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Book Club «Le Matin» avec la romancière Zineb Mekouar

L’écrivaine Zineb Mekouar a présenté, le 17 mai, son roman «Souviens-toi des abeilles» lors du Book Club «Le Matin» en marge du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à Rabat.

Animée par la journaliste Myriam Ezzakhrajy, cette escale a été l'occasion d'explorer les thèmes et les inspirations derrière ce roman touchant, plongeant dans un village reculé de l'Atlas, à mille lieues des vies citadines.

Un roman inspiré par la beauté et la tristesse de la nature

Mekouar a partagé l'origine de son inspiration, née d'une conversation fortuite avec un ami étranger, découvrant ainsi à proximité d'Agadir le plus ancien et le plus grand rucher collectif traditionnel au monde, mais méconnu par beaucoup de Marocains. Cette découverte a ouvert ses yeux sur la beauté saisissante et la tragédie silencieuse qui se jouent dans ces contrées oubliées. Le bourdonnement des abeilles, symbole de vie, cède le pas au silence assourdissant causé par la sécheresse, réduisant la population villageoise à un tantinet de familles. C'est ce contraste entre la splendeur naturelle et la désolation humaine qui a enflammé l'imagination de Mekouar.



«Ce qui m'a touchée et m'a donné envie d'écrire sur ce lieu magnifique c'est une sorte de beauté en même temps de tristesse. Le bourdonnement des abeilles laisse place au silence à cause de la sécheresse. Il y avait 80 familles à l'époque dans le village. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 6 ou 7 et c'est impressionnant en termes de désastre climatique», affirme Zineb Mekouar.
L’auteure s’est surtout interrogée sur l’avenir des enfants de la région. «Je me disais, mais qu'est-ce qu'ils vont devenir quand ils vont à Agadir ou dans d’autres villes. Les familles ont, certes, des savoir-faire magnifiques, mais sans diplômes et codes de la ville, elles ne sont pas forcément armées pour cette nouvelle vie. C'est ainsi que l'idée du roman a commencé à germer dans ma tête». La jeune écrivaine tisse un lien magnifique entre la terre et la mère. «Comment fait l'enfance quand elle ne peut plus être nourrie de cette terre et de cette mère ?» Une interrogation qui fait réfléchir sur la fragilité des abeilles et des humains. Zineb Mekouar a choisi la fiction pour sensibiliser à la protection de notre écosystème.

Anir : témoin de la tragédie, porteur d'espoir

Son roman est porté par des personnages bien décrits notamment celui d'Anir, 10 ans, qui incarne cette dualité entre innocence enfantine et conscience des réalités brutales de la vie. Par le prisme de son regard juvénile, le lecteur est plongé au cœur des enjeux écologiques et sociaux qui menacent la région, évoquant ainsi des questions essentielles sur l'avenir des générations à venir. Le choix de ce petit bonhomme n’est pas fortuit.
Pour Zineb, l'enfance démontre une intelligence émotionnelle remarquable, ainsi qu'une capacité à comprendre des problématiques qui ne leur sont pas nécessairement explicitement enseignées. Elle a ainsi voulu remettre l’Homme à sa juste place au centre de la problématique écologique.

Pour elle, aborder ces thématiques à travers le regard d'un enfant de dix ans est plus pertinent. En effet, un enfant de cet âge peut ressentir une profonde tristesse face à la disparition des abeilles, contrairement à un adulte plus âgé qui pourrait être moins ému et moins émouvant. Dans son récit, le protagoniste se sent en quelque sorte exclu du village et trouve du réconfort auprès des animaux, notamment des abeilles, et de son grand-père. Sa connexion avec une ruche et sa reine symbolise cette relation précieuse. Lorsqu'il est confronté à des difficultés telles que le manque d'eau, son chagrin d'enfant est palpable.

La relation d'Anir avec son grand-père et son père qui veut quitter le village reflète les tensions familiales et les aspirations divergentes des habitants du village, ajoutant une dimension humaine et émotionnelle à l'histoire.

Une auteure engagée

À travers ce récit, Mekouar explore des thèmes universels tels que les injustices sociales, les dérèglements climatiques, l’exode rural et la lutte pour la survie, sans jamais sombrer dans le jugement moralisateur. Pour elle, la littérature est un moyen de mettre en lumière les réalités souvent ignorées et de susciter une réflexion profonde sur notre société. «Mes livres seront d'une manière ou d'une autre engagés sur les droits humains», souligne l’écrivaine.

Son choix de titre, «Souviens-toi des abeilles», est à la fois une invitation à la contemplation de la nature et un rappel de l'importance de préserver notre environnement. Ce titre, évoquant une injonction directe au lecteur, incarne la voix poétique et engageante de l'écrivaine.

«Souviens-toi des abeilles» est bien plus qu'un simple roman. C'est un appel à la conscience, un hommage à la beauté fragile de notre monde et un plaidoyer pour un avenir plus juste et plus durable.
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