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Du 11 au 14 décembre 2025, Rabat a vécu au rythme de la création à l’occasion de la troisième édition du Forum marocain des Industries culturelles et créatives (FOMICC). Accueilli à l’Institut national supérieur de musique et des arts chorégraphiques (INSMAC), l’événement s’est imposé comme un espace de rencontres, d’échanges et de visibilité, notamment pour les porteurs de projets culturels incubés dans le cadre du programme «Kawaliss».
Au cœur du Forum, le Marché de l’entrepreneuriat créatif a concentré l’attention. Plus qu’un espace d’exposition, il a offert une immersion dans un écosystème où artisanat, design, technologies numériques et narration artistique se croisent pour dessiner les contours d’une nouvelle économie culturelle marocaine.
L'artisanat comme héritage vivant: Oralfa et Luban
L’artisanat contemporain a occupé une place centrale dans cette édition. Parmi les projets présentés, Oralfa, une marque fondée par l’artiste-designer Israe Fares, s’impose comme un pont entre les générations. En travaillant l’alfa (Stipa tenacissima), une plante sauvage récoltée dans l’Oriental marocain, la marque réinvente une fibre brute longtemps travaillée par les anciens. Les créations d’Israe Fares transforment cette matière hypoallergénique et écologique en véritables œuvres d’art fonctionnelles. Le projet sort la plante des créations stéréotypées de paniers pour l'intégrer dans des articles de décoration et de cuisine raffinés.
Dans la même lignée du fait-main luxueux, Luban Crochet & Beyond séduit par son univers «Luxury & Earthy». Le projet met à l’honneur un crochet artisanal aux designs modernes et habités. Les textures et les formes organiques traduisent une vision contemporaine de la maille, où l’artisanat devient un langage esthétique sensible et intemporel.
Mode responsable, art de vivre et identités visuelles
Le design et la mode durable trouvent également une résonance particulière. Venant de Tanger, Maboza s'inscrit dans une démarche d'upcycling textile, recyclant notamment le denim pour créer des vêtements au design affirmé. La marque porte haut son slogan: «Upcycling denim, for a better planet». Chaque pièce devient ainsi un acte de résistance créative, prouvant qu'il est possible de protéger la planète tout en redéfinissant les codes du style urbain.
À cette conscience écologique répond la créativité débordante de Crochet by Douja, portée par Khadija El Hadi. Cette «makeup-artiste» s'inspire des palettes de couleurs du maquillage pour créer des pièces fashion, des décorations et des tableaux en crochet. L'artiste fusionne influences fantastiques et mode contemporaine, proposant des pièces allant du top en «mesh» ultra-tendance à des masques sculpturaux aux accents oniriques.
L'innovation culturelle s'étend également à l'art de vivre avec Picnic Club, un concept originaire de Tanger qui réinvente le rassemblement social. Sous la devise «Crafting magical experiences», ce projet propose les premiers pique-niques artistiques de luxe au Maroc. En mêlant ateliers de peinture, personnalisation d'objets et gastronomie, Picnic Club transforme l'événementiel en une véritable performance communautaire.
Parmi les projets les plus spectaculaires, «Aestinema» s’illustre dans la création de costumes, de déguisements et de décors sur mesure. Spécialisé dans l’événementiel, le cinéma et le théâtre, le projet redonne vie à l'imaginaire fantastique et aux civilisations anciennes, tout en valorisant le savoir-faire local. De son côté, Sakina Candles explore le lien entre design et bien-être. La porteuse de projet, Soukaina Serghini, s'est associée à une artiste pour donner une touche artistique unique à sa collection de bougies parfumées et de Tangia aux motifs marocains.
Narration, musique et futur numériques
La dimension numérique est fortement représentée par Larwas Animation Studio. Ce studio de «Narrative Arts» originaire de l’Est du Maroc développe un univers visuel puissant, marqué par des personnages stylisés qui magnifient le patrimoine immatériel marocain. Cette modernité technologique est également portée par ADN, fondé par Mohamed Boucherta. Laboratoire créatif pluridisciplinaire, ADN propose des services allant de la direction artistique à l'intégration du métavers.
Le secteur de l'éducation artistique n'est pas en reste avec The Musical Academy, fondée par Aya Kharchafi à Fès. Plus qu'une école, c'est une plateforme qui renouvelle l'apprentissage de la musique par une pédagogie innovante axée sur l'épanouissement personnel pour tous les âges. Enfin, l'innovation se poursuit avec MVR Innovation et ses solutions VR/AR pour projets artistiques et institutionnels, ainsi qu’Ajiw Explore, la plateforme de Mohamed Lachkar qui utilise l'intelligence artificielle pour connecter voyageurs et créateurs locaux.
À travers cette diversité de projets, le FOMICC 2025 révèle un écosystème en pleine effervescence, où la tradition dialogue avec le futur et où la création devient un levier majeur de rayonnement pour le Maroc.
