 20 ans de moins, elles ne gèrent aucune responsabilité au sein du foyer (factures, comptes en banque, suivi des enfants…) et se reposent sur l’époux (se) ou sur les enfants les plus âgés.
