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Bouchra Khnafou, peindre l’exil et la mémoire à l’Espace Rivages

Entre superposition des mémoires et exploration de la matière, l’artiste marocaine Bouchra Khnafou propose une œuvre de maturité où le contraste, le vide et la couleur deviennent langage. «Palimpseste de l’exil» révèle une réflexion sensible sur l’identité en mouvement et la création façonnée par la distance.

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A l’Espace Rivages de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, à Rabat, l’exposition «Palimpseste de l’exil» de Bouchra Khnafou embrasse les thèmes de la mémoire, de l’éloignement et du lien réactivé avec le pays natal. Visible jusqu’au 18 janvier 2026, l’exposition révèle une œuvre offrant une traversée sensible du travail récent de l’artiste marocaine installée au Qatar.

Formée à l’École supérieure des beaux-arts de Casablanca, Bouchra Khnafou a forgé son langage plastique dans l’effort et la persévérance. Son parcours, marqué par l’exigence et le travail de longue haleine, transparaît aujourd’hui dans des compositions d’une grande maturité, où chaque élément semble trouver sa juste place. La peinture devient alors un espace d’équilibre fragile, structuré par le dialogue permanent entre la masse et le vide, la couleur et le silence.

La matière occupe une place centrale dans son œuvre. Papier, tissu, collages ou matériaux recyclés s’intègrent à la surface picturale comme autant de strates narratives. L’artiste considère que «choisir un matériau particulier, c’est choisir un langage visuel au service de sa vision». Ces éléments ne sont jamais accessoires : ils prolongent le sens, enrichissent la lecture et confèrent aux œuvres une dimension tactile et presque méditative.

Dans ses toiles, la couleur est rarement consensuelle. Bouchra Khnafou ose la confrontation, associant des tonalités vibrantes à des nuances plus apaisées. Cette tension assumée reflète sa perception du monde et de ses contradictions. Elle rappelle que «le contraste est le moteur de la vie», faisant de la peinture un espace où les opposés coexistent sans s’annuler.

L’éloignement du Maroc constitue un tournant décisif dans sa démarche artistique. Vivre ailleurs lui a permis de revisiter ses racines avec une sensibilité renouvelée. Comme elle le souligne : «L’éloignement du Maroc a transformé ma créativité. [...] La distance n’a pas rompu mon lien avec le Maroc ; au contraire, elle l’a rendu plus présent.» Des motifs récurrents, à l’image de la petite fleur rouge, apparaissent alors comme des signes discrets d’une identité qui persiste et se transforme.

À travers «Palimpseste de l’exil», Bouchra Khnafou invite le regardeur à une contemplation lente, où le vide respire autant que la matière. Exposer à l’Espace Rivages dépasse, pour elle, le cadre d’un simple accrochage : «Cette exposition est un retour symbolique à mes racines». Elle y trouve un espace de transmission et de partage, où l’art devient une passerelle entre l’ici et l’ailleurs.
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