Menu
Search
Vendredi 06 Septembre 2024
S'abonner
close
Vendredi 06 Septembre 2024
Menu
Search

Santé et protection des femmes : relancer les progrès pour ne laisser personne pour compte

En matière de développement humain, la population mondiale a fait des progrès significatifs depuis 1994. Mais ces progrès stagnent ces dernières années, exposant des millions de personnes, particulièrement des femmes, à des menaces grandissantes liées notamment à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à la violence basée sur le genre. D’où la nécessité d’un sursaut mobilisateur pour préserver les acquis et les renforcer. «Dans un monde d'incertitude et de bouleversements, nous pouvons réaliser un avenir pacifique et prospère en construisant et en renforçant la résilience des systèmes et des sociétés à l'aide de solutions fondées sur des évidences et de données fiables et inclusives», estime Madame Marielle Sander, représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population au Maroc (UNFPA), à l'occasion de la Journée mondiale de la population.

Marielle Sander.
Marielle Sander.

Par Marielle Sander, représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population au Maroc (UNFPA)

Il y a trente ans, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, le monde a convenu de placer les personnes au centre du développement – inspirant des progrès significatifs, en particulier dans la santé et la protection des femmes. En cette Journée mondiale de la population, nous mettons à l’UNFPA, le Fonds des Nations unies pour la population, l’accent sur des avancées remarquables à l’échelle mondiale. Depuis le début du millénaire, nous avons observé une réduction de plus d'un tiers des décès liés à la grossesse et à l'accouchement. Parallèlement, les grossesses non intentionnelles ont diminué d'un cinquième, comparées aux années 1990 et, à l’heure actuelle, au moins 162 pays ont adopté des lois permettant de lutter contre la violence domestique.



Malgré ces avancées, Nous avons constaté un certain ralentissement, voire une stagnation des progrès accomplis au cours des dernières années. Le dernier rapport sur l’état de la population mondiale, édité en 2024, estime que des millions de personnes sont encore laissées de côté, en particulier les plus marginalisées. Les données dont nous disposons aujourd’hui sont alarmantes. Alors que nombreuses tranches de la population ont récolté les bénéfices de l'évolution des normes en matière de contraception et d'un meilleur accès aux soins obstétricaux, beaucoup trop de communautés sont encore confrontées à des taux élevés de mortalité maternelle, de grossesses non désirées et de mauvaise santé. Force est de constater que des facteurs comme l’âge, le statut socio-économique, le milieu de résidence, l’origine et l’appartenance ethniques, la situation au regard du handicap, et le statut migratoire ou sérologique, entre autres, déterminent la capacité d'une personne à vivre une vie reproductive sûre et saine.

Par conséquent, les progrès ont été largement ralentis. La violence basée sur le genre demeure endémique dans presque tous les pays et toutes les communautés du monde. La mortalité maternelle n’a plus baissé depuis 2016 et augmente même dans un nombre alarmant de pays. Près de la moitié des femmes ne sont toujours pas en mesure de prendre leurs propres décisions concernant leur corps ni de jouir d’une bonne santé sexuelle et reproductive et de l’exercice de leurs droits en la matière.

Dans un monde d'incertitude et de bouleversements, nous pouvons réaliser un avenir pacifique et prospère en construisant et en renforçant la résilience des systèmes et des sociétés à l'aide de solutions fondées sur des évidences et de données fiables et inclusives. Au Maroc, nous sommes honorés à l’UNFPA de soutenir le septième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2024) aux côtés du Haut-Commissariat au Plan (HCP), des partenaires institutionnels et des agences onusiennes. Prévue en septembre 2024, cette opération nationale de grande envergure permettra de générer des informations plus complètes et précises, permettant de mesurer et d'atteindre les objectifs de développement.

Face aux disparités spatiales, nous nous réjouissons à l’UNFPA d’avoir soutenu conjointement avec le HCP l’initiative innovante au Maroc en matière de planification du développement, en intégrant des données démographiques au niveau infranational. Cette initiative, unique en Afrique et dans la région arabe, s'aligne sur la stratégie de régionalisation avancée. Sur les 12 régions du pays, 9 disposent désormais de bases de données infranationales complètes, dont 5 sont pleinement opérationnelles et accessibles au public. Avec la capacité de produire des rapports infranationaux sur les Objectifs de développement durable (ODD), déjà disponibles pour 2 régions, cette approche basée sur les données permet des interventions ciblées, garantissant que les efforts de développement visant les femmes et les jeunes sont adaptés aux besoins régionaux et favorisent un accès équitable à des services de qualité dans tout le pays.

Fruits d’une volonté ferme de donner la priorité à ceux qui sont les plus éloignés, ces avancées nous inspirent et nous poussent à aller plus loin. Elles nous éclairent la voie à suivre pour concrétiser cette vision et ne laisser personne pour compte. Dans ce sens, le nouveau modèle de développement du Maroc présente une opportunité cruciale pour donner la priorité au développement du capital humain, avec un accent particulier sur l'autonomisation des femmes. Pour réaliser pleinement cette vision, des actions concrètes peuvent faire la différence et stimuler l’innovation, notamment : assurer un accès égal aux services de santé, investir massivement dans l'éducation et la formation professionnelle, promouvoir l'égalité des sexes dans tous les secteurs, créer davantage d'opportunités d'emploi pour les femmes et démanteler les barrières sociétales qui entravent leur pleine participation.

Alors que nous nous projetons vers l'avenir, notre mission évolue : il ne s'agit plus seulement d'améliorer des statistiques, mais de garantir que chaque femme, où qu'elle soit, puisse bénéficier de ces progrès. En gardant ce cap, nous pouvons envisager un futur où l'égalité en matière de santé n'est pas un privilège, mais un droit universel. Ensemble, continuons à œuvrer pour un monde où le bien-être de chacune compte, sans exception. C'est ainsi que nous écrirons les prochains chapitres de cette histoire de progrès et d'espoir, permettant de construire des sociétés plus inclusives et prospères pour les générations à venir.
Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.