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Mardi 07 Mai 2024
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Entretien avec l’actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass

Dans un contexte tendu, le documentaire, «Bye Bye Tibériade» de Lina Soualem fait le tour des festivals et se prépare à la sortie en salles en 2024. Ce film explore le passé de l’actrice palestinienne Hiam Abbass, mère de la réalisatrice, qui a quitté son village natal pour poursuivre son rêve de devenir actrice en Europe. Hiam Abbas a laissé derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept sœurs. Trente ans plus tard, sa fille Lina retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes audacieuses. Ce film a remporté au Festival international du film de Marrakech (FIFM) 2023 le Prix du jury aux côtés du film marocain «Les Meutes» de Kamal Lazraq. Retour avec Hiam Abbas, actrice polyglotte, qui a voyagé dans les salles du monde entier, sur les détails de «Bye Bye Tibériade».

Hiam Abbass
Hiam Abbass
Le Matin : «Bye Bye Tibériade» était votre idée ou celle de Lina Soualem ?

Hiam Abbass :
C’est l’idée de Lina. Quand elle m’en a parlé, je n’étais pas à l’aise, car je ne suis pas habituée à être devant la caméra pour un film documentaire. C’est la première fois que je joue dans un film qui raconte une partie de ma vie, une image des femmes de qui j’ai pris mon éducation et j’en ai donné à Lina.

Quand Lina a trouvé comment raconter les faits et me transmettre son idée, j’ai eu confiance en elle et en son projet.

Lina a déjà fait le documentaire «Leur Algérie». J’ai vu ses compétences artistiques pour raconter une histoire complexe et passer du personnel au général, je savais qu’elle était capable de raconter l’histoire des femmes palestiniennes de ma famille.

Le film présente d’une façon positive la vie de famille en Palestine. Il se concentre plus sur le bonheur à travers les vidéos de mariages et de danses collectives. Est-ce que c’est un choix voulu ?

Cette vision concerne Lina. Elle présente ce qu’elle a hérité de ma famille, les notions qu’elle a apprises et la manière dont elle les a reçues. Son attachement à ma mère et mes sœurs était plein de joie, de bonne humeur et d’amour. Ce sont les moments où on cherche le bonheur malgré les difficultés qui ont influencé Lina. Elle a voulu les présenter comme une partie importante de son héritage.



C’est son choix. Elle ne voulait pas présenter un film dramatique sur son enfance en Palestine, car elle n’a pas reçu ces émotions. Elle se souvient de l’amour qu’elle a reçu, des sentiments positifs, des moments de jeux avec les autres enfants... C’était donc important pour elle de mémoriser ces moments de sa vie en Palestine.

Quel a été le feed-back des femmes de votre famille en Palestine sur le film ?

Ma famille n’a pas encore vu le film. Nous devions le présenter à Ramallah, mais malheureusement ce n’est pas possible à cause des événements actuels. Elle voit les échos sur le documentaire dans les festivals internationaux et m’envoie des messages exprimant sa joie que le film est vu dans le monde entier en attendant de le partager avec elle et de le célébrer dans des instants meilleurs, à part ces moments tristes de notre histoire palestinienne. «Bye bye Tibériade» donne un témoignage qui fera partie de notre immense archive palestinienne.

Qu’est-ce qui a changé dans votre relation avec Lina après le film ?

J’ai été proche de Lina dès le début. En tant que maman, je l’ai éduquée à préserver notre relation et notre proximité. Aujourd’hui plus qu’avant, je suis fière de sa sagesse, de son approche à traiter ce genre de sujets difficiles, de sa méthode intelligente et délicate pour parler des femmes de sa famille.

Un message pour Lina...

J’espère qu’elle poursuivra son chemin dans le documentaire. Si c’est ce qu’elle aime faire et exprimer dans la vie, je lui apporte tout mon soutien.

Avez-vous d’autres projets en cours ?

La situation actuelle a chamboulé mes projets. Je tiens à accompagner «Bye bye Tibériade» dans sa tournée.

Je serai présente aux Emmy Awards. Ce sera un départ pour replanifier mes projets.
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