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«Palais et forteresses d’Al Mansur Ed-Dahbi» : la lumière faite sur des merveilles d’architecture

Publié et signé par Soad et Mohamed Ben Abdeljalil Belkeziz aux éditions ID Territoires, le livre «Palais et forteresses d’Al Mansur Ed-Dahbi» dévoile les merveilles des constructions réalisées par Ahmed El Mansur Ed-Dahbi, grâce à l’éclairage clé de son vizir Abdelaziz El Fashtali. Le livre a été présenté par l’Association Casamémoire à la Coupole du Parc de la Ligue arabe.

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Si aujourd’hui, le Palais Badi est une attraction touristique majeure de la ville ocre, l’on ne sait que peu de choses sur son âge d’or. Et pour cause. Démoli par le Sultan Alaouite Moulay Ismaïl, pour orner son propre palais à Meknès, le palais marrakchi ne garde de sa splendeur que de rares vestiges difficilement imaginables. Mais le livre de Soad Belkeziz jette une lumière nouvelle en apportant davantage de détails.



Pour écrire le livre «Palais et forteresses d’Al Mansur Ed-Dahbi», l’architecte Soad Belkeziz a passé sept années à investiguer dans les ouvrages anciens pour écrire un livre sur les palais saâdiens. Son intérêt s’est trouvé décuplé à la rencontre d’une œuvre très peu connue, «Manâhil Es-safâ» de Abdelaziz El Fashtali, Vizir d’Al Mansur Ed-Dahbi. Depuis sa redécouverte en 1960, cette œuvre était demeurée peu explorée et mal analysée. Et pour cause. «Même en m’aidant des connaissances de mon père en langue arabe, la copie dont on disposait était illisible», explique l’architecte qui a fini par solliciter la Bibliothèque Royale pour récupérer une copie lisible. L’érudition de Mohamed Ben Abdeljalil Belekziz a alors été mise à l’épreuve, mais a triomphé de l’œuvre. Plusieurs mois d’étude minutieuse ont été nécessaires pour décrypter un chapitre spécifique de vingt pages, marquant ainsi le début d’une restitution fidèle et d’un travail en profondeur dont les fruits allaient éclairer un pan entier de l’histoire marocaine.

Des découvertes majeures

Parmi les découvertes les plus saisissantes de l’ouvrage, c’est que le palais El Badi est bien plus grand que celui connu actuellement. Grâce au plan du Vizir, l’on apprend que beaucoup de quartiers battis actuellement faisaient partie de l’enceinte du palais. En outre, le Vizir nous dévoile l’Arc de Triomphe, «Qoubbat Annasr», érigé au lendemain de la bataille des Trois Rois. Dépeint comme un lieu éclairé de cierges, ce monument emblématique revêt une symbolique historique et architecturale fascinante, révélant la grandeur et la magnificence de l’époque.

«Palais et forteresses d’Al Mansur Ed-Dahbi» dévoile également l’apport précieux des plans portugais, longtemps négligés par les chercheurs. Issus des espions envoyés par le roi Philippe II, qui était souvent en compétition avec Mansur Ed-Dahbi, ces plans offrent un apport précieux sur l’architecture et la construction de l’époque. Grâce à ces documents, Soad Belkeziz a pu réaliser des reconstructions en 3D qui lui ont permis une compréhension approfondie des techniques de construction. «Cela fait sept ans qu’on utilise ces plans et chaque fois on découvre de nouvelles richesses», affirme l’architecte.

Un système hydraulique spectaculaire

Le Palais El Badi recelait une ingénierie hydraulique remarquable qui a nécessité des mois d’études approfondies pour être pleinement comprise. Les descriptions du Vizir El Fashtali révèlent des détails fascinants tels que les différents bassins d’alimentation d’eau, les hammams et les systèmes de pompes sophistiqués importés d’Europe pour verdir ce coin de paradis. Le livre décrit également des eaux en perpétuel mouvement, dû à un système faisant se rencontrer deux courants opposés pour purifier l’eau. Il explique également un processus complexe de faire monter l’eau de 20 mètres pour créer une impressionnante chute, et l’utilisation d’une roue hydraulique. Le canal central au cœur d’El Badi s’étendant sur trois kilomètres, allant du grand bassin aux portes de la «Qobba khadra» du sultan, était parfaitement navigable. Tandis qu’un bassin dotait les habitats d’une distribution d’eau chaude et froide, témoignant de la sophistication avancée de ces techniques au XVIe siècle !

Ce que l’on apprend d’Al Mansur

La réputation d’Al Mansur Ed-Dahbi était réduite à des exploits guerriers et à ses trésors d’or acquis lors de conquêtes épiques. Mais grâce aux descriptions certes élogieuses, mais précises de son Vizir, «on en apprend plus sur l’engagement profond du sultan Saâdien envers la préservation du patrimoine. Al Mansur Ed-Dahbi se révèle comme un homme attaché à la mémoire collective, à la préservation des richesses culturelles et architecturales de son royaume. Mais il voulait absolument laisser un patrimoine personnel qui immortalise son nom», explique Soad Belkeziz. En effet, le sultan a non seulement attiré des artisans de talent, mais a également introduit des technologies pointues, veillant à les adapter au contexte marocain.

Sa créativité débordante va au-delà des frontières de l’imagination ordinaire. Al Mansur Ed-Dahbi aurait été capable de dérouter ses architectes par son ingéniosité, selon les dires d’El Fashtali qui va jusqu’à affirmer que le sultan effectuait des voyages célestes pour communiquer avec Dieu. Cette dimension spirituelle et visionnaire aurait été à l’origine des merveilles d’architecture que vous pouvez découvrir dans le livre «Palais et forteresses d’Al Mansur Ed-Dahbi».
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