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Dalida Ben Cheffaj : l’éclosion aboutie d’une identité artistique

Trouver sa propre voix/voie n’est pas aussi aisé qu’on le croit. Lorsqu’en plus, on a grandi sous l'ombre d'un parent artiste renommé, l’entreprise peut s’avérer décourageante. Mais pour Dalida Ben Cheffaj, cette quête de singularité a été à la fois un chemin parsemé d’épreuves et une exploration jouissive de son identité artistique. Pour sa première exposition casablancaise, elle se joint aux artistes Esther Martinez Recuero et Rita Benjelloun, pour parer de beauté les murs de l’Eden Art Gallery. Le vernissage de l’expo « Le temps d’un instant » a lieu le 25 avril.

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Avec près d’une vingtaine d’œuvres soigneusement sélectionnées, Dalida Ben Cheffaj ouvre une fenêtre unique sur son monde intime, invitant le spectateur à plonger dans ses réflexions et ses émotions les plus profondes. Pour Dalida Ben Cheffaj, cette exposition représente bien plus qu’une simple présentation de ses créations. C’est une étape cruciale dans son parcours artistique et une exploration audacieuse de son héritage et de son identité. Dans la vibrante toile artistique de Casablanca, qu’elle considère comme la capitale de l’art au Maroc, l’artiste vient à la rencontre du réseau artistique qu’elle a tissé à travers les années. Pourtant, c’est avec une sérénité et un amour profond pour l’art que Dalida Ben Cheffaj aborde cette expérience. «J’ai grandi dans un milieu imprégné d’art. Si je suis artiste aujourd’hui, c’est l’aboutissement d’un long parcours qui m’a forgée. Je viens juste exprimer qui je suis», nous confie-t-elle.

Une transformation palpable

Dernièrement, le style de Dalida Ben Cheffaj a connu une évolution due à ce qui s’apparente à une introspection profonde et à une maturation personnelle. Pour elle, c’est un point d’inflexion dans son parcours artistique, marqué par un abandon conscient d’un ancien vocabulaire artistique, au profit d’une nouvelle démarche. Cette transition n’a pas été de tout repos, puisqu’elle lui a demandé plus d’un an de recherches, de travail acharné, d’incertitudes et d’insatisfaction. Heureusement, ce processus a abouti à une nouvelle expression artistique qui préserve l’essence de son travail. Si les compositions demeurent inchangées, elles se parent aujourd’hui de couleurs plus sombres et d’un style épuré, illustrant une sobriété que Dalida considère comme belle et élégante. Pour elle, «C’est une sobriété qui accompagne aussi une maturation personnelle. Avec l’âge, on se déleste du superflu pour prioriser l’essentiel». De ce fait, elle ne cherche pas à créer du décoratif, mais à traquer la beauté dans un art plus subtil.

L’émotion est le véritable matériau de l’art de Dalida Ben Cheffaj. Sa spontanéité témoigne non seulement d’un tempérament jovial, mais surtout de l’authenticité de sa démarche artistique. Pour elle, chaque découverte d’une nouvelle couleur est source de grande joie, mais elle reconnaît également que l’art, tout comme la vie, est ponctué d’étapes de souffrance. Elle revendique donc ses moments de lutte et de remise en question comme une partie intégrante de son cheminement artistique.

Dans l’ombre d’un maître

Est-ce facile de percer sa coquille lorsqu’on a été couvé par un père maître d’art ? Saâd Ben Cheffaj, reconnu pour son trait singulier, a servi de mentor à sa fille Dalida. C’est auprès de lui que l’artiste a puisé son inspiration et a acquis les bases de son savoir, n’ayant pas suivi de formation académique. «J’aurais souhaité fréquenter une école des beaux-arts», confie-t-elle, «mais n’ayant pas eu cette opportunité, j’ai opté pour une licence en philologie et un master en cinéma et documentaire». Ce parcours atypique, Dalida le doit principalement aux responsabilités familiales, qu’elle a endossées très jeune. Ce n’est que depuis une décennie que cette mère de trois enfants a véritablement commencé son voyage artistique, bravant les défis et les stéréotypes pour s’exprimer à travers son art.

Dans ses débuts, Dalida a dû faire face aux remarques insinuant que son travail n’est qu’une copie de celui de son père, ce qui serait compréhensible étant donné qu’il a été sa principale source d’apprentissage. Cependant, voilà un certain temps que la différenciation s’est opérée et, aujourd’hui, l’artiste affirme un style qui lui est propre, distinct de celui de son mentor. On y retrouve une signature affirmée, une personnalité définie et un penchant assumé pour la couleur qui trahit une joie en filigrane.
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