Dans une époque où les frontières entre les genres sont très rigides, la bande dessinée «Al Bahja» offre une réflexion pertinente sur l’identité et la quête de soi. La bande dessinée de Youssef Rahali se déroule dans une ambiance taciturne où les visages sombres reflètent la dureté d’une réalité oppressante. El Bahja, née fille, mais élevée comme un garçon, évolue sous l’autorité d’un père dur et d’une mère soumise, dans un environnement où le déni de sa féminité est imposé sans compromis. N’offrant aucun moment de joie, l’histoire plonge le lecteur dans une exploration des luttes intérieures d’une jeune fille en quête de son identité dans un monde qui refuse de la reconnaître.
Bien que l’œuvre ne compte que 60 pages, le sujet aurait mérité plus d’espace pour approfondir les personnages et mieux structurer l’histoire et l’action, car certaines zones d’ombre subsistent. Cependant, il est important de souligner qu’il s’agit du premier projet entièrement réalisé par le jeune artiste, qui gère même sa propre distribution. Et cet accomplissement mérite amplement d’être salué.
Pour le jeune homme, ces pratiques qui privent des personnes de leur véritable identité doivent être exposées et dénoncées. «Il est temps que ces vieux schémas idéologiques, qui régissent la filiation où l’héritage, soient relégués au passé, pour laisser les gens vivre pleinement leur identité», martèle Rahali.
Initialement écrit en Darija marrakchie, avec des proverbes populaires pour ancrer l’histoire dans son contexte culturel, le projet a dû subir une traduction en français, pour approcher les éditeurs français et belges. C’est pour cette même raison que des fiches de personnages apparaissent en début d’ouvrage. En essayant de bien faire, Youssef Rahali utilise ces descriptifs pour clarifier les spécificités culturelles, ce qui, malheureusement, prive le récit de sa puissance narrative.
Ne voyant pas de possibilités d’édition dans un futur proche, Youssef a choisi d’oser l’autoédition, ce qui constitue un défi majeur. En effet, l’auteur s’est retrouvé à gérer toute la chaîne de production, de l’impression à la promotion. Tirée à 500 exemplaires, avec une diffusion limitée, la BD est actuellement disponible à la librairie «les Insolites» à Tanger. En attendant de la retrouver dans d’autres points de vente, «Al Bahja» représente un exemple de résilience à encourager et à imiter.
Bien que l’œuvre ne compte que 60 pages, le sujet aurait mérité plus d’espace pour approfondir les personnages et mieux structurer l’histoire et l’action, car certaines zones d’ombre subsistent. Cependant, il est important de souligner qu’il s’agit du premier projet entièrement réalisé par le jeune artiste, qui gère même sa propre distribution. Et cet accomplissement mérite amplement d’être salué.
Contre l’archaïsme
Pour Youssef Rahali, des Bahja au Maroc, il y en a plein. «J’ai grandi dans un douar à Marrakech, où de nombreuses femmes se voient contraintes d’adopter des comportements virils pour accéder à certains postes ou pour subvenir aux besoins de leurs familles. J’ai voulu alors mettre en lumière cette réalité sociale à travers ce personnage», explique l’artiste, qui nous rappelle que le déni de féminité n’est pas une fiction lointaine, mais une réalité encore vécue par beaucoup. «Aujourd’hui encore, certaines femmes continuent de se déguiser en hommes pour travailler dans la “Halqa” à Jamaa El Fna», nous assure-t-il. C’est en lisant «L’Enfant de sable» de Tahar Benjelloun que Youssef a trouvé la motivation pour créer son propre personnage, offrant une fin différente à son héroïne, en lui permettant d’affirmer son identité féminine.Pour le jeune homme, ces pratiques qui privent des personnes de leur véritable identité doivent être exposées et dénoncées. «Il est temps que ces vieux schémas idéologiques, qui régissent la filiation où l’héritage, soient relégués au passé, pour laisser les gens vivre pleinement leur identité», martèle Rahali.
Parcours du combattant
Est-il nécessaire d’exposer la difficulté de publier une bande dessinée au Maroc ? L’artiste Youssef Rahali a fait l’expérience des vicissitudes de l’édition au Maroc, mais également à l’étranger. Le projet, initié en 2021, a connu de nombreux desiderata avant de voir le jour grâce à l’autoédition.Initialement écrit en Darija marrakchie, avec des proverbes populaires pour ancrer l’histoire dans son contexte culturel, le projet a dû subir une traduction en français, pour approcher les éditeurs français et belges. C’est pour cette même raison que des fiches de personnages apparaissent en début d’ouvrage. En essayant de bien faire, Youssef Rahali utilise ces descriptifs pour clarifier les spécificités culturelles, ce qui, malheureusement, prive le récit de sa puissance narrative.
Ne voyant pas de possibilités d’édition dans un futur proche, Youssef a choisi d’oser l’autoédition, ce qui constitue un défi majeur. En effet, l’auteur s’est retrouvé à gérer toute la chaîne de production, de l’impression à la promotion. Tirée à 500 exemplaires, avec une diffusion limitée, la BD est actuellement disponible à la librairie «les Insolites» à Tanger. En attendant de la retrouver dans d’autres points de vente, «Al Bahja» représente un exemple de résilience à encourager et à imiter.