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Mohammed Ahed Bensouda présente son film «Les divorcées de Casablanca» (Entretien)

Le réalisateur Mohammed Ahed Bensouda présente, ce samedi à 20 h en collaboration avec la ville de Perpignan (France), son film «Les divorcées de Casablanca». Les recettes de cette projection en avant-première seront intégralement reversées aux sinistrés du tremblement de terre au Maroc. L'artiste-calligraphe franco-marocain Hassan Majdi prendra part à cette projection caritative et participera avec une performance et une vente calligraphie. Les recettes seront également versées au Fonds d'aide de soutien aux victimes du séisme.

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Le Matin : Vous présentez le 23 septembre à Perpignan votre film «Les Divorcées de Casablanca». Dans quel cadre est programmée cette projection ?

Mohammed Ahed Bensouda : Après le terrible séisme qui a touché la région d’Al Haouz, les initiatives ont été nombreuses pour exprimer le soutien et la compassion avec les sinistrés. En tant que cinéaste marocain résidant en France, je voulais absolument aider et être utile comme tous les compatriotes marocains du monde.

Au début, j’avais envoyé un don comme la plupart d'entre nous, et puis j’ai eu l’idée de faire cette projection de mon nouveau film «Les Divorcées de Casablanca» qui est actuellement en tournée internationale à travers la participation dans divers festivals autour du monde. Ce film a décroché 15 Prix internationaux en Inde, Grèce, Espagne, Chili, Venezuela, Turquie, États-Unis et Indonésie.

Cette séance spéciale de «Solidarité Maroc» aura lieu en collaboration avec la ville de Perpignan et l’intégralité des recettes sera reversée aux sinistrés du séisme. La projection a lieu le samedi 23 septembre 2023 au cinéma Castillet.

Pouvez-vous nous rapprocher de ce film ?

Ce film est le deuxième dans la trilogie consacrée à la femme de mon pays. Après mon premier film «Derrière les portes fermées» sur le harcèlement, je voulais ouvrir le débat autour d’un autre problème de notre société, celui de la femme divorcée. Je pense que le moment est opportun pour revoir les lois régissant le statut de la femme marocaine divorcée.

Dans ce film, je dresse le profil de cinq femmes, de la grande ville de Casablanca, source du progrès économique, social et civilisationnel. Cinq femmes divorcées issues de diffé́rentes couches sociales et actives dans divers domaines. Elles tentent de reconstruire leur vie, dans une société inégalitaire, dominée par les préjugés sur les femmes divorcées et l’ignorance des règles de droit régissant le statut de la femme.

Vous traitez dans vos films des thèmes sociaux, en rapport avec la femme et la famille. Qu’est-ce qui vous motive pour ces sujets ?

Je suis père de 4 filles et frère de 5 sœurs et je n’ai pas de frère... je pense que la réponse est suffisante. Pour être franc avec vous, la femme au Maroc est devenue partie prenante avec l’homme dans les mêmes domaines, auparavant réservés aux hommes. Ainsi, de nombreuses femmes, divorcées ou non, vivent aujourd’hui une indépendance décomplexée vouant leur temps à leur travail, leurs loisirs et leurs ambitions personnelles. Elles placent leur liberté au-dessus de tout. Cela ne signifie pas qu’elles refusent le mariage ou se contentent de leur situation de divorcées. Mais elles sont devenues exigeantes quant aux critères de choix de leur partenaire, critères pour la plupart objectifs demandant à l’homme d’être compréhensif, démocrate et croyant en leur liberté et leurs droits.

C’est dans ce cadre qu’interviennent mes films, sur la femme, la famille et la société, ouvrir les débats et permettre une ouverture d’esprit qui a comme fond nos traditions et nos coutumes et la mise en valeur de nos femmes.

Comment avez-vous abordé la réalisation de ce long métrage ?

La réalisation de ce genre de film nécessite des démarches qui accompagnent l’évolution de la production, de la première étape d’écriture à l’exploitation. Déjà au niveau du scénario, notre démarche était de s’appuyer sur un grand nombre d’études et de recherches sur le divorce, sachant bien que le sujet a été traité dans plusieurs films de tous genres que j’ai pu voir. Des films d’origines et de cultures diverses. Cela m’a imposé un constat : le divorce est un phénomène universel qui s’accentue partout. C’est aussi un phénomène dont les causes sont difficiles à cerner. Notre pays n’échappe pas à cette règle. Maintenant, comment se démarquer par rapport à tout ce qui a été fait au niveau esthétique ? Notre équipe artistique et moi-même avions décidé de faire un repérage à Casablanca qui devrait montrer la ville d’une façon très moderne pour pouvoir placer le sujet dans son atmosphère moderne et contemporaine, afin d’offrir une beauté à Casablanca la blanche et pas la «Negra» qu’une multitude de collègues ont déjà montrée. Cette décision de placer le sujet dans un contexte très cosy a donné au film une dimension universelle, qui a facilité le langage de ma réalisation technique et qui a abouti à une diffusion du film à l’échelle internationale avec un standard technique et artistique universel. Quant au tournage à Casablanca, il coïncidait avec la Coupe du monde, donc vous pouvez imaginer la souffrance qu’on a pu vivre pour tourner en extérieur.

Quels échos «Les Divorcées de Casablanca» a-t-il eus auprès des critiques et du public lors des projections internationales ?

Je tiens à clarifier mon style de cinéma : je ne fais pas de film pour les critiques, mais je prends toujours leur avis. Je ne fais pas de films d’auteur, mes scènes reflètent simplement certains problèmes de société. Je ne fais pas de films commerciaux, mes films attirent le public. Pour revenir à votre question, les retours dans l’ensemble sont très positifs pour un film avec des tendances de box-office. C’est un style qui s’approche plus du cinéma des majors que de celles d’auteurs. Ce genre de film est très difficile à concevoir, vu la difficulté du traitement, qui doit associer le sujet et le divertissement. En Amérique du Sud, par exemple au Venezuela, le public ainsi que les critiques et les jurys ont accordé au film 3 Prix, dans le cadre du Festival international des cinq continents.

Il a reçu les Prix de la réalisation, de l’image et du meilleur film étranger. Au Chili, l’Académie du Sud du cinéma et des arts, nous a accordé 3 Prix, celui du meilleur film indépendant, de la meilleure image et de la meilleure affiche, plus une Mention spéciale pour l’actrice Sonia Okacha et pour le scénariste Abdelilah Hamdouchi. Plusieurs récompenses ont couronné ce film, quinze Prix jusqu'à aujourd’hui. Je suis fier du parcours international de ce long métrage. J’aime montrer mon pays en plein développement et en mutation économique et sociale. Je serai ravi de le présenter au public marocain.

Pour quand alors la sortie nationale ?

Elle est prévue entre les mois de novembre 2023 et janvier 2024. J’attends le soutien inconditionnel des associations féminines ainsi que l’appui des médias sérieux, pour permettre un débat large et concluant autour du divorce et de la législation le régissant.

Projets en vue ?

Je suis en train de préparer le troisième et le dernier film de l’opus consacré à la femme, cette fois-ci, je m’attaquerai à la problématique de l’avortement.

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